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MATCH POINT

Professeur de tennis issu d’un milieu modeste, Chris Wilton se fait embaucher dans un club huppé des beaux quartiers de Londres. Il ne tarde pas à sympathiser avec l’un de ses élèves, Tom Hewett, un jeune homme issu d’une grande famille de la noblesse anglaise. Très vite, Chris fréquente régulièrement les Hewett et séduit Chloé, la sœur de Tom. Alors qu’il s’apprête à l’épouser et qu’il voit sa situation sociale se métamorphoser, il fait la connaissance de la ravissante fiancée de Tom, Nola Rice, une jeune comédienne Américaine venue tenter sa chance en Angleterre. 

Les jeux de l’amour et du hasard.

Match Point ou « Balle de match » en français, doit son titre à la comparaison qu’effectue le réalisateur, Woody Allen, entre la vie et un match de tennis : tout y est question de chance. Les jalons de cette réflexion, qui constitue la trame, très ténue, du scénario, sont d’emblée posés dès le début du film par une phrase du protagoniste qui sonne comme une maxime introductive : « Celui qui a dit, je préfère la chance au talent, avait un regard pénétrant sur la vie, les gens n’osent pas admettre à quel point leur vie dépend de la chance », illustrée par une balle de tennis en suspend au-dessus d’un filet. Image dont on retrouvera d’ailleurs plusieurs occurrences tout au long du film, sous plusieurs formes, revenant régulièrement de manière chiasmatique, chacune renvoyant à une précédente, comme pour ponctuer l’immense jeu dans lequel Woody Allen plonge le spectateur dès le départ. Il signe ainsi une œuvre majeure de sa filmographie avec une intrigue digne d’un grand thriller.

Dès les premières minutes, avant même la toute première séquence, le spectateur est saisi par une atmosphère sonore bien particulière et très connotée, donnant le ton : il s’agit d’une musique d’opéra, comme un symbole de la haute société dans laquelle va évoluer le personnage principal, par ailleurs interprété avec virtuosité par Jonathan Rhys-Meyers, dont le jeu ne cesse d’évoluer jusqu’à la dernière minute du long métrage. Cette ambiance, le spectateur la retrouve à travers tous les clichés de la noblesse anglaise, que le réalisateur manipule avec précaution et finesse, allant parfois jusqu’à friser la caricature. Woody Allen dresse ici un véritable portrait social, non sans porter un regard critique, notamment sur la définition des normes de société. Par le biais d’une étude psychologique très fine des différents caractères – l’une des marques de fabriques du réalisateur – et en dressant un panel d’archétypes, il évoque de manière magistrale la difficulté à se faire une place au sein d’une société qui prône l’élitisme, le capitalisme, la raison et le pragmatisme. Il faut avoir un métier stable, une situation confortable, gagner de l’argent, rentrer dans la norme, assurer sa postérité – en somme, avoir une « vie rangée », pour réussir dans ce moule fondé sur les apparences et la bienséance. Tout ce qui dépasse fait « mauvais genre ».

Woody Allen construit ainsi son œuvre tout en contrastes entre instabilité et stabilité ; les personnages de Nola – interprétée avec brio par Scarlett Johansson – et Chris, issus de milieu modeste, guidés par leur passion respective, sont en confrontation directe avec le milieu de l’ « upper-class » anglaise, dans lequel ils essaient de s’intégrer tant bien que mal, parfaitement incarnée par la famille de Chloé et Tom. Chris se détache dès le départ des autres personnages. Il est constamment en marge : beaucoup de plans insistent et mettent en exergue sa profonde solitude face au monde qui l’entoure et à la pression qu’il exerce sur lui. C’est ce trop-plein d’efforts et de concessions pour rentrer à tout prix dans la norme et sortir de sa condition qui lui fera commettre l’irréparable alors qu’il aura à trancher de manière radicale entre passion et raison.

Avec sa mise en scène riche ne laissant rien au hasard et mettant en lumière moult détails significatifs et son scénario d’une violence latente inouïe, Woody Allen fait de Match Point un film percutant et implacable sur la morale, une œuvre repère dans sa filmographie qui rappelait alors toute la vigueur et la causticité du cinéaste new-yorkais.

La fiche

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MATCH POINT
Réalisé par Woody Allen
Avec Jonathan Rhys-Meyers, Scarlett Johansson, Emily Mortimer …
Grande-Bretagne, Etats-Unis – Drame, Romance, Thriller
Sortie : 26 octobre 2005
Durée : 123 min
 





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