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THE WITCH

4
Surestimé

1630, en Nouvelle-Angleterre. William et Katherine, un couple dévot, s’établit à la limite de la civilisation,
menant une vie pieuse avec leurs cinq enfants et cultivant leur lopin de terre au milieu d’une étendue encore sauvage. La mystérieuse disparition de leur nouveau-né et la perte soudaine de leurs récoltes vont rapidement les amener à se dresser les uns contre les autres…
 

Into the woods.

À force de louanges et d’échos extatiques disséminés sans l’ombre d’une nuance, ni le début d’un avis mesuré, les quelques curiosités aperçues dans l’antre de festivals renommés finissent bientôt par ressembler à des ballons de baudruche trop rapidement dégonflés. Comme It Follows l’année passée, The Witch, prix de la mise en scène à Sundance, vient ranimer, une fois de plus, le sempiternel débat autour du dithyrambe collectif entourant fréquemment la réception du moindre film de genre audacieux mais inabouti.

Pour chaque saison, un buzz. Tel pourrait être le cheval de bataille d’un cinéma en manque de propositions intéressantes, s’agrippant dès que possible à toute tentative un tant soit peu singulière. Que l’essai soit véritablement transformé ou non, un déluge de superlatifs se retrouve accolé au futur phénomène, le noyant inévitablement sous une attente excessive pour sa carrure. La disproportion de cet accueil et, par la suite, de ces espérances laisse ainsi apparaître les coutures d’un système se répétant inlassablement sans toutefois offrir le renouveau tant vanté.

Premier long-métrage de Robert Eggers, The Witch n’échappe pas à la règle en délivrant une copie formellement remarquable, un geste de cinéma indéniable néanmoins dénué d’originalité et de subtilité. Ayant choisi de revenir vers un schéma d’horreur plus traditionnel où l’instauration d’une ambiance pesante éradique l’abus de jump scares, le réalisateur s’enferme, malgré lui, dans un scénario trop ténu pour se démarquer. Souvent épatant dans sa reconstitution d’époque, le film souffre pourtant de ce soin quasi-maladif, muant la minutie en une maîtrise aussi écrasante que frustrante.

Robert Eggers veut dévoiler précocement la menace de son film – qu’il ancre définitivement dans le surnaturel – et, dès lors, évacuer le suspense lié (ou non) à la présence d’une puissance maléfique. En recadrant le récit autour de la cellule familiale, il déplace le cœur de son intrigue au sein d’un fondamentalisme religieux incompatible avec la création d’une quelconque inquiétude. Son idée d’un cinéma d’épouvante posé sous cloche se heurte alors à une vaine quête de l’effroi dans les sentiers rebattus de la folie.

Trop long pour ce qu’il nous raconte, trop court pour ce qu’il souhaiterait déconstruire, The Witch s’enlise dans un symbolisme outrancier et un redondant discours sur l’obscurantisme. Le cinéaste a beau tenter d’y ajouter une (coutumière) réflexion sur la naissance du désir et l’émancipation féminine, il ne peut sauver pleinement ce conte macabre trahi par sa réputation, prisonnier d’un flacon où l’ivresse demeure cruellement absente.

La fiche

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THE WITCH
Réalisé par Robert Eggers 
Avec Anya Taylor Joy, Ralph Ineson, Kate Dickie… 
Etats-Unis – Epouvante, Thriller
Sortie : 15 Juin 2016
Durée : 93 min




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