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LE FONDATEUR

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Industriel

Vendeur médiocre au cœur des Etats-Unis des années 50, Ray Kroc a tout pour devenir un autre looser anonyme moyen. Sa vie se transforme lorsqu’il rencontre les frères McDonald, gérant d’un restaurant à burgers qui deviendra l’une des plus grandes multinationales du monde. 

À la chaîne.

Le Fondateur, The Founder en VO, est un projet casse-gueule, quasi-voué à l’indifférence critique et commerciale. En France, du moins – preuve en est, peut être, cette sortie bâtarde un 28 décembre, pile entre la digestion de la dinde farcie de Noël et la bûche Picard du jour de l’an. Difficile de s’enthousiasmer pour un film vantant les mérites du rêve américain premier degré comme on n’en fait plus, qui plus est sur la success story la plus grasse du pays de l’Oncle Sam : celle de la firme McDonald’s. De ce constat, les frères Weinstein, à la production, anticipent logiquement le naufrage total d’un traitement unique sur les frères McDonald et préfèrent largement suivre Ray Kroc, commercial looser qui voit dans la double-arche à burgers la nouvelle Église américaine. Se concentrer sur un personnage bouffe-écran, en l’occurrence Michael Keaton qui plus est bankable ces derniers temps après Birdman et Spotlight, plutôt que de tenter la relation fraternelle plan-plan : la solution naturelle au sein d’un biopic automatisé comme la création d’un Big Mac.

En pleine plongée dans les années 50, Kroc parcourt donc les restaurants en quête de vendre une autre machine révolutionnaire. Ne demandez pas ce qu’elle révolutionne : là n’est pas le propos. Dans une atmosphère Coen-ish, la morosité du commercial, plus drôle que pathos grâce à la valeur ajoutée Keaton, cède bien rapidement la place à un nouvel espoir quasi-mystique. Quelque part dans un patelin paumé de Californie, deux frères, Richard « Dick » et Maurice « Mac » McDonald (Nick Offerman et John Carroll Lynch, convaincants dans la mesure de leur script) mettent au point l’Eden des principes économiques des USA dans une petite boutique à burger. Paternalisme mielleux à la Ford, rentabilité maximale et valeurs familiales en papier-serviette. Qu’il fait bon vivre. Que les enfants sont heureux. Que les parents se régalent.

Préparé, emballé, formaté

Kroc, en agneau égaré, va bien rapidement se transformer en brebis galeuse. Grignoté par ses dettes et ses remboursements, il se transforme peu à peu de défenseur zélé à bête cupide. C’est ici que s’opère, au sein du film, un tournant bien fade. Kroc est un élément perturbateur mou, étiré sur le temps long, dont les hauts et les bas se perçoivent davantage comme des ficelles scénaristiques que comme de véritables nœuds dramatiques. Un défilement insipide, pas foncièrement mauvais mais assaisonné par des condiments basiques – sel, ketchup, mayo. Aucune épice de choix à l’horizon. La mise en scène de John Lee Hancock se borne à dépeindre la prestation de Keaton comme on pouvait filmer un oscarisable il y a 15 ans. Côté montage, là encore, on suit le manuel à la lettre, à l’alinéa et à la ponctuation près.

Tracer le parallèle entre Le Fondateur et les burgers McDo qu’il met en scène est une solution facile, mais face à l’harmonie parfaite de la métaphore et les mêmes principes zéro-risques utilisés tout le long du biopic, on cède facilement à la tentation. Appétissant sur un coup de tête, difficile de véritablement savourer un produit formaté à son maximum, au gramme ou à l’image. Servi sans panache, le spectateur consomme un produit assumant sa filiation publicitaire, mais manquant clairement de talent artistique pour s’en détacher d’une manière ou d’une autre. Le Fondateur évite tout de même l’écueil du cynisme gras saturé ou de se vautrer complètement dans l’auto-satisfaction commerciale. Un minima moins facile à assurer qu’il n’y paraît.

La fiche

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LE FONDATEUR
Réalisé par John Lee Hancock
Avec  Michael Keaton, Linda Cardellini, Patrick Wilson, Nick Offerman…
Etats-Unis – Biopic, Drame
Sortie : 28 décembre 2016
Durée : 115 min
 




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