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FOXCATCHER

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Petite déception

Lorsque le médaillé d’or olympique Mark Schultz est invité par le riche héritier John du Pont à emménager dans sa magnifique propriété familiale pour aider à mettre en place un camp d’entraînement haut de gamme, dans l’optique des JO de Séoul de 1988, Schultz saute sur l’occasion : il espère pouvoir concentrer toute son attention sur son entraînement et ne plus souffrir d’être constamment éclipsé par son frère, Dave. Obnubilé par d’obscurs besoins, du Pont entend bien profiter de son soutien à Schultz et de son opportunité de « coacher » des lutteurs de réputation mondiale pour obtenir – enfin – le respect de ses pairs et, surtout, de sa mère qui le juge très durement.

Lutte oedipienne.

Le mois de janvier est souvent une période faste pour les prétendants à la célèbre statuette hollywoodienne. Reparti de Cannes avec le prix de la mise en scène pour Bennett Miller (Truman Capote, Le stratège), Foxcatcher faisait rapidement figure de sérieux challenger et s’annonçait déjà comme l’un des films les plus attendus de ce début d’année.

S’inspirant de faits réels, Foxcatcher raconte l’histoire de deux frères lutteurs, Mark et Dave Schultz, recrutés par un milliardaire « philanthrope » passionné par ce sport de combat, John Du Pont. La relation qui se tissera entre eux deviendra de plus en plus malsaine jusqu’à un dénouement tragique ayant défrayé la chronique.  

La métamorphose de Steve Carrell avait, dès les premiers retours cannois, déclenché l’enthousiasme dans la presse et sur les réseaux sociaux. Il faut dire que celle-ci est plutôt réussie et ne devrait logiquement pas laisser insensible l’Académie. En effet, le rendu à l’écran est assez troublant, l’acteur réussissant à instaurer par sa seule présence un véritable malaise auprès des protagonistes du film comme chez le spectateur, témoin de scènes parfois embarassantes – la plus marquante étant celle où Du Pont essaie d’impressionner sa mère en dispensant quelques rudiments de la lutte face à une assemblée terriblement gênée. Cet inconfort latent est l’un des atouts de ce film qui n’a pas peur de se rendre mal-aimable.  

Inconfort et lutte… contre l’ennui.

Ceci dit, à cause d’un récit qui aurait parfois pu être épuré de certains passages peu intéressants, Foxcatcher peine à maintenir notre intérêt et à déclencher l’empathie. Du Pont est un monstre d’antipathie mais les deux frères ne sont pas en reste. Miller donne même l’impression d’exécrer l’ensemble de ses personnages, des frérots franchement benêts à la bien détestable mère du richissime « bienfaiteur », responsable d’une grande partie des maux de ce grand enfant repoussant assis sur une montagne de billets verts.

Foxcatcher ne serait-il donc pas un film misanthrope assez mollasson ? Celui qui s’annonçait comme l’un des incontournables de cet hiver 2015 s’avère être une relative déception. N’était-il pas à la hauteur de sa trop élogieuse réputation ? Difficile à dire. Le fait est que le film souffre d’un manque de rythme criant et de plusieurs coups de mou qui empêchent la tension de s’établir autrement que par salves répétées. Subsistent toutefois un ressenti peu anodin et une paire de scènes franchement remarquables. À découvrir donc.

La fiche

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FOXCATCHER
Réalisé par Bennett Miller
Avec Channing Tatum, Steve Carell, Mark Ruffalo…
Etats-Unis – Drame
Sortie en salle : 28 Janvier 2015
Durée : 134 min




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tinalakiller
9 années il y a

Je suis d’accord avec toi. On aurait pu avoir un grand film mais c’est trop long, trop lent, trop répétitif. Heureusement que la seconde partie relève le niveau tout comme l’excellent trio d’acteurs…

Vincent
9 années il y a

je suis d’accord avec ta critique, surtout la lutte… contre l’ennui. Déception pour moi aussi.

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