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LIVE BY NIGHT

Mou

Fils d’un haut gradé de la police d’origine irlandaise, Joe Coughlin revient de la Première Guerre mondiale avec une seule idée en tête : ne plus recevoir d’ordre de personne. Il enchaîne les petits braquages, jusqu’à taper dans les coffres des mauvaises personnes. Pris dans le tourbillon de la pègre, il va devoir s’acquitter de sa dette en Floride, en pleine prohibition.

Attention, c’est très très tiède.

Ben Affleck retrouve le romancier Dennis Lehane pour une nouvelle adaptation d’un de ses romans, Live By Night. Autant dire que les attentes sont élevées : auteur prolifique, de Mystic River à Shutter Island, les accointances avec Affleck tiennent en un seul mot-clef : Boston. Tous les deux amoureux de la ville du trèfle à quatre feuilles, les deux hommes se retrouvent après un Gone Baby Gone qui avait permis à Ben Affleck de ne plus être l’éternel copain de Matt Damon et de se réinventer une carrière après une série de choix plus que complexes à assumer. Dix ans passent. Si le carré Ben porte toujours dans le flot populaire une tenace image d’antipathie largement surestimée, il possède un crédit non-négligeable avec la casquette de réalisateur – les succès critiques et publics d’Argo ou The Town en guise de solide bouclier. Autant dire que Live By Night part sur de bons a priori.

Boston, p’tite partie

Comme hanté par les critiques incessantes qu’il subit en bruit de fond depuis plus d’une décennie, pas aussi bankable que les rivaux Brad Pitt ou Leo DiCaprio (par ailleurs producteur du film), Affleck décide que Live By Night est son bébé et s’interpose en contrôleur de billet sur chacun des échelons du film. Acteur, réalisateur, scénariste et producteur, le natif de Berkeley confond son visage et sa carrure sur le Boston des années 20. Dès le premier montage sepia et la voix-off d’Affleck en donneur de leçon / narrateur de la vieille école, la gêne est palpable. La faute à un auto-centrage qui relègue décor et intrigue loin à l’arrière-plan, derrière le faciès omniprésent de Joe Coughlin, le protagoniste. Un personnage droit, carré, sans faille ni excès. En un mot, un personnage chiant, sur qui se butent successivement la femme fatale et amoureuse (Sienna Miller) et le père juge et bourreau (Brendan Gleeson).

C’est ici que malgré tout l’effort du monde, le spectateur même averti ne peut s’empêcher de tomber dans la discussion de comptoir la plus connue d’Hollywood. Oui, Affleck est froid, distant, univoque et masqué. Dans sa volonté de chercher à tout prix le classique, l’acteur / réalisateur ne prend aucun risque, répète sans saveur mille procédés d’un genre déjà bien éprouvé par sa grande époque, de surcroît remâché plus tard dans le courant des années 90. Au cours d’une première demi-heure infernale, dans le mauvais sens du terme, Affleck se regarde tourner. Malgré un filtre orangé omniprésent, impossible de jauger la température de ce Boston tiède. On tente bien de rehausser l’intérêt d’une intrigue poussive derrière quelques scènes d’action, mais rien n’y fait : convention filmique oblige, alors que la barre des 30 minutes n’est pas encore dépassée, impossible de croire qu’une balle va finir son chemin autrement que par un ricochet bienheureux.

Le justicier de l’ennui

Heureusement, Live By Night prend une autre destination : celle de la Floride. À la clef, une renaissance bienvenue pour le spectateur. Un brin libéré, le changement d’air et de climat s’accompagne d’un changement de ton. Virgule moins cadrée que son introduction, on prend un peu plus de plaisir à découvrir les joies du rhum et des clubs cubains des alentours de Tempa. Quelques personnages intermédiaires permettent de donner un peu d’air à un récit autrement balisé au possible : le sidekick “rigolo / mise en valeur” Chris Messina, l’ingénue corrompue puis touchée par la grâce Elle Fanning, le shérif hanté Chris Cooper.

Pourtant. Entre des scènes plaisantes mais rapidement oubliées s’intercalent ça et là des malaises insistants qui correspondent invariablement aux tentatives de donner de l’ampleur au drame du récit de Live By Night. Difficile d’esquiver une moue de sommeil lorsqu’Affleck se la joue justicier moral avant l’heure. Les piques endormies lancées à des ennemis bidons ricochent avec la force d’une plume sur une joue molle. À trop composer avec les films de sa grande époque, Affleck en oublie d’y insuffler un souffle novateur, ou se contente d’une vague brise tempérée. Tantôt froid et lisse comme un marbre italien, tantôt vain et gueulard comme un poivrot irlandais, Live By Night ne se donne jamais les moyens d’être rythmé, sexy et vicié comme une vraie salsa cubaine.

La fiche

affiche live by night

LIVE BY NIGHT
Réalisé par Ben Affleck
Avec Ben Affleck, Chris Messina, Elle Fanning… 
Etats-Unis – Drame

Sortie en salle : 18 janvier 2017
Durée : 129 min

 




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