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THE IMMIGRANT

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Pathétique

1921. Ewa et sa sœur Magda quittent leur Pologne natale pour la terre promise, New York. Arrivées à Ellis Island, Magda, atteinte de tuberculose, est placée en quarantaine. Ewa, seule et désemparée, tombe dans les filets de Bruno, un souteneur sans scrupules. Pour sauver sa sœur, elle est prête à tous les sacrifices et se livre, résignée, à la prostitution.

Malades

Après nous avoir passablement ennuyé avec son Two Lovers grisâtre, James Gray nous propose son nouveau camaïeu. Reparti de Cannes bredouille et avec accueilli avec tiédeur en mai, The Immigrant marque la 4ème collaboration entre celui-ci et son acteur fétiche, Joaquin Phoenix, mais surtout la première fois qu’il emploie la française Marion Cotillard – qu’il a rencontré à l’occasion d’un dîner avec son époux, Guillaume Canet, pour le film Blood Ties dont il a co-signé le scénario. Elle se voit ici offrir son véritable premier rôle-titre en langue anglaise (la demoiselle avait déjà eu des rôles notables sous la direction de Christopher Nolan ou Michael Mann mais jamais le premier). Voilà pour les anecdotes… 

Si la renommée de Gray s’est faite grâce à ses polars sombres et bien ficelés (The Yards, We own the night), celui-ci affectionne également les romances contrariées. The Immigrant est l’histoire d’une immigrée clandestine enfermée malgré elle dans un triangle amoureux (qui nous indiffèrera passablement), avec ce petit supplément de prétention et de dialogues affectés qui rend le tout assez insupportable.

Vous l’aurez compris, le dernier long-métrage du cinéaste américain confirme fatalement ce déclin déjà ressenti lors du pénible Two Lovers. Plus antipathique encore, ce drama maniéré ne mérite aucune indulgence. Son film transpire le vieillot avec sa mise en scène statique et académique, sa photographie hideusement jaunâtre et ses dialogues affligeant de misérabilisme. À l’image du détestable Amour d’Haneke (sur lequel avait déjà opéré le jadis-intéressant Darius Khondji), voilà un nouveau film qui empeste la naphtaline avec des interprètes débitant sans conviction leurs répliques pathos et clichés à s’en cogner contre les murs : « J’aime l’argent, c’est toi que je n’aime pas » ou « Tu as le droit d’être heureuse ». Si le scénario est des plus paresseux, que dire de la réalisation ? Gray a tellement voulu s’inspirer de tableaux classiques pour réaliser son film qu’il l’a rendu rigide et sans âme.

Il n’y a rien à sauver dans The Immigrant, pas même la bonne volonté de Marion Cotillard qui fait le job comme elle peut, affublée d’une garde-robe de sainte martyre et d’une mine de chien battu qui nous déclenche à maintes reprises des envies d’euthanasie. Face à elle, Joaquin Phoenix n’a jamais été aussi crispant et mauvais. Jeremy Rennier, quant à lui, est plutôt transparent et assez vite expédié, lors d’une scène « accidentelle » aussi consternante de pleurnicherie outrée que tristement prévisible. Un mélo teinté d’une gravité trop artificielle pour convaincre mais d’un misérabilisme criant, un drame de prétention et d’obsolescence cinématographique. Après la grisaille de Two Lovers, la jaunisse de The Immigrant.

La fiche
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THE IMMIGRANT
Réalisé par James Gray
Avec Marion Cotillard, Joaquin Phoenix
USA – Drame
27 novembre 2013
Durée : 117 min




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Squizzz
10 années il y a

Dans l’ensemble, je suis d’accord, même si comme d’hab je serais un peu plus indulgent.
Si on excepte une teinte jaune trop marquée, la photo est plutôt belle, et Joaquin Phoenix m’a plutôt convaincu, même si comme Cotillard il fait ce qu’il peut avec ce qui lui est donné.

PS : enfin quelqu’un qui trouve Two Lovers ennuyeux. Merci, je me sens moins seul !

selenie
10 années il y a

Wouah c’est dur… D’autant que j’adore « Two Lovers » ! Pour moi c’était 4 grosses réussites (100% 4/4), si c’est vrai que là il y a baisse de régime ça reste un bon et beau mélo… 3/4

trackback
10 années il y a

[…] The immigrant – James Gray […]

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10 années il y a

[…] Celui qui s’enfermait trop souvent dans des rôles sombres ou torturés (chez son compère James Gray) retrouve ici une vraie légèreté dans ce rôle pas évident – sa partenaire principale […]

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