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TOP FILMS 2020 | Les meilleurs films de l’année

Dire que 2020 constituera une année hors du commun relève du pléonasme. Avec cinq mois de fermeture des salles de cinéma, cette cuvée ne ressemble à aucune autre. Les exploitants de salles ont été abandonnés par les productions américaines, exception faite de Tenet – et dans une moindre mesure de Greenland -, laissant finalement une belle place au cinéma indépendant de tous horizons. Non, le cinéma n’est pas mort en 2020, comme mes indispensables compagnons Amandine Dall’Omo et Florent Boutet le clamaient dans leur tribune la semaine dernière. Si plusieurs longs-métrages ne seront finalement pas arrivés sur grand écran cette année, d’autres auront offert de belles et fortes émotions de la France au Japon, en passant par l’Allemagne, la Roumanie, la Corée du Sud, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis.

En attendant le TOP de la rédaction, voici donc mon traditionnel best-of du 24 décembre, avec les 15 meilleurs films qui ont marqué mon année 2020. Au sommet de cette sélection, on trouve trois grandes réalisations de cette année, difficiles à départager : un film qui aurait du briller à Cannes (avec certainement – au moins – un prix d’interprétation pour Mads Mikkelsen), un documentaire indispensable et bouleversant (qui a attiré un million et demi de téléspectateurs sur Arte à défaut d’être distribué en salle – pour l’instant ?) et un drama subtil et tout aussi déchirant portrayant l’Amérique de 2020 avec tout ce qu’elle a de plus incohérent, à l’heure où Donald Trump va enfin quitter le bureau ovale.

D’une diversité réjouissante

Oui, cette année 2020 a été belle et d’une diversité réjouissante. Sur ces quinze films retenus, il est question de droit à l’avortement et de difficulté à procréer, de poids écrasant du patriarcat, de renaissance personnelle, d’identité, d’affirmation de soi et d’acceptation, d’injonctions sociétales,  d’antisémitisme. Quinze auteur.e.s offrent un regard juste et percutant sur le monde actuel, s’emparant des enjeux de nos sociétés modernes. Cela passe par une petite fille qui voudrait simplement être elle-même, un quinquagénaire qui ne sait plus qui il est vraiment, une assistante sociale qui se bat avec les médiocres moyens dont elle dispose pour sauver une enfant à la dérive, une jeune adulte qui traverse la moitié de son pays pour garder (ou reprendre) la main sur sa destinée, ou même une fidèle compagne à quatre pattes qui continue de garder espoir malgré les défections de ses maîtres.

En 2020, on aura ri du fascisme grâce à Taika Waititi, on aura pleuré (deux fois) dans un bureau médical grâce à Eliza Hittman et Sébastien Lifshitz, on aura désespérément eu envie de s’enivrer avec sa bande de potes grâce à Thomas Vinterberg, on aura eu envie d’aimer et de s’aimer de toutes les façons possibles grâce à Emmanuel Mouret, on aura dit adieu à son compagnon de vie avec d’inoubliables souvenirs colorés plein la tête grâce à Anca Damian, on aura eu envie d’apprécier chaque instant grâce à Tatsushi Omori et Pete Docter.

En 2020, on aura eu envie de crier sa colère quand le vieux monde tarde à prendre mesure de ce qui se joue et récompense aveuglément un pédophile, et on aura levé le poing et les pancartes derrière Adèle Haenel. En 2020, on n’aura pas regretté l’absence des films du MCU sur les écrans, laissant plus de place à ce cinéma qui nous intéresse bien davantage. En 2020, on aura vu deux réalisatrices, qui condamnaient l’hypersexualisation des jeunes filles et l’injonction à la maternité, se faire tomber dessus injustement parce que la majorité des « polémiqueurs » ne voient pas ou ne savent plus voir les films.

En 2020 enfin, il aura fallu, souvent, nous replier vers nos écrans de salon pour abreuver notre soif de cinéma, la culture restant l’ultime refuge quand le monde se confine. Ainsi, une grande Petite fille aura finalement trouvé son public sur le petit écran et un Oncle Frank (salué à Deauville) sera sorti du placard grâce à sa nièce sur Prime Vidéo. De son côté, le dernier Pixar, initialement prévu pour le grand écran, a été victime de « l’impatience » égoïste de sa maison-mère, préférant le proposer pour Noël sur sa plateforme, crachant une nouvelle fois au visage des exploitants après le couac Mulan.

Alors, continuons…

Continuons à nous lever et à nous barrer quand on n’est plus d’accord. Continuons à détruire des panneaux PLV quand on se moque de nous. Continuons à défiler dans les rues pour soutenir nos soignants, nos enseignants et notre culture, et pour dénoncer le sexisme et les abus, les inégalités, les violences policières et l’inaction de nos gouvernants face à l’urgence climatique. Continuons à prendre des tickets de cinéma pour partager des émotions précieuses avec une foule d’inconnu.e.s et rire aux éclats ou écraser une larme derrière notre masque (pour l’instant). Continuons à célébrer la vie, un verre à la main ou dans les bras de celui ou celle qui nous fait vibrer. Enrichissons-nous des différences plutôt que de nous évertuer à les prohiber ou les discriminer, et profitons pleinement de nos libertés en défendant celles dont un trop grand nombre voudrait nous priver.

Parce qu’en 2020, le cinéma, c’était aussi – et surtout – ça. Refléter le monde avec toute sa complexité.

Thomas Périllon


Mes 15 meilleurs films de l’année




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