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LE VOYAGE AU GROENLAND

6
Rafraîchissant

Thomas et Thomas cumulent les difficultés. En effet, ils sont trentenaires, parisiens et comédiens… Un jour, ils décident de s’envoler pour Kullorsuaq, l’un des villages les plus reculés du Groenland où vit Nathan, le père de l’un d’eux. Au sein de la petite communauté inuit, ils découvriront les joies des traditions locales et éprouveront leur amitié.

Rendez-vous en terre inconnue.

Après 2 automnes 3 hivers et Marie et les naufragés, Sébastien Betbeder continue avec son Voyage au Groenland de creuser le sillon du film de potes. Il convoque cette fois-ci Werner Herzog et Francis Veber. Le premier pour son aspect aventureux – il n’est d’ailleurs pas impossible de penser au très beau Rencontres au bout du monde -, le second pour son goût du buddy-movie. Les deux Thomas qui font équipe dans la fiction sont aussi deux Thomas dans la vie…  L’alchimie entre Thomas Blanchard et Thomas Scimeca fonctionne à merveille. Si bien que leur identité civile semble se confondre avec celle de leurs personnages.

Le Voyage au Groenland est en quelque sorte le sequel du court métrage Inupiluk (2014) dans lequel ces deux Parisiens accueillaient chez eux deux habitants de Kullorsuaq. Dans le long-métrage, ces derniers leur rendent la pareille en leur ouvrant leur porte dans le grand froid.

Les moments très attendus de la « rencontre avec les autochtones » et tout ce que cela implique d’incompréhensions et de quiproquos sont au rendez-vous, avec une efficacité comique plus ou moins affirmée. Ce qui saute aux yeux en revanche, c’est la nonchalante coolitude de Thomas Scimeca, repéré dans l’hilarant Apnée, qui explose ici totalement. Ce comédien, qui fait très souvent penser à Vincent Macaigne, est à suivre de très près.

On pourrait résumer le film en une simple plongée dans un monde inconnu, à l’image d’une certaine émission de France Télévisions présentée par Frédéric Lopez. Mais ce serait réducteur car, sous son apparente bonhomie, se cache une gravité qui affleure lorsque le récit aborde des sujets comme le deuil, la solitude et la difficulté de vivre coupé du monde. Sébastien Betbeder n’élude pas non plus le suicide et l’alcoolisme, véritables fléaux sociaux touchant en particulier la jeunesse du Groenland.

Rassurez-vous, on est surtout là pour s’amuser. Une séquence de chasse et de pêche en terrain hostile conduit les deux Thomas à vivre des instants rappelant Cannibal Holocaust provoquera sans doute des sourires crispés sur le visage des âmes sensibles, mais les autres apprécieront le sens de l’absurde dont fait preuve Sébastien Betbeder. Dommage que le réalisateur ne s’aventure pas encore davantage dans certaines audaces… Si la folie semble poindre au détour de certains dialogues ou certaines situations (il faut quand même imaginer un climax centré sur un formulaire de Pôle emploi !), elle est très rapidement étouffée. Au final, ce que l’on retient globalement du film, c’est son extrême gentillesse.

Difficile de détester une telle œuvre tant elle inspire une immédiate sympathie avec ces deux Thomas qu’on aimerait compter parmi ses amis. Il n’empêche que le piège de la futilité n’est pas complètement évité. Pour les routards des salles obscures en recherche d’une bulle d’air frais, ce Voyage au Groenland mérite le détour. Les spectateurs occasionnels, peu aventureux et pas clients de films sortant des sentiers battus pourront passer leur chemin.

La fiche

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LE VOYAGE AU GROENLAND
Réalisé par Sébastien Betbeder
Avec Thomas Blanchard, Thomas Scimeca, François Chattot
France – Comédie dramatique, aventure

Sortie en salle : 30 Novembre 2016
Durée : 98 min 




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