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T2 TRAINSPOTTING

Pour ou contre

D’abord, une bonne occasion s’est présentée. Puis vint la trahison. Vingt ans plus tard, certaines choses ont changé, d’autres non. Mark Renton revient au seul endroit qu’il ait jamais considéré comme son foyer. Spud, Sick Boy et Begbie l’attendent. Mais d’autres vieilles connaissances le guettent elles aussi : la tristesse, le deuil, la joie, la vengeance, la haine, l’amitié, le désir, la peur, les regrets, l’héroïne, l’autodestruction, le danger et la mort. Toutes sont là pour l’accueillir, prêtes à entrer dans la danse… 

T2 : bonne came ou (very) bad trip ?

Trainspotting bénéficie d’un véritable culte pour une frange de cinéphiles, d’un côté comme de l’autre de la Manche. Amour de jeunesse ou film fétiche assumé, l’oeuvre de Danny Boyle est adulée par les uns et rejetée par les autres. Longtemps envisagée mais contrariée par la bisbille opposant Boyle à McGregor, la suite des mésaventures de la troupe de Mark Renton resta durablement un fantasme de fans avant de définitivement se concrétiser l’an passé. Celle-ci, qui arrive en salle début mars, sera forcément attendue au tournant, guettée avec impatience ou méfiance. Bonne idée que ce revival ou (very) bad trip ? Le Bleu du Miroir n’ayant pas réussi à trancher, voici deux positions clairement assumées au sein de la rédaction. De quel côté vous rangerez-vous ?

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JUNKIE POUR LA VIE – Qu’ils aient traversé le monde, le pays ou leur palier de porte, ces quatre larrons là n’ont pas bougé d’un poil. Rent Boy, Sick Boy, Spud et Begbie sont réunis, 20 ans après, dans l’Edimbourg qu’ils aiment et qu’ils détestent. Le poids des années leur a pourtant fait perdre le peu de superbe qu’ils avaient – cet esprit punk, rebelle, nique-tout et profondément anti-système, dont le “Choose Life” désabusé se faisait l’étendard en forme de slogan de pub. Une purge vide, T2 Trainspotting ? Loin, très loin de là.

Tout est désormais littéral chez les protagonistes imaginés par Irvine Welsh et animés par Danny Boyle. S’ils restent encore marginaux, ce n’est que dans le sens strictement géographique du terme. En périphérie. Dans les friches. Ou plus simplement, à côté. Le quatuor n’est plus contestataire, et malgré ses efforts, se heurte avec violence à une société qui ne possède plus de corps sociaux pour tolérer des rebuts pareils. Entre la glorification du héros (coucou Jobs) et la glorification de l’exclus (coucou Slumdog Millionnaire), Danny Boyle sort du scintillement individuel et filme un sujet hautement casse-gueule : le vain. Le rien. L’inexistant.

> > > Lire aussi : notre rencontre avec Danny Boyle

Le cinéaste mancunien s’abandonne et revient aux mises en scène de ses premières années, celles où, fauché, il usait de mille et une techniques pour fusionner les ambitions folles de ses personnages avec un ultra-dynamisme de réalisation. Un pari risqué mais réussi, tant il sublime le décalage entre les vies ratées de T2 et ses rêves désuets. À l’image de la BO, bloquée, infoutue de remixer “Lust For Life” passées les 30 premières secondes, ou ralentissant à mort l’hymne techno “Born Slippy” pour en faire un spectre, un fardeau. En cherchant quasiment en permanence à caler un train ou une référence ferroviaire sur chaque plan, et de cent façons différentes, T2 Trainspotting, à l’image de ses personnages, essaie désespérément de se raccrocher à une signification. Les réfractaires y verront la preuve d’un film sans aucun intérêt. Un contresens. Si les trains vrombissent à toute vitesse, leurs ombres sont désespérément figées.  8/10

SOBRE DEPUIS 21 ANS – Après un premier volet aussi vilain que douteux, devenu inexplicablement l’objet d’un culte démesuré, Danny Boyle a eu le mauvais goût de pondre une suite. Mais comme souvent avec ce genre de revival, la conclusion jaillit en sortant de la salle obscure : « beaucoup de bruit pour rien ». Du bruit, et de l’agitation, on en retrouve à la pelle dans ce T2 qui brasse de l’air et supplie la fibre nostalgique de façon pathologique – bout à bout, les flashbacks doivent truster une bonne dizaine de minutes de pellicule. Les quatre loustics gesticulent, s’engueulent, se battent comme des chiffonniers et jurent toutes les dix secondes. Rien de neuf sous le ciel écossais. Trainspotting reloaded.

Peinant terriblement à dissimuler ses carences scénaristiques, Trainspotting deuxième du nom surdose le fan-service autant qu’il maltraite ses couleurs et traîne sa médiocrité intrinsèque deux heures durant, ne justifiant jamais son existence. Vingt ans plus tard, rien n’a changé : Danny Boyle se vautre toujours autant dans les mêmes effets visuels répétitifs. Pire, il semble avoir plus mal vieilli que ses anti-héros lorsqu’il met dans la bouche de Renton un discours de « vieux con » face au monde actuel. Comme un touriste revisitant sa propre ringardise.

Rien de bien trippant dans ce sequel prétexte. Quelques rails de poudre, une ou deux piquouzes en souvenir du bon vieux temps et guère plus. Cette suite ayant plusieurs fois loupé le bon wagon, il eût été plus raisonnable de laisser ses protagonistes dans le hall de gare. Nul besoin de prendre votre billet pour ce laborieux voyage, ce retour vers  le passé pourrait bien vous faire bader. 2/10

La fiche

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T2 TRAINSPOTTING
Réalisé par Danny Boyle
Avec Ewan McGregor, Jonny Lee Miller, Ewen Bremner…
Grande-Bretagne – Comédie dramatique
Sortie : 1er mars 2017
Durée : 117 min

RédactionPOUR : Robin Souriau ; CONTRE : Тhomas Périllon




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