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UNIVERSAL MONSTERS | Lumière 2016

Le festival Lumière a mis à l’honneur les Universal Monsters, Frankenstein et La fiancée de Frankenstein de James Whale.

CA la fin des années 1920, le studio Universal, créé par l’allemand Carl Laemmle, est à la traine face aux grosses majors qui dominent Hollywood, et cherche un moyen de revenir dans la course. Le fils de Carl Laemmle, fraichement nommé directeur de production, souhaite produire des films d’horreur à petits budgets. Son père n’est pas vraiment convaincu mais laisse faire. En 1931, le studio sort ainsi Dracula, réalisé par Tod Browning avec Bela Lugosi. Le film est un succès et devient le premier d’une longue série de films d’horreur que produira Universal dans les années 1930 et 1940. Ces « Universal Monsters » deviendront emblématiques de l’âge d’or du cinéma fantastique hollywoodien et marquent encore de leur empreinte le cinéma de genre d’aujourd’hui.

Parmi ces « Universal Monsters », Frankenstein est sûrement celui qui aura laissé le souvenir le plus marquant. Si cette adaptation n’est pas la première (trois films avaient déjà été produits à l’époque du muet), elle est celle qui fait aujourd’hui office de référence, notamment dans l’esthétique du monstre. Les traits de Boris Karloff grimés par le maquillage de Jack Pierce sont indissociables de l’image populaire de la créature. Il est d’ailleurs amusant de noter qu’au départ c’est Bela Lugosi, tout juste sorti du succès de Dracula, qui devait au départ interprété le monstre. Mais l’acteur trouvant que la simplicité du rôle n’était pas digne de lui, refusa l’offre. Le réalisateur James Whale jeta alors son dévolu sur Boris Karloff, dont les traits anguleux du visage imposaient déjà un caractère intriguant et angoissant.

Si l’adaptation de James Whale s’écarte fortement du roman de Mary Shelley (elle est en fait l’adaptation de la pièce de Peggy Wekbling), elle a su également imposer dans la culture populaire son image de la créature du Dr Frankenstein, à savoir un être qu’à moitié humain, sorte de zombie simplet et meurtrier. Une seule scène laisse entrapercevoir l’humanité du personnage, lorsqu’il offre des fleurs à une fillette (qu’il finira cependant par jeter à l’eau…). La fin du film évoque aussi le rejet dont fait preuve le monstre, mais dans l’ensemble le scénario reste relativement simpliste, loin de la dimension philosophique du roman. Il reste néanmoins que Frankenstein offre une belle esthétique visuelle héritée de l’expressionnisme allemand, qui a été ramenée au sein du studio Universal par Carl Laemmle.

Mais c’est plus encore sa suite, La Fiancée de Frankenstein, de nouveau réalisée par James Whale et sortie en 1935, qui se distingue par sa maîtrise visuelle inspirée de Fritz Lang ou Murnau. De nombreuses séquences sont sublimées par un très beau travail sur la lumière et les ombres. Par ailleurs, même si son intrigue générale reste assez sommaire et manque de structure, ce second film se veut beaucoup plus riche que le précédent dans les thèmes qu’il développe. Il oscille entre le pur film d’horreur gothique et un angle plus poétique qui comble les lacunes du premier opus. En effet, la créature prend cette fois-ci une dimension plus humaine et se retrouve confrontée à une société finalement plus monstrueuse qu’elle, qui la rejette juste à cause de son physique effrayant. Le point d’orgue du film est la très belle rencontre entre le monstre et un aveugle, le seul qui le considèrera comme un humain.

Si cette suite reste ancrée dans une logique d’entertainment et de business lucratif, elle apparaît cependant comme le moyen pour James Whale d’améliorer sa première copie tant sur le fond que sur la forme. Ainsi La Fiancée de Frankenstein s’impose comme l’un des classiques majeurs du cinéma fantastique des années 1930 et des « Universal Monsters » en particulier.




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