Jay Kelly suit le célèbre acteur de cinéma Jay Kelly et son dévoué manager Ron dans un voyage éclair et inattendu à travers l’Europe. En chemin, les deux hommes sont confrontés à leurs choix, à leurs relations avec leurs proches et à l’héritage qu’ils laisseront derrière eux.
JAY KELLY
Critique du film
Le célèbre acteur Jay Kelly (George Clooney) va bientôt tourner son prochain film, mais quelque chose cloche dans son existence. Au sommet de la gloire et d’une vie que l’on ne pourrait pas imaginer plus confortable, les souvenirs lui reviennent par flashbacks. Il comprend qu’il n’a pas passé suffisamment de temps auprès de sa fille, au moment où elle s’apprête à faire un voyage en Europe avant une rentrée qui l’éloignera encore plus de lui. Sur un coup de tête, il va la suivre lors d’un road trip – en avion et en train plutôt qu’en voiture – qui le mènera jusqu’en Toscane.
Ce treizième long métrage de Noah Baumbach est d’abord un film sur le cinéma. On est immédiatement plongé dans le bain du spectacle lors d’un magnifique plan-séquence situé sur un tournage, où les voix des techniciens et des assistants s’entremêlent – une ouverture qui ressemble à un nouvel épisode de la série The Studio, captant de façon aussi léchée et rythmée l’atmosphère d’un plateau et de toutes ses problématiques. Un effet de double assez troublant se crée entre Jay Kelly et son interprète, le rôle ayant été écrit sur-mesure pour George Clooney et son statut à part. Cela offre à l’acteur un espace de jeu très vaste, quasiment de l’ordre de l’autoportrait, mais donne aussi lieu à un moment d’un goût étrange qui ressemble à un hommage à l’acteur lui-même et non plus à son personnage.

Toujours est-il que lorsque Jay Kelly nage dans son milieu naturel, les dialogues sont justes, vifs et drôles. Les personnages qui l’entourent sont également savoureux à observer : Adam Sandler est à la fois son manager et son meilleur ami (mais peut-on être ami avec quelqu’un qui prend 15% ?), Laura Dern incarne sa publiciste débordée et Billy Crudup un ancien camarade d’école de théâtre, qui donne une leçon de méthode Actors Studio brillante avec le menu d’un restaurant.
Là où cela fonctionne moins bien, c’est lorsque Jay Kelly fait irruption dans le réel. Contrairement aux scènes qui se déroulent dans le monde du cinéma, celles qui s’incrustent dans la vraie vie sont assez artificielles, issues d’une vision hollywoodienne caricaturale et étonnante pour un cinéaste qui a su si bien s’ancrer dans le quotidien (Frances Ha) ou capter la banalité (Kicking and Screaming). On peine à croire aux échanges que la superstar aurait tout d’un coup avec les passagers d’un train, ou à la séquence dans laquelle Jay Kelly se révèle héros du moment en poursuivant un voleur de sac à main. Si l’ensemble est plaisant à regarder, cette prise manquée avec le réel ne parvient pas à mener le voyage si loin que cela.






