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MÉTAMORPHOSES

5
Moyen

Devant son lycée, une fille se fait aborder par un garçon très beau mais étrange. Elle se laisse séduire par ses histoires. Des histoires sensuelles et merveilleuses où les dieux tombent amoureux de jeunes mortels. Le garçon propose à la fille de le suivre.

Ovide à demi honoré

« Je voulais raconter l’héritage grec dans la France contemporaine : on vient de la Grèce, bien plus que de l’Amérique. Mon pari consistait à dire, et à montrer, que ces mythes sont des soubassements, même parfois inconscients, de la société actuelle, une sorte de palimpseste, de sous-texte d’aujourd’hui, que les gens, s’ils grattent un peu, peuvent retrouver assez facilement. » Ainsi donc est née cette libre adaptation des Métamorphoses d’Ovide que Christophe Honoré a transposé dans la France d’aujourd’hui, dans les banlieues marseillaises et dans la nature péri-urbaine. Sur le fond, pas grand-chose à redire de la démarche du réalisateur, cohérente et non dénuée de sens. Cette volonté de faire se rencontrer le mythique et la réalité actuelle est même plutôt la bienvenue dans une société qui tend à se débarrasser de poésie, de rêves, d’histoires.

Le problème vient malheureusement plus de la forme. Si l’on comprend aisément le choix de vouloir faire un film très ancré dans le réel, avec caméra numérique, décors naturels et un nombre très limité d’effets spéciaux (les métamorphoses, par exemple, sont réalisées par le montage), on n’est clairement en droit de se demander si Christophe Honoré ne confond pas cinéma réaliste et cinéma amateur. Car Métamorphoses tire quand même très souvent vers la série Z, la faute essentiellement à ses comédiens non professionnels, pour la plupart mauvais (à quelques exceptions près). Le choix de Christophe Honoré de ne pas faire appel à des acteurs connus se justifie, de faire du critère physique un des critères majeurs aussi, mais cela doit-il se faire au détriment d’une qualité de jeu ? Si effectivement tous les acteurs choisis dégagent quelque chose de particulier, ils ont bien du mal à s’en sortir avec des textes très écrits et un jeu qui doit allier ici réalisme et théâtralité.

Pour autant, il se dégage de Métamorphoses un charme réellement envoutant. Christophe Honoré livre quelques très beaux moments de cinéma, de poésie (la séquence de Narcisse notamment), voire d’érotisme, qui prouvent bien qu’il se cache, derrière les défauts du film, un réalisateur dont le talent n’est plus à prouver. Même si, il faut bien l’avouer également, les tableaux sont inégaux et, surtout, le processus finit par s’épuiser au fur et à mesure que le film avance et que les mythes se succèdent, finissant par laisser l’ennui l’emporter sur la curiosité initiale.

Le dernier film de Christophe Honoré se révèle donc être en demi-teinte, mais on peut au moins reconnaître au réalisateur une qualité majeure et devenue trop rare : savoir se renouveler et prendre des risques.

La fiche
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MÉTAMORPHOSES
Réalisé par Christophe Honoré
Avec Amira Akili, Sébastien Hirel, Mélodie Richard
France – Comédie dramatique
3 Septembre 2014
Durée : 102 min




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