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FRANKENSTEIN

Europe de l’Est,19e siècle. Le Docteur Pretorious part à la recherche de Frankenstein, que l’on croyait mort dans un incendie quarante ans auparavant. Son but est de poursuivre les expériences du créateur du monstre, le Docteur Frankenstein.

Critique du film

Trois ans après son film d’animation Pinocchio, Guillermo del Toro s’empare à nouveau d’un conte populaire et continue de développer son travail autour de la figure du monstre, cette fois-ci en prise de vue réelle. Avec une image un peu trop lisse (le film sera diffusé sur Netflix), son Frankenstein est mis en scène sur le mode d’un grand spectacle qui réussit à émouvoir.

Cela tombe sous le sens que le réalisateur de La Forme de l’eau ait trouvé dans l’histoire écrite par Mary Shelley un vaste terrain de jeu pour concevoir le nouvel objet de son cabinet de curiosités, qu’il situe entre divertissement fantastique et mélodrame. Le docteur Frankenstein (Oscar Isaac) est un savant illuminé en avance sur son temps, fils d’un chirurgien brillant (Charles Dance) qui l’a élevé à la baguette. Défiant son paternel et les esprits sceptiques de son époque, le voici sur le point de trouver la solution pour créer un être immortel. Pour aller au bout de son projet démentiel, il se fait aider financièrement par un homme épris de science (Christoph Waltz) qui lui offre des moyens colossaux pour avancer dans ses travaux. Mais bientôt, son œuvre le dépasse. La créature (Jacob Elordi) à laquelle il donne vie acquiert une autonomie débordante et devient un surhomme indomptable. Comme dans Elephant Man de David Lynch, l’enjeu sera de reconnaitre l’humanité derrière l’apparence contre-nature du « monstre ».

Frankenstein

D’une étendue enneigée aux confins du Pôle Nord, où un bateau se retrouve bloqué dans la glace, jusqu’au laboratoire immense dans un manoir qui évoque celui de Crimson Peak, chaque décor est soutenu par l’appel du gigantisme. Tout est grand et panoramique, le spectacle fonctionne à plein régime, régulièrement soutenu par une bande-originale tonitruante d’Alexandre Desplat. Structuré en deux grands moments, l’ensemble est habité par une volonté d’en mettre plein les yeux mais reste malgré tout assez linéaire, voire convenu dans sa première partie narrée par le docteur Frankenstein, aux côtés duquel on suit patiemment les étapes de l’histoire que l’on connaît. 

Heureusement, l’émotion naît peu à peu lorsque le film devient celui du monstre. Si ce dernier commence par ressembler à un Terminator tout-puissant, il va joliment s’humaniser en prenant presque l’allure d’un enfant à la découverte du monde et des sentiments humains, dans un second segment qui contient les thématiques les plus fortes. En donnant la parole à la créature lorsque celle-ci s’échappe des griffes de son maître, le film se trouve alors enfin lui-même, comme si le réalisateur aussi n’attendait que ce moment pour finir de nous emporter. Il fallait que sa ligne directrice épouse celle du monstre pour que Frankenstein atteigne le cœur de son propos, généreux en tous points, et qu’il assume alors son âme.

Bande-annonce

7 novembre 2025 (Netflix) – De Guillermo del Toro