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NERVE

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Béta

Dans un futur très proche, la jeune génération s’adonne à un jeu qui n’a de virtuel que le nom : Nerve. Un “action ou vérité” sans la vérité dont les ressorts et les conséquences sont démultipliés par leur diffusion simultanée sur les réseaux sociaux. Le monde se divise en deux catégories. Choisirez-vous d’être acteur ou voyeur ? 

Coucou, tu veux voir mes bits.

Autant crever de suite l’abcès : Nerve est une immense et terrifiante purge de cinéma. Pourtant, l’idée initiale du traitement de la jeunesse par le prisme de sa constante représentation numérique mérite le détour. Ou comment l’accomplissement de soi s’est perverti pour se transformer en une dramatisation constante du moindre mouvement d’orteil, où le néant est immortalisé à jamais, en boucle de 6 secondes sur filtre “radiant vintage”. Pour qui cherche la transposition d’un regard générationnel piquant et acerbe dans Nerve, la déception tombe sur le crâne comme une iEnclume. Le pragmatique répond qu’après visionnage de la bande-annonce, l’attente avait de quoi relever de la douce rêverie. Rétrospectivement, on aurait aimé plutôt tomber dans les bras de Morphée.

Voilà donc le tandem Henry Joost et Ariel Schulman aux manettes, ce qui ressemble à s’y méprendre à un croisement entre la franchise discutable des American Nightmare (The Purge en VO), des fêtes extrêmes de Projet X et d’un soupçon de la folie post-pubere fluo de Spring Breakers. De chaque comparaison, il faudra extraire la première peau, fine pellicule superficielle pour l’appliquer à grands coups de colle à bois sur un scénario pas finaud pour un bitcoin. Côté scénario, Vee (Emma Roberts), jeune college nerd bien comme il faut et aimante avec sa maman, subit la pression sociale de son cercle d’amies après une énième mandale amoureuse. La voilà joueuse sur Nerve. Premier défi imposé par la communauté de voyeurs : faire un bisou à un inconnu. Soit la parfaite petite transgression dans les règles mais pas trop. L’heureux élu est Ian (Dave Franco), cuir de rebelle et sourire en coin imbuvable. Leur complicité est aussi immédiate que bancale, mais qu’importe. S’enchaînent les défis de plus en plus osés, avec à la clef, de plus en plus d’oseille, et un phénomène sociétal puisant dans les fantasmes du complotisme et des sociétés secrètes.

À la base, on imagine bien Addict, le livre de Jeanne Ryan, défendant l’exposition constante de la jeunesse aux e-jugements des autres, la fine couche de glace qui sépare la réalité du virtuel, l’illusion de la responsabilité sous le pare-feu de l’anonymat. Sauf qu’on ne déguise pas une morale sous un produit de consommation aussi grossier – surtout avec autant de placements de produits. Souffrant du décalage générationnel de ses auteurs par rapport au public visé, les acteurs sont laissés à l’abandon de dialogues grossiers et vulgaires. Exit la direction d’acteur, place à une déferlante d’effets numériques bidons dont la saturation rime à un rythme affolant avec de flagrantes erreurs de continuité. Cantonné à brosser sa cible marketing dans le sens du poil, Nerve place dans le dossier spam les notions de cohérence et de prise de risque. S’en conclut une résolution couille-molle, infoutue d’aller jusqu’au bout des ersatz d’éthique que le film régurgite de temps à autre sur le bord du trottoir. On regarde Nerve comme ces post-ados bourrés aux Jagerbombs qui traduisent Carpe Diem par YOLO. Avec un peu de peine, mais surtout une bonne dose de méprise. 

La fiche

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NERVE
Réalisé par Ariel Schulman & Henry Joost
Avec Emma Roberts, Dave Franco, Emily Meade…
Etats-Unis – Thriller
Sortie : 24 Août 2016
Durée : 97 min




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