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STAR TREK : THE DIRECTOR’S EDITION

Une entité extra-terrestre se dirige vers la Terre et détruit tout sur son passage. L’amiral James T. Kirk est chargé par Starfleet de reconnaître l’entité et d’évaluer la menace. Il reprend alors les commandes de l’USS Enterprise, qu’il avait abandonnées à la suite de sa promotion, et découvre un vaisseau entièrement remodelé. Le capitaine Will Decker, évincé de son commandement, accepte néanmoins de le seconder grâce à sa connaissance du vaisseau. Ils s’embarquent alors dans une aventure qui va les mener « là où personne n’est allé auparavant ».

CRITIQUE DU FILM

Vingt-deux ans pour terminer un film, qui dit mieux ? C’est pourtant le cas du premier volet de la saga Star Trek, sorti dans l’urgence en décembre 1979 dans une version qui ne convenait pas à son réalisateur Robert Wise. En 2001, quatre ans avant sa disparition, Paramount lui a heureusement donné la possibilité de réaliser un nouveau montage pour une édition VHS/DVD. Plus longue de quatre minutes, celle-ci contenait des effets spéciaux retravaillés et un nouveau mixage son. Après une édition Blu-Ray en 2009, Star Trek Le Film sort maintenant dans une nouvelle version 4K Ultra HD – ainsi que dans un coffret collector – qui lui donnent enfin la beauté visuelle et sonore qu’il mérite.

ACCOUCHEMENT DANS LA DOULEUR

Avant de nous pencher sur le film lui-même, il est intéressant de relater dans les grandes lignes sa conception, sans doute l’une des plus difficiles de l’histoire du cinéma. Alors que la série originale avait été arrêtée après trois saisons (1966-1969), son créateur Gene Roddenberry avait suggéré l’idée d’un film dès 1968 mais la Paramount n’était pas encore convaincue de l’intérêt d’un tel projet. Ce n’est qu’en 1975, alors qu’un culte est né autour de la série et que sa diffusion en syndication a été un succès, que le studio donne son accord pour une adaptation sur grand écran. Plusieurs scénaristes et écrivains (dont Ray Bradbury et Harlan Ellison) soumettent leurs idées, mais aucune n’enthousiasme les exécutifs du studio. Lequel change donc son fusil d’épaule et décide plutôt de relancer la série sous le nom de Star Trek Phase II, lancement qui coïncidera avec la naissance de sa nouvelle chaîne de télévision provisoirement baptisée Paramount Television Service. Mais les succès de Star Wars et de Rencontres du troisième type en 1977 vont changer la donne et pousser la Paramount à faire comme les autres studios et développer leur propre film de science-fiction.

Annoncé en grandes pompes en mars 1978, le tournage de Star Trek – Le Film va donc commencer au mois d’août sans scénario achevé mais avec à la barre l’un des plus grands réalisateurs de tous les temps, le grand Robert Wise, ce qui rassure le studio. Gene Roddenberry et le scénariste Harold Livingston se collent à l’écriture, mais ils ont des vues différentes sur le développement des scènes et des personnages. De plus, Leonard Nimoy, l’interprète du fameux Spock, refuse de reprendre son rôle, mécontent de son salaire sur la série. Ce ne sera qu’après avoir été courtisé et indemnisé qu’il acceptera finalement d’incarner à nouveau retrouver ce personnage emblématique.

Le tournage commence avec un scénario rédigé aux deux tiers, une expérience inédite pour Robert Wise, qui va toutefois tenir bon même si l’expérience sera douloureuse pour lui. Histoire de compliquer encore un peu plus la donne, les acteurs William Shatner (Kirk) et Leonard Nimoy ont un droit de regard sur le scénario. La fin du film sera donc trouvée en cours de route, après moult difficultés. S’ajoutent à ces problèmes de scénario des ennuis avec les effets spéciaux qui ne sont pas concluants. Douglas Trumbull (2001, L’Odyssée de l’espace) et John Dykstra (Star Wars) sont alors appelés en renfort pour sauver le film. Avec Richard Yuricich (Blade Runner), ils vont créer des images tout à fait étonnantes, comme la séquence du « trou de ver » où les personnages sont diffractés à cause d’une distorsion temporelle, celle de l’apparition dans la cabine de commandement de la sonde envoyée par V-Ger, ou encore l’entrée finale dans la structure de l’intelligence artificielle avec ses formes organiques grandioses.

Star trek UHD 4K

Jerry Goldsmith doit écrire sa partition sans avoir vu le film en entier et en se basant sur le scénario. Ce qui ne l’empêche pas de composer ce que beaucoup considèrent comme une de ses plus grandes BO, dans une carrière qui en contient beaucoup d’autres. Le Main Title fait tout simplement partie des meilleurs thèmes jamais écrits et dégage une énergie et un optimisme incroyables. Il sera d’ailleurs utilisé dans les films suivants et la série Star Trek: The Next Generation. Goldsmith reprend aussi le thème de la série originale composé par Alexander Courage. Si le compositeur raconte dans les bonus qu’il a choisi une approche « romantique et non pas avant-gardiste », cela ne l’empêche pas d’utiliser pour incarner l’entité V’Ger un instrument rare, le Blaster Beam, lequel se compose d’une longue structure rectangulaire métallique dans laquelle sont tendus plusieurs câbles, et d’un ensemble de micros magnétiques de type guitare pour capturer les vibrations mécaniques créées par le pincement ou la frappe des cordes. Cette sonorité électronique particulière fonctionne à merveille et donne aux apparitions de V’Ger, la machine vivante, un côté fascinant.

Le studio s’étant engagé contractuellement avec les exploitants pour livrer le film le 7 décembre 1979, il n’a pas le choix. Le premier film Star Trek doit absolument être terminé à temps. La post production se fait dans l’urgence, à tel point que les effets sonores sont créés pendant le tournage ! Et les nombreux plans d’effets spéciaux sont mis en boîte par des équipes travaillant 24h/24 en faisant les trois-huit. Du coup, les projections test ne peuvent avoir lieu, et pour l’avant-première, l’opérateur doit lancer la bobine du début encore humide tout juste sortie du studio alors qu’il n’a pas encore reçu la suite ! Autant dire que Robert Wise a permis d’éviter la catastrophe. Ainsi naquit dans la douleur le premier grand film hollywoodien adapté d’une série télé avec son casting original.

QUESTIONS EXISTENTIELLES

Revoir Star Trek – Le Film aujourd’hui dans cette magnifique édition (à défaut d’une reprise en salles) devrait rendre justice à un film qui, même s’il a rencontré le succès à sa sortie – et glané trois nominations aux Oscars – n’a pas été apprécié à sa juste valeur par la critique, qui considérait les effets spéciaux trop présents et le rythme trop lent. Si certains trekkies (fans de Star Trek) étaient bien trop heureux de retrouver leurs personnages préférés pour bouder leur plaisir, la majorité d’entre eux ont été déçus par le film, et n’ont commencé à le réévaluer que récemment.

Star Trek

Avec cette intrigue qui voit l’émancipation d’une intelligence artificielle à la recherche de son créateur, le film a pour ambition de se dégager de l’influence et du succès récent de Star Wars pour marcher davantage dans les pas du chef-d’œuvre de Stanley Kubrick 2001, l’Odyssée de l’espace. Pas de scène de bataille ici, mais une interrogation philosophique sur le sens de l’existence : qu’y a-t-il de plus à vivre une fois qu’on a acquis toutes les connaissances ? Quel est le sens de la vie ? Que faire une fois que l’on se retrouve face à son créateur ? Autant d’interrogations qui sont tout à fait dans la tradition Star Trek, dont la série originale regorgeait de telles questions. Le parallèle avec 2001 et sa « stargate sequence » est flagrant dans la séquence finale de l’entrée dans le nuage et la rencontre avec V’Ger. De même, le film se conclut par une renaissance, comme c’était le cas dans le film de Kubrick. Si certains y ont vu une forme de mysticisme, d’autres ont souligné le côté antireligieux de Roddenberry. Le fait est que le premier film Star Trek atteint des sommets en termes de réflexion philosophique rarement vus dans un film de science-fiction à grand spectacle (à l’exception notable de La Planète des singes en 1968).

L’autre particularité du film est la place qu’il laisse à la musique de Jerry Goldsmith, notamment dans la scène d’approche de Kirk et Scotty du vaisseau Enterprise au début du film, qui permet au compositeur de développer son thème et confère à une simple maquette une ampleur et une majesté saisissantes.

Si le premier film Star Trek a donné son cadre à la saga, qui a compté cinq autres films avec les acteurs d’origine ainsi que plusieurs séries télé et d’autres longs-métrages – dont un reboot de la franchise par J.J. Abrams en 2009 – il a aussi marqué l’univers de la science-fiction au cinéma par sa vision d’un monde futuriste dans lequel l’entraide prime sur la compétition, un optimisme incarné par la croyance en l’aventure humaine qui est au centre de l’univers créé par Gene Roddenberry au milieu des années soixante.


Disponible le 7 septembre 2022 en réédition director’s cut 4K

Les disques UHD contiennent des bonus intéressants, notamment des commentaires audio et des scènes coupées inédites.

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