REBUILDING
Dans l’Ouest américain, dévasté par des incendies ravageurs, Dusty voit son ranch anéanti par les flammes. Il trouve refuge dans un camp de fortune et commence lentement à redonner du sens à sa vie. Entouré de personnes qui, comme lui, ont tout perdu, des liens inattendus se tissent. Porté par l’espoir de renouer avec sa fille et son ex-femme, il retrouve peu à peu la volonté de tout reconstruire.
Critique du film
Quand tout s’effondre, que reste-t-il vraiment ? Cette question traverse Rebuilding, le deuxième long-métrage de Max Walker-Silverman, comme une prière murmurée dans les cendres. Après l’incendie qui a tout ravagé, un cow-boy dépossédé réapprend les gestes essentiels : aimer, appartenir, simplement être. Avec une grâce tranquille, le cinéaste étasunien raconte cette pauvreté matérielle qui révèle l’immense richesse de l’âme humaine.
Dans la vallée de San Luis, au Colorado, la caméra capte d’abord l’ampleur du désastre. Sous une chape de fumée s’étend un désert de cendres où quelques arbres carbonisés dressent leurs silhouettes torturées. C’est là que nous rencontrons Dusty Fraser (Josh O’Connor), cow-boy dépouillé de tout. Son ranch familial n’existe plus. Il ne lui reste que quelques têtes de bétail à vendre aux enchères, ultime humiliation pour cet homme fier d’être éleveur comme son père avant lui.
L’éloge de ce qui demeure
O’Connor compose un personnage d’une complexité déchirante. Cet homme digne refuse de s’effondrer publiquement, mais son regard trahit la défaite intérieure. L’acteur exprime une multitude de sentiments contradictoires, souvent dans le silence le plus total. Affecté par cette tragédie l’ayant dépossédé de sa raison de vivre, Dusty retrouve l’espoir en renouant avec son ex-femme Ruby (Meghann Fahy) et leur fille Callie Rose (Lily LaTorre). Le véritable chantier du film devient alors la reconstruction de ces liens familiaux distendus. Walker-Silverman laisse ces relations se renouer lentement, organiquement, leur offrant l’espace nécessaire à la réconciliation.

L’autre bouleversement survient lorsque Dusty est relogé dans un campement temporaire de la FEMA. Dans sa caravane exiguë, entouré d’autres déplacé·e·s qui ont tout perdu comme lui, il découvre une communauté. Ces gens qui n’ont plus rien possèdent ce qu’il y a de plus précieux : la capacité de partager leur présence, leur compassion, leur humanité nue. Rebuilding est tissé de moments infimes qui imprègnent la mémoire. Dusty et Callie Rose garés devant une bibliothèque pour capter le seul Wi-Fi gratuit, la visite au cheval bien-aimé confié à un ami, et surtout Amy Madigan, lumineuse en grand-mère sage qui voue à Dusty une affection inconditionnelle.
Porté par un rythme contemplatif, le film transforme le dénuement en plénitude, la perte en découverte. Walker-Silverman orchestre avec un minimalisme qui fait la part belle au silence, à la méditation et la tendresse d’un regard échangé, d’une main posée sur l’épaule, d’un modeste repas partagé au coucher de soleil. Le film raconte cette vérité paradoxale : celles et ceux qui possèdent le moins connaissent souvent le mieux la richesse véritable de l’existence. Dans les ruines calcinées d’une vie, Dusty réapprend l’essentiel. Et nous avec lui.
Bande-annonce
17 décembre 2025 – De Max Walker-Silverman






