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Y A-T-IL UN FLIC POUR SAUVER LE MONDE ?

Un seul homme possède des compétences… disons uniques… pour diriger la prestigieuse Police Squad et… sauver le monde, tout simplement ! Cet homme, c’est le lieutenant Frank Drebin Jr. — oui, vous avez bien lu — c’est lui qui suit les traces de son illustre père dans Y a-t-il un flic pour sauver le monde ? 

CRITIQUE DU FILM

Comment refaire un film issu d’un sous-genre nécrosé, disparu, presque conspué de la comédie il y a une quinzaine d’années ? Voir une legacyquel de la saga parodique Y a-t-il un flic… ? Après les débâcles du même type des années 2000, quelle drôle d’idée. Personne n’aurait pu miser un kopeck sur un retour en fanfare d’une des sagas les plus drôles de la fin des années 1980.

Y a-t-il un flic pour sauver le monde ? réussit toutefois, et peut-être est-ce un miracle, à renouer avec l’esprit absurde d’antan tout en réactualisant à sa sauce ses références culturelles. En effet, le réalisateur Akiva Schaffer ne trace jamais vraiment son propre sillon ; il emprunte celui des ZAZ et y injecte de nouvelles blagues qui font souvent mouche. Même si, dans un tel rythme, tout ne fonctionne pas comme cela devrait, les exemples de moments à pleurer de rire ne manquent pas et restent en tête en fin de séance.

Cela s’explique avant tout par la pluralité de gags, autant visuels que verbaux, qui se dégagent du protagoniste Frank Drebin Jr. Interprété par un Liam Neeson survitaminé, cet inspecteur de la célèbre Police Squad conserve les mêmes règles que son prédécesseur, le regretté Leslie Nielsen : Drebin a le monde avec lui, et réussit parce qu’il peut déjouer toutes les règles physiques que les antagonistes sont bien obligés de subir. Mais ne parler que de Neeson serait oublier la performance géniale de Pamela Anderson en femme fatale vengeresse, reprenant à merveille le rôle de Priscilla Presley des premiers films et en y injectant suffisamment de stupidité pour la rendre drôlatique. Le moteur comique se joue donc toujours dans ses circonvolutions déjantées, et si Schaffer n’a pas la science de la composition comme David Zucker ou Jim Abrahams (à l’inverse du passé théâtral des ZAZ qui a cimenté leur humour si particulier, tous les gags visuels existent par le montage, et non par le jeu de l’arrière-plan), il réussit à conserver ce tempo comique imbattable et ses pastilles foutraques qui faisait en grande partie le sel de la trilogie The Naked Gun

the naked gun

ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ…

En outre, Akiva Schaffer a aussi pour lui de ne pas beaucoup s’appuyer sur des allusions pop-culturelles récentes pour ses gags les plus sensibles. La déchéance des films parodiques, ou « spoof movies » en anglais, provenait en partie du fait que les références étaient trop récentes ou encore peu ancrées dans l’inconscient collectif international pour être bien travaillées ou bien comprises. Jason Friedberg et Aaron Seltzer, coupables de tous les films à suffixes -Movie de la fin des années 2000 (Big Movie, Sexy Movie, Disaster Movie…), faisaient encore pire puisqu’ils façonnaient leurs blagues en fonction des bandes-annonces de films à venir, sans se soucier de l’avenir de ces productions. 

Dans Y a-t-il un flic pour sauver le monde ?, les allusions ne dépassent pas l’année 2005. Entre le Nipplegate de Janet Jackson au SuperBowl de 2004, le gag sur Fergie ou encore l’énumération hilarante du casting de Buffy contre les vampires, difficile de faire plus ancré dans un cadre connu et déjà très connoté, moins à risque de péremption que d’autres phénomènes de société trop contemporains. Il faut néanmoins préciser que toutes les références citées sont bien évidemment américaines, quitte à ce que certaines influences puissent être plus difficiles à comprendre pour un public européen.

Dans tous les cas, ce carrefour d’influences entre un type de comédie populaire de la fin du siècle dernier et cette somme d’idées provenant d’allusions plus anciennes font de ce film un long-métrage fabriqué de toutes pièces pour la génération Y, et forcément va se couper d’un public plus jeune, mais qui parlera à une frange adulescente nostalgique d’un humour fulgurant tombé jadis en désuétude. Réalisé par Akiva Schaffer, tête créative du groupe de rap parodique The Lonely Island, et produit par le showrunner de Family Guy Seth McFarlane, Y a-t-il un flic pour sauver le monde ? prouve bien qu’un projet peut être mené à bien quand il est accompagné par les bonnes personnes. Et que parfois, c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures confitures. Encore que, bof, c’est pas très hygiénique quand même. Enfin imaginez, vous n’avez pas peur d’attraper la salmonellose dans un vieux pot ? Après on sait pas non plus de quand date le pot. Ni même si le pot a une date de péremption en lui-même. Enfin je me comprends…

BANDE-ANNONCE

13 août 2025 – De Akiva Schaffer 

Avec  Liam NeesonPamela AndersonPaul Walter Hauser