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MARY À TOUT PRIX

Ted, le loser, décide de retrouver son amour de jeunesse, la splendide Mary. Il engage un détective privé, Pat Healy, pour la retrouver. Persuadé qu’il a affaire à un dégénéré, Healy file à Miami et retrouve Mary. Elle est belle, gentille, s’occupe d’enfants handicapés et elle est célibataire. Decidé à garder Mary pour lui, il raconte à Ted qu’elle est devenue grosse, qu’elle est paralytique et qu’elle a quatre enfants. Mais Tucker, un architecte, est également amoureux de Mary. Il va faire cause commune avec Healy pour se débarrasser de Ted qui finalement a décidé de venir à Miami. 

Rire extra-large.

Novembre 1998 : un temps où je découvrais les bandes annonces sur le cd-rom fourni avec mon Ciné Live. Un temps où je consultais les horaires des séances du Pathé du coin en allant récupérer le programme à l’accueil d’Auchan. Un temps où j’achetais ma place à une certaine Lucie du guichet numéro 3 plutôt à qu’à une borne peu loquace.  J’ai 11 ans, des dizaines de séances ciné-Mc Do derrière moi m’ayant fait découvrir Disney, Spielberg, Besson, Mc Tiernan et les nuggets, et comme 3,5 millions de français je vois dans une salle bondée de mon multiplexe de province une des premières comédies qui me fait hurler de rire et qui va me marquer durablement, Mary à tout Prix.

Difficile de rendre régulièrement hommage à la comédie, genre qui remplit massivement les cinémas malgré une offre souvent médiocre mais dont quelques pépites s’érigent au rang de grands films, toujours après un lent processus digne de la maturation des meilleurs vins. Mary à tout Prix est définitivement de ce cru là et continue d’inspirer la comédie contemporaine près de 20 ans après sa sortie.

Peter et Bobby Farrelly, frères déconneurs d’une bonne famille de l’Amérique sudiste, auront passé quatre ans à vivre et se battre pour accoucher de Dumb and Dumber en 1994, comédie savamment conne mais non moins culte confirmant le statut de star de la comédie de Jim Carrey (après Ace Ventura et The Mask) et lançant la carrière du quasi-inconnu Jeff Daniels. Bien leur en a pris d’ajuster ce scénario en le lisant pendant des années à des potes hilares devant tant de blagues débilos et en le défendant corps et âmes devant des pontes de studios effarés. Passant du scénario à la réalisation, les Farrelly se retrouvent donc derrière la caméra de ce Dumb and Dumber. Réconforté par un box-office mirobolant de 130 millions $ pour ce premier film et pas découragé par le four du second (Kingpin), les frères reviennent en 1998 avec un sommet de comédie grinçante écrasant tout sur son passage deux heures durant. Une grande comédie jamais complaisante mais toujours attachante : Mary à Tout Prix.

Ted (interprété par Ben Stiller, pas débutant pour un sou, après s’être essayé à la réalisation avec Disjoncté), gentil lycéen nerd, tombe éperdument amoureux de la bombe Mary (Cameron Diaz, qui va voir sa carrière exploser). Devenu adulte et ayant perdu de vue Mary, il va se remettre en tête de la retrouver. Confiant les recherches à un détective beauf, Ted va rapidement se rendre compte que Mary traîne malgré elle une tripotée de prétendants. Un pitch universel qui ne sort en apparence pas des clous mais qui va être l’occasion de laisser libre court à l’imagination très autobiographique des frérots Farrelly, pendant scato des Coen.

Après la scène d’introduction de la braguette qui place le niveau très haut et qui évite de se vautrer dans la facilité du gag en l’entourant d’un univers absurde, Mary à Tout Prix déploie une histoire tout aussi graveleuse que touchante. Les Farrelly ne se posent pas la question « peut-on rire de tout ? », tout le monde en prend pour son compte (surtout les handicapés) mais toujours avec un regard attachant. Après tout, pourquoi un retardé mental n’aurait pas droit à son foutage de gueule en règle au même titre qu’un chauve acnéique ou qu’une mamie UV. Un savant numéro d’équilibriste entre débilité puérile, humour subversif et véritable tendresse qui chatouille les plus bas instincts moqueurs mais qui sort avec bonheur du puritanisme et du rire hygiénique habituel. Là où Dumb and Dumber s’arrêtait à un humour pipi-caca qui pouvait en gonflait plus d’un, Mary à Tout Prix s’émancipe de ce côté gamin en devenant un objet inter-générationnel pas complètement dénué d’une certaine poésie – la musique de Jonathan Richman n’y est pas étrangère – embrassant sa dimension trash et politiquement incorrect .

Que l’on soit client du genre ou non, reste le plaisir d’être face à une histoire où la multiplication des gags ne se fait jamais au détriment de l’écriture des personnages et d’un rythme solide, ne tombant jamais dans la facilité en déplaçant le curseur de l’absurde et du « jamais vu » (qui pour certains aurait pu valoir au film une classification sévère aux Etats-Unis) : le gel séminal, le full-frontal de la braguette, le chien…

Clairement pas les rois de la mise en scène et privilégiant des plans larges et fixes, les Farrelly se blindent côté écriture et réalisent ainsi avec Mary à Tout Prix une vraie comédie d’auteur. Adoubé par le carton planétaire du film (360 millions de dollars de recettes pour un budget de production de 25), le final cut de comédies toujours plus acides (Fous d’Irène, L’Amour Extra-Large) restera entre leurs mains encore quelques années.

Dépassés aujourd’hui par les Seth Rogen, Judd Appatow et Todd Philips dispensant un humour où le trash grossier est devenu la norme, les Farrelly auront vécu une fin de millénaire en état de grâce avant de tomber dans un triste désamour. Et même Dumb and Dumber 2, sorti en 2014, ne n’est pas parvenu à raviver la flamme. 

La fiche

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MARY À TOUT PRIX
Réalisé par Peter et Bobby Farrelly
Avec Ben Stiller, Cameron Diaz, Matt Dillon…
Etats-Unis – Comédie
Sortie : 11 novembre 1998
Durée : 119 min




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