super dark times netflix

SUPER DARK TIMES

Délicat

4 adolescents vont faire face à une terrible tragédie dans une banlieue américaine.

Not Another Teen Movie.

La peur de la rengaine suscite tristement la méfiance. 4 gamins de banlieue de classe moyenne sur des vélos, ça vous dit quelque chose ? Evidemment que ça vous dit quelque chose. Sans aller chercher aussi loin que Stand By Me, l’image est rétro, donc l’image est du temps. Stranger Things puis It en ont fait leur fonds de commerce, en passant sur les sous-déferlantes. Sorti en toute discrétion à l’orée de l’année, Super Dark Times, son titre, son pitch et sa petite vignette Netflix penchent largement du côté de la Teen-On-BMXploitation. Heureusement, on n’a pas roulé 100 fois des yeux en le regardant, ce qui est donc bon signe.

Nuit solitaire, jour perdu dans le vain, répétition à l’infini : Zach (Owen Campbell), Josh (Charlie Tahan), Charlie (Sawyer Barth) et Daryl (Max Talisman) sont adolescents. Ils sont aussi potes. Enfin, surtout Zach et Josh : les deux autres gravitent, profitent des hasards du voisinage pour faire tout et surtout rien, parler beaucoup et ne rien faire. Ils explorent sans la regarder une banlieue grande et vide et moche et belle qu’ils connaissent par cœur. Nous aussi. Il ne faut quelques minutes pour que Super Dark Times laisse ses petits copains cités plus haut sur le bas-côté pour pédaler de ses propres vitesses. Ces ados là ont un si français je-ne-sais-quoi dans leurs attitudes si américaines. Entre inepties, dialogues ciselés, montage contemplatif sans être complaisant, rythme doux-amer de ces nerds jamais trop définis comme tels, ils en deviennent universels. Difficile, pour qui n’a jamais eu 16 ans en banlieue douce, de ne pas tomber les bras en croix et les yeux fermés dans l’empathie la plus pure. Celle des moments que l’on reconnaît sans les avoir vécus, comme des impressions de déjà-vus de l’autre côté du miroir.

They abide, and they endure

Du rien au tout, il n’y a souvent qu’un pas, avancé alors que le monde jusqu’ici immobile tournoie sur tout son axe. Evidemment, et c’est le cas ici, le cinéma essaie comme si souvent de créer les éléments perturbateurs qui n’arrivent que trop rarement dans nos vies. Un tragique accident va frapper les 4 ados, qui vont devoir chacun gérer la culpabilité à leur manière. Disons le tout de suite : Super Dark Times adopte les traits de ton, toutes proportions gardées, des peintures de l’adolescence à la It Follows dans la délicate fragilité des prémices amoureux (grâce à une incroyable performance d’Elizabeth Cappuccino) ou Donnie Darko sur le prisme du rapport aux parents (Amy Hargreaves, toujours juste en indé). Toutefois, point ici d’élément fantastique comme exaltant de ses âmes jeunes qui battent à deux mille à l’heure. Et c’est bien ce fardeau du terre-à-terre qui sied si bien à une narration qui se cherche sans cesse des échappatoires, mais dont le piège des suburbs se referme sur elle avec une hargne terrifiante.

Chasseur exquis du catalogue ô combien inégal de Netflix ? Voici donc pour vous. Premier long-métrage de Kevin Phillips qui avait présenté son court Too Cool For School à la Semaine de la Critique à Cannes en 2015, Super Dark Times est de ces petites pépites qui se ressentent bien plus qu’elles ne s’analysent, quitte à être prisonnières de la subjectivité de chacun. A la manière des mouvements infimes d’adolescents dans une salle de classe, où d’un geste, la beauté fine de la chute d’une chevelure dorée détachée peut révéler la force de la résilience pour qui en connaît les traumatismes cachés. Comme toujours, les enfants encaissent, et continuent à vivre.

La fiche

SUPER DARK TIMES
Réalisé par Kevin Phillips
Avec Owen Campbell, Charlie Tahan, Elizabeth Cappuccino…
Etats-Unis – Drame musical
Sortie : 1 janvier 2018
Durée : 100 min




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