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COVER-UP

Cover-Up est un thriller politique qui retrace la carrière du journaliste d’investigation Seymour Hersh, lauréat du prix Pulitzer. S’appuyant sur un accès exclusif aux notes de Hersh et mêlant documents primaires et images d’archives, Cover-Up capture la puissance et le processus du journalisme d’investigation.

Critique du film

Avec Citizenfour, Laura Poitras s’était imposée comme la grande documentariste du pouvoir et de ses zones d’ombre. L’Oscar remporté pour ce portrait d’Edward Snowden puis le Lion d’or glané à Venise en 2022 avec Toute la beauté et le sang versé ont confirmé son statut : celui d’une cinéaste capable d’allier rigueur politique et exigence esthétique, intelligence intellectuelle et intensité émotionnelle. Chaque film de Poitras est un geste critique, une manière de rappeler que le documentaire n’est pas seulement une forme de récit, mais un acte de résistance.

Avec Cover-Up, co-réalisé avec Mark Obenhaus, elle s’attache à la figure du journaliste d’investigation Seymour Hersh. Depuis plus de cinquante ans, ce dernier scrute l’envers de l’Histoire américaine : le massacre de Mỹ Lai, les exactions d’Abu Ghraib, les opérations clandestines de la CIA… autant de vérités dérangeantes qu’il a patiemment mises au jour. Le film se déploie autour de ce legs, à la fois intime et politique. Archives, notes manuscrites, dossiers entassés composent la matière d’un portrait qui dépasse l’hommage : il interroge la possibilité même d’un journalisme libre face aux mensonges d’État.

Poitras et Obenhaus ne filment pas seulement un homme, mais ce qu’il incarne : une quête obstinée de vérité, parfois solitaire, toujours fragile. La caméra capte le tremblement d’une voix, le silence d’un visage marqué, et fait résonner ces éclats avec les images froides des archives militaires. La musique de Maya Shenfeld et la photographie de Mia Cioffi Henry confèrent au film une gravité presque méditative, où l’intime rejoint le politique comme lors du dernier segment du film.

Cover-Up ne se contente pas de rappeler des scandales passés et de les mettre en lien avec ce qui se joue actuellement à Gaza : il montre comment la violence institutionnelle, les abus couverts par les agences de renseignement et l’armée, appartiennent à une continuité historique. En dressant le portrait d’un journaliste en lutte contre l’oubli, Poitras signe un nouveau chapitre de son cinéma de contre-pouvoir, aussi indispensable que troublant.


26 décembre 2025 (Netflix) – De Laura Poitras et Mark Obenhaus


Mostra de Venise 2025Hors compétition

Dernière mise à jour 24 novembre 2025 par Sam Nøllithørpe ⚲ TP