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WHITE GOD

5
Inégal et frustrant

Pour favoriser les chiens de race, le gouvernement inflige à la population une lourde taxe sur les bâtards. Leurs propriétaires s’en débarrassent, les refuges sont surpeuplés. Lili, 13 ans, adore son chien Hagen, mais son père l’abandonne dans la rue. Tandis que Lili le cherche dans toute la ville, Hagen, livré à lui-même, découvre la cruauté des hommes. Il rejoint une bande de chiens errants prêts à fomenter une révolte contre les hommes. Leur vengeance sera sans pitié. Lili est la seule à pouvoir arrêter cette guerre.

Chiens errants.

Assurément ce White God attisait notre curiosité. Avec son Grand Prix dans la sélection Un certain regard, son trailer singulièrement intrigant, ses ruelles désertes bientôt envahies par des chiens sauvages rappelant presque les premiers épisodes d’une célèbre série zombiesque, ce long-métrage hongrois laissait entrevoir un parti-pris alléchant. Les premières scènes utilisent d’ailleurs ces mêmes images proposées dans la bande-annonce, comme pour attiser encore plus notre impatience. Mais le film ne tiendra pas complètement ses promesses, passant en partie à côté de son véritable potentiel. 

Le regret principal qui ressort du visionnage de White God est le refus du cinéaste d’assumer pleinement sa radicalité. En se focalisant uniquement sur la destinée du chien Hagen, son film aurait certainement été plus percutant. Les séquences à hauteur d’animal sont les plus prenantes, offrant même quelques fulgurances saisissantes où thriller, film noir et drame post-apocalyptique s’entremêlent pour notre plus grand plaisir. Kornel Mundruczó parvient à nous captiver et nous tordre l’estomac autour du sort de ce chien abandonné. On appréciera également le versant allégorique dans ce soulèvement canin, forcément solidaires de cette meute d’opprimés quadrupèdes bien décidée à ne plus subir la cruauté humaine et l’injustice raciale qu’elle subit. 

Si l’on saluera l’audace du cinéaste hongrois, capable de concrétiser un tel projet, on regrettera en revanche que celui-ci n’ait pas suffisamment réduit les thèmes et les genres qu’il souhaitait approcher. On restera également agacé que la narration consacrée aux humains soit à ce point barbante et mal fichue. La majorité des scènes impliquant des bipèdes s’avère peu intéressante et franchement bâclée avec des personnages – y compris celui de la fillette et de son père – franchement antipathiques. Leurs interactions et leurs réactions demeurent trop souvent incompréhensibles, tandis que le scénario s’attarde inutilement sur des enjeux inutiles (flirt adolescent, usage de la drogue, implication de la fillette dans un orchestre…), cassant à la fois le rythme et l’ambiance pesante de ce thriller enragé. Alors que l’on s’inquiète et se révolte des péripéties autour d’Hagen, on se désintéresse complètement des sautes d’humeur de la petite gamine à capuche. Le film souffre donc de ce récit parallèle déséquilibré, renforçant encore la frustration de ne pas voir celui-ci réduit à une simple intrigue, resserrée autour de sa galvanisante épopée canine. 

Au final, White Dog séduit par son ambition visuelle mais déçoit par le manque d’épaisseur de ses intrigues superflues, pas à la hauteur des intentions d’un cinéaste qu’il serait toutefois bien avisé de ne pas perdre de vue.

La fiche

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WHITE GOD
Réalisé par Kornel Mundruczó
Avec Zsófia Psotta, Sándor Zsótér, Lili Horváth
Hongrie, Allemagne – Drame
Sortie en salle : 3 Décembre 2014
Durée : 119 min 




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rudolph
rudolph
9 années il y a

Au contraire, la musique est centrale dans ce film. Presque pas un plan de la fillette sans sa trompette, qui jouera d’ailleurs un rôle important sur la fin du film.

Widescreen
Widescreen
9 années il y a

Belle et forte curiosité, deux histoires, celle d’un chien et celle de sa jeune maîtresse.
La seconde repose surtout sur les épaules de son actrice épatante dans un rôle assez difficile de jeune fille qui cherche à sortir d’un quotidien plutôt oppresseur.
La première, celle du chien intéresse plus le réalisateur qui nous donne une version noire, douloureuse et presque gore d’une Incroyable randonnée Orwellienne pleine de surprises et de trouvailles.
Et ce terrible white god, l’homme pour les chiens, se verra justement honni. En apothéose, un admirable final qui met tout le monde à égalité dans cette formidable fable.

Marla
9 années il y a

Ce film m’a bouleversée. C’est aussi le cas de mon chien: http://marlasmovies.blogspot.fr/2014/12/white-god-mon-chien-cest-quelquun.html

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