still_miroirs-no3

MIROIRS No. 3

Après un grave accident de voiture qui tue son fiancé, Laura est recueillie par Betty, témoin du drame, dans sa maison isolée à la campagne. Peu à peu, la jeune femme s’intègre dans cette famille marquée par une perte profonde et des tensions silencieuses. Mais la présence de Laura ravive, chez chacun, des blessures enfouies qu’ils tentaient d’oublier.

Critique du film

Dans Miroirs n°3, Christian Petzold met en scène une tragédie intime : une jeune femme traumatisée, une famille brisée, un accueil offert… mais aussi le poids des non-dits, des pertes, des attentes. La protagoniste, Laura, rescapée miraculeuse d’un accident de voiture, est recueillie chez Betty, témoin de l’accident, une femme vivant seule dans une maison isolée à la campagne. Peu à peu, le mari et le fils de Betty dépassent leurs réticences, et un équilibre fragile se crée : une parenthèse de quiétude, presque une promesse de réparation pour chacun.

Mais cette quiétude — cette paix provisoire — n’est qu’une surface qui cache des fissures : le passé, les absences, les blessures personnelles de chacun. Malgré son apparente fragilité, Laura devient un catalyseur d’émotions et de souvenirs que la famille croyait enfouis. Le film n’offre jamais de grandes explications psychologiques, seulement des brèches du passé qui se rouvrent au gré de ces instants de vie faussement paisibles.

Miroirs no3

La mise en scène traduit cela : un style très calme, où chaque scène a le temps de s’imposer, au travers de compositions statiques qui laissent entrevoir un élan de stabilité. Les rares scènes musicales viennent ponctuer ce silence — presque lourd — qui envahit les personnages lorsqu’ils sont ensemble, écho direct aux émotions ressenties mais jamais formulées.

Quant aux actrices, notamment Paula Beer (Laura) et Barbara Auer (Betty), elles portent le film avec une justesse remarquable : leurs doutes, leurs peines, leur mélancolie et leurs désirs sont tout en nuances. Elles rendent le silence plus parlant que les dialogues, sans jamais tomber dans le pathos, juste assez pour symboliser la reconstruction de soi après le drame — fragile, incertaine, mais possible.

En définitive, Miroirs n°3 est un film discret en apparence mais qui grandit en nous une fois la séance terminée. Petzold y déploie une sensibilité rare, où chaque silence a la densité d’une confession et chaque geste porte la trace d’un monde intérieur qui se rouvre. Sans chercher l’effet ni forcer l’émotion, il crée un cinéma doux, qui réconcilie douleur et gravité.


En DVD le 2 décembre 2025 (BlaqOut)


RETROUVEZ NOS CHRONIQUES DES SORTIES VIDÉOS DANS LE VIDÉOCLUB