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VICKY CRISTINA BARCELONA

5
Lourdeur catalane

Vicky et Cristina sont d’excellentes amies, avec des visions diamétralement opposées de l’amour : la première est une femme de raison, fiancée à un jeune homme respectable ; la seconde, une créature d’instincts, dénuée d’inhibitions et perpétuellement à la recherche de nouvelles expériences sexuelles et passionnelles. Lorsque Judy et Mark, deux lointains parents de Vicky, offrent de les accueillir pour l’été à Barcelone, les deux amies acceptent avec joie : Vicky pour y consacrer les derniers mois de son célibat à la poursuite d’un master ; Cristina pour goûter un changement de décor et surmonter le traumatisme de sa dernière rupture. 

Trio perdant.

Vicky et Cristina débarquent à Barcelone en pantalon en lin pour une escale estivale censée faire avancer la thèse de master de l’une et permettre à l’autre d’oublier sa dernière rupture. C’était sans compter sur l’apparition de chemise-ouverte-jusqu’au-troisième-bouton Javier Bardem, artiste décomplexé, qui va mettre en émoi les hormones des deux meilleures amies au milieu de l’ex mi- dépressive/mi- possessive.

Sur ce pitch high-concept qui ferait hurler n’importe quelle féministe, Woody Allen dépeint une vision de l’amour assez primaire mais pas totalement dénuée de sens. Le mâle alpha Juan Antonio n’a que faire de considérations psychologiques face à 3 bombes partagées entre excitation, hystérie et raison. Bien qu’abordés trop superficiellement, les thèmes de l’insatisfaction dans la vie de couple, de la résignation et de la difficulté de maintenir la passion sont dépeints assez justement. Certaines scènes laissent en tout cas à réfléchir.

Vicky Cristina Barcelona n’y va pas mollo sur l’accumulation de clichés : entre guitare flamenco, soleil torride et ballade en bicyclettes seventies, on se rapproche bien plus de la carte postale que de l‘exploration freudienne dans les bas fonds de la Catalogne. Passons évidemment sur la vision pseudo intellectuelle de la vie d’artistes (qui est loin de leur faire honneur) et sur le mauvais goût ostentatoire de cette flopée d’américains expatriés.  

Avant Minuit à Paris et To Rome with Love, ce fut la première incursion de Woody dans une Europe fantasmée dont seul l’américain moyen a le secret. Un regard idyllique pas désagréable mais qu’il conviendra de prendre au second degré pour ne éviter l’indigestion. D’un autre réalisateur, il y aurait de quoi crier au scandale mais Allen parvient tout de même à insuffler un certain charme à sa naïve escapade amoureuse. Demeure un goût d’inachevé, renforcé par une voix-off envahissante au point de passer sous silence une grande partie des dialogues – et donc du scénario.

Face à la caméra, Scarlett fait du Johansson et frôle l’overdose de regards « chambre à coucher », tandis que Penelope Cruz s’en sort plutôt bien dans ce rôle très « almodovarien ». Mais c’est définitivement la touchante Rebecca Hall qui tire son épingle du jeu, tout en justesse et retenue, entourée de seconds rôles qui lui permettent de donner plus de consistance à son personnage.

Bien loin de la densité d’un Match Point ou d’un Blue Jasmine (pour n’évoquer que la dernière décennie), Vicky Cristina Barcelona apparaît comme un film mineur et inabouti, sauvé de l’oubli grâce à quelques moments d’humour bien sentis et au plaisir coupable du filtre orange sur notre rétine. Un film spécial « temps de cerveau disponible » .

La fiche

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VICKY CRISTINA BARCELONA
Réalisé par Woody Allen
Avec Scarlett Johansson, Rebecca Hall, Javier Bardem, Penelope Cruz…
Etats-Unis – Comédie, Romance, Drame
Sortie : 8 Octobre 2008
Durée : 97 min




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