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KEEPER

5
Touchant / Médiocre

Maxime et Mélanie s’aiment. Ensemble, ils explorent, avec amour et maladresse, leur sexualité. Un jour, Mélanie apprend qu’elle est enceinte. Maxime accepte mal la nouvelle mais peu à peu se confronte à l’idée de devenir père. Il convainc alors Mélanie de garder l’enfant. C’est maintenant décidé, du haut de leurs 15 ans, Maxime et Mélanie vont devenir parents… 

L’enfant.

POUR – La découverte de la sexualité chez les adolescents est devenu un thème de plus en plus exploité par les réalisateurs. A l’ère des réseaux sociaux et des moyens de communication accrus – où tout semble aller plus vite, être plus grand et (en apparence) plus intense – facilitant une proximité de plus en plus forte entre jeunes adultes. Plusieurs angles d’approche sont intéressants pour réfléchir sur ce monde adolescent, marqué essentiellement par la sexualité, et dont les membres repoussent toujours, les limites du possible. BangGang d’Eva Husson, qui relate la découverte précoce et émancipée de la sexualité, est le film récemment sorti que nous mentionnerons ici en contraste avec Keeper de Guillaume Senez. Tous deux explorent le même sujet sous un angle éminemment différent et singulier. Deux œuvres, d’une certaine façon, complémentaires. Alors que BangGang mettait en valeur toute la débauche possible et inimaginable d’une vie d’ado, Guillaume Senez propose une autre approche, peut-être plus authentique – plus sensible en tout cas -, en évoquant l’amour et la parenté, tout en s’attaquant particulièrement à la construction de la cellule familiale. Dans ses intentions, il affirme rechercher la « justesse de jeu dans une forme cinématographique réaliste », et c’est un pari réussi : il y a une réelle sensation de simplicité, tant dans les dialogues que dans la réalisation, et quelque chose de très épuré, parfois presque froid, ressort de Keeper, mettant considérablement en valeur le jeu des acteurs – nous retiendrons tout particulièrement celui de Kacey Mottet Klein (dans le rôle de Maxime, personnage principal dont nous suivons l’histoire tout le long du film), qui est pour le moins touchant bien que parfois maladroit.

En abordant ce récit sous l’angle de la paternité, c’est le parcours émotionnel de Maxime qui est mis en exergue. Un choix (plus) rare, raconté de manière intelligente, pertinente et intéressante. Maxime convainc Mélanie (Galatea Bellugi) de garder un enfant dont ils sont trop jeunes, trop immatures, trop perdus, c’est certain, pour être responsables, en tout cas aux yeux de leur famille respective. Plusieurs solutions s’offrent à eux : avorter, l’abandonner ou assumer cet enfant ? Keeper retrace une histoire d’amour actuelle, crédible, unique, avec les conséquences qu’elle engendre. Un film intelligent, qui parle de la vie, de l’envie, du désir mais aussi de la frustration, la perte, l’impuissance, tout ceci à travers un prisme social et humain. 7/10

CONTRE – Senez assume pleinement ses intentions : faire un film sans message et laisser le spectateur se forger son propre avis. Honnête. Pour mettre en scène son premier long-métrage, il a laissé beaucoup de liberté à ses (jeunes) comédiens. L’idée était de leur donner des indications, des éléments clés de chaque scène et de les laisser s’exprimer sans dialogues trop écrits. Courageux. Mais risqué. Cette simili-improvisation peut parfois aboutir sur des petits miracles. Elle accouche aussi fréquemment d’objets filmiques assez bancals. Malheureusement, Keeper ferait plutôt partie de cette seconde catégorie. Chez Guillaume Senez, la magie n’opère pas. Avec des personnages insuffisamment fouillés et un scénario qui butine ses sujets sans jamais les approfondir, sa première réalisation s’enlise dans une banalité handicapante. Regrettable. 

À la force d’une narration dense celui-ci semble avoir préféré la sobriété d’une intrigue épurée et le regard neutre. Les rares beaux moments, soulignés d’une bande-originale plaisante, ne parviennent pas à faire oublier les nombreuses maladresses (notamment dans le montage). Les scènes se suivent, sans véritable liant, dans un pseudo-naturalisme insipide qui attriste plus qu’il n’agace. Le spectateur, lui, se demande si la sincérité et l’humilité d’une démarche suffisent à susciter l’indulgence. Après quatre-vingt-dix minutes peu mémorables, la réponse reste incertaine… Il faudra attendre le second long-métrage pour savoir si la chrysalide passe le cap de la mue.  3/10

La fiche

affiche_Keeper

KEEPER
Réalisé par Guillaume Senez
Avec Kacey Mottet Klein, Galatéa Bellugi, Catherine Salée…
Belgique, France – Drame
Sortie : 23 Mars 2016
Durée : 91 min

RédactionPOUR : Anne ; CONTRE : ТНОМ РЯИ




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