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MARCHE OU CRÈVE

Le jeune Garraty va concourir pour  » La Longue Marche « , une compétition qui compte cent participants. Cet événement sera retransmis à la télévision, suivi par des milliers de personnes. Mais ce n’est pas une marche comme les autres, plutôt un jeu sans foi ni loi où il ne doit rester qu’un seul participant à la fin…

Critique du film

Les romans de Stephen King étant adaptés et réadaptés en continu, il est étonnant de constater que personne ne s’était encore attaqué à The Long Walk, publié en 1979 et dans lequel le « roi de l’horreur », plus visionnaire que jamais, imaginait les conséquences de l’autoritarisme au pouvoir dans son pays. Personne… jusqu’à Francis Lawrence. Comme si l’on n’osait pas toucher à cette histoire, trop plausible, de peur qu’elle ne se matérialise un jour. De là à conclure que la fiction, devenue si proche de la réalité, fonctionne désormais comme manuel de prévention, il n’y a qu’un pas. Peut-être un peu plus, en l’occurrence.

Adapte-moi si tu peux

Sommes-nous jamais plus dangereux qu’à 20 ans ? De Battle Royale (Kinji Fukasaku, 2000) à la saga littéraire Hunger Games (2008), adaptée au cinéma justement par Francis Lawrence, on réalise avec un certain effroi que la répression ultra-violente de la jeunesse par un régime fasciste constitue déjà un sous-genre cinématographique à part entière, avec des résultats plus ou moins convaincants.

marche ou crève

Le problème de cette adaptation ne réside pas tant dans sa mise en scène que dans son scénario, signé JT Mollner (Strange Darling). L’éternel débat sur la supériorité du livre ou du film n’a même pas lieu d’être ici. La question est plutôt : pourquoi l’avoir adapté, et surtout de cette façon ? Condenser 400 pages d’un suspense glaçant et crescendo en un film d’1h48, c’est courir le risque d’expédier les ressorts dramatiques, d’esquiver les pièges ou de négliger le contexte politique.

C’est malheureusement ce qui arrive. De l’introduction précipitée au détachement émotionnel des protagonistes, en passant par l’absence de véritables séquences de tension ou de climax, Marche ou crève se réduit à une randonnée de l’extrême — soignée dans son image et valorisant l’hors-champ, certes, mais privée de nuances et amputée de sa charge politique. Dommage, car Cooper Hoffman et David Jonsson partagent une alchimie évidente. Mais leur bonhomie et leur confiance en eux détonnent, comme si le film refusait d’affronter l’horreur de ses propres enjeux.

Produire un tel film en 2025 n’est pas anodin. Dans le contexte actuel, représenter la répression fasciste ne suffit pas à la dénoncer, surtout sans véritable point de vue ni parti pris. Et si nous savons malheureusement désormais quelle couleur cela prend, il n’est jamais inutile que des productions osent s’engager davantage, en donnant du contexte et en nourrissant la réflexion.

Bande-annonce

1er octobre 2025 – De Francis Lawrence