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FILMSTRUCK | On était à la présentation française de Filmstruck

Après quelques arrangements de micro et quelques sinistres larsen, Frédéric Taddeï peut enfin décemment prendre la parole face à la quarantaine de journalistes présents dans la petite salle de présentation parisienne. L’animateur de télévision a son idée du cinéma, qu’il défend avec une droiture féroce. S’il n’a pas hésité à se faire le porte-parole de Filmstruck, la nouvelle plateforme de cinéma à la demande qui débarque en France après des débuts aux Etats-Unis et une escale au Royaume-Uni, c’est tout simplement parce que, sur Filmstruck, « il n’y a aucun film nul ». Nous voilà rassurés.

Aucun film nul, donc : une remarque qui tient bien moins de politique intérieure que d’affaires étrangères. En ces temps où Trump serre la main à Kim Jung-Un, Taddeï envoie plutôt un parpaing dans la gueule de Netflix, n’hésitant pas à qualifier Filmstruck de « Netflix du 7ème art ». La redondance, ou plutôt la non-redondance implicite, annonce la couleur. Pourtant, il va bien falloir faire avec. Avec les 14 % de trafic issu directement des tuyaux du géant de la SVOD en France, Netflix est une référence, au moins chez le grand public, pour désigner ces plateformes qui ont déjà révolutionné la manière dont le grand public s’abreuve d’œuvres audiovisuelles, films, séries, documentaires et talk-show confondus.

Classiques entre deux feux

Le marché de la SVOD est un arc-en-ciel né de la rencontre des puissants rayons lumineux d’internet et de son accès théorique grandiose à la culture et de la pluie battante d’une chronologie des médias qui ne signe visiblement ni la fin de la sacro-sainte salle de cinéma, qui se porte admirablement au niveau comptable du moins, ni la fin des SVOD qui fleurissent en grands prés, quitte à ce que certaines pâquerettes se fassent piétiner. Dans cet arc-en-ciel, chaque service de SVOD doit trouver sa couleur pour ne pas finir sa courte vie en mirage. Celle de Filmstruck, c’est celle du cinéma de patrimoine, d’un cinéma qui célèbre les grands classiques et les cultes indépendants.

Filmstruck est arrivé sur le marché français avec autant de soudaineté que de jolis arguments à faire-valoir. En premier lieu, celle de la promesse d’un service proposant des contenus différents. Certes, la rengaine est désormais éprouvée, mais plutôt que de déterrer l’inconnu comme d’autres concurrents, condamnés à enchaîner sans faute les pépites et les bonnes surprises, Filmstruck se concentre sur les valeurs sûres, celles dont les tenants de l’autorité critique et culturelle répètent autant qu’elles meurent dans l’oubli indifférent des masses biberonnées à « ces films que l’on ne saurait nommer » qu’ils en martèlent les noms et multiplient les rétrospectives – excellente chose, ne nous méprenons pas. Filmstruck se veut donc, malgré la bassesse de la comparaison, le super-héros qui sauvera sa dulcinée Patrimoine des griffes de l’affreux méchant Commercial. Sans fioritures, l’objectif est de trouver le point d’équilibre entre le succès public d’un Netflix et la validation d’estime d’un Mubi.

Catalogue et indépendance

Souvent mis en avant par les services de communication de Filmstruck jusqu’à présent, Criterion, connu pour ses excellentes restaurations de grands films, n’est pas seul en barque pour garnir les contenus de Filmstruck. Tout d’abord, Warner et Turner sont à la barre, l’un amenant une jolie partie choisie de sa collection, l’autre permettant de garder le cap grâce au concours de TCM Cinéma, promu responsable éditorial de la structure. Avec eux, une série de « partenaires locaux » : StudioCanal, MK2, Carlotta et RKO, permettant de gonfler les étagères et de proposer des thématiques plus complètes. Pour une liste des films présentés, autant se rendre directement sur le site de Filmstruck et chercher ce qui vous plaît : le service propose en tout cas plusieurs un peu plus d’une centaine de films (info arrachée avec courage par les valeureux invités à Aksel Van der Wal et Julien Borde) qui présenteront plus de 100 ans d’histoire du cinéma. Une histoire qui sera majoritairement américaine, puisque seulement 20 % de films français seront présents au lancement de la plateforme.

Ne leur parlez pas d’algorithme et de machines : ils détestent ça. En ce qui concerne la navigation, la filmothèque de Filmstruck sera organisée à la mimine, soit par l’utilisateur chronologiquement ou par genre, soit thématiquement par les équipes de TCM, dans une sélection de « haute couture ». Chaque vendredi, la promesse d’une nouvelle thématique, d’un nouvel auteur, d’un nouveau film : pas de panique, contrairement à d’autres structures, les locations de titres ne seront pas de courtes durées – sans avoir aucune information plus précise, évidemment. Et en bonus, des bonus, justement : les collections de Criterion s’accompagnant généralement de jolis à-côtés, ils seront possiblement disponibles pour certaines titres… là encore, la prudence est de mise. A noter, aucune série ne sera proposée, la plateforme étant pour l’instant réservée aux films. Aux vrais. Comme Twin Peaks par exemple.

Et techniquement, comment on regarde ? La HD semble évidement de la partie, même si le jargon technique n’est pas précisément employé. Tablette, smartphone, ordinateur : du classique, mais côté télévision, à part Android TV et Apple TV, c’est le flou. Chromecast est annoncé par le compte Twitter de Filmstruck et sur le site, dans un « coming soon » qui ne semble pas très loin de nous. En revanche, côté FAI et applications Smart TV, mieux vaut ne pas être pressé. Pareil pour un mode offline qui permettrait de télécharger les films : dans un second temps. Au moins, la plateforme sera utilisable par 3 utilisateurs différents simultanément. Avec un prix d’entrée à 5,99 € / mois ou 59,90 / anFilmstruck a de quoi s’articuler en tant qu’offre unique, ou complémentaire à d’autres plus ou moins spécialisées. Et la souplesse, en 2018, c’est primordial.




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