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IN-I IN MOTION

En 2007, l’actrice française Juliette Binoche et le danseur et chorégraphe britannique Akram Khan ont mis leur carrière entre parenthèses pour se lancer dans une audacieuse aventure artistique. Durant six mois, ils ont co-créé In-I, une performance intense et novatrice qu’ils ont présentée 100 fois à travers le monde. Aujourd’hui, Juliette Binoche revient sur ce voyage intime. De la première étincelle d’inspiration aux applaudissements finaux, elle retrace l’arc émotionnel et créatif de cette collaboration singulière. À partir de dizaines d’heures d’archives inédites, elle propose, en tant que réalisatrice, une réflexion sur la nature de la création artistique, la vulnérabilité et à l’exaltation du risque, et les transformations personnelles profondes qu’elles entraînent.

Critique du film

En 2008, Juliette Binoche et le chorégraphe et danseur Akram Khan se lancent un défi, celui de créer ensemble un spectacle (In-I) mêlant danse et comédie, où chacun se mettrait à l’épreuve dans un art qui n’est pas le sien. S’ensuit une tournée mondiale, qui passera notamment par New York, où Robert Redford, à l’issue d’une représentation, conseille à Juliette Binoche de faire un film du spectacle. Partageant cette idée, elle demande à sa sœur, Marion Stalens, de filmer les sept dernières représentations. Mais ce n’est que 15 ans plus tard, lorsque des producteurs viennent voir Juliette Binoche dans l’espoir de travailler avec elle, qu’elle reprend son projet. Elle commence par monter les images de la captation du spectacle, puis ressort les images de travail des répétitions pour raconter également le processus créatif qui a donné naissance au spectacle.

Pour son premier long métrage en tant que réalisatrice, Juliette Binoche se met plus que jamais à nu. On découvre l’actrice multi-récompensée et mondialement reconnue comme on ne la jamais vue, vulnérable, empreinte au doute dans sa confrontation à l’inconnu. Dans sa façon de nous montrer deux artistes en train de réapprendre leur manière de faire de l’art, de faire passer des émotions, de se livrer, il y a la volonté de partager cet élan de créativité, de montrer que chacun peut atteindre une forme d’art s’il s’en donne les moyens et accepte de dépasser ses limites.

In-i in motion

Pendant la première heure, In-I In Motion place le spectateur aux plus près de la création, en en montrant tous les aspects. On y voit les deux créateurs/interprètes puiser au plus profond d’eux pour y trouver des émotions, des sensations qui deviennent le point de départ de leur démarche créative. On entraperçoit comme dit précédemment, les instants de doutes, de peur qu’il faut réussir à dépasser. Juliette Binoche s’intéresse également à la conception plus technique du spectacle et à la faisabilité de ce qui a été imaginé en amont. Ce qui est intéressant c’est que ce « making-of » ne nous laisse pas simple spectateur mais fait également travailler notre propre créativité. En commençant le film par cette partie, avant que l’on n’ait vu une seule image du spectacle et parce qu’on n’a qu’une vision parcellaire du processus de création, on est indirectement invité à nous faire notre propre idée de ce qui est en train d’être créé.

Alors que notre curiosité a suffisamment été attisée, arrive le moment de voir le résultat de tout ce processus créatif avec la captation. Avoir été impliqué dans la préparation du spectacle ne gâche en rien notre plaisir, au contraire, cela ajouterait même un supplément d’âme. On arrive sans problème à se laisser porter par les émotions véhiculées par les deux artistes, tout en comprenant évidemment mieux ce qui nous est montré (sans nous empêcher d’y voir notre propre interprétation). Mais surtout on entraperçoit les artistes derrière leur personnages, nous faisant ainsi entrer en communion avec eux.

In-I In Motion est une plongée intime dans les coulisses de la création, remplie de générosité, à l’image de sa réalisatrice.


Lumière 2025