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FIVE

2
Embarrassant

Cinq amis d’enfance rêvent depuis toujours d’habiter en colocation. Lorsque l’occasion d’emménager ensemble se présente, Julia, Vadim, Nestor et Timothée n’hésitent pas une seule seconde, surtout quand Samuel se propose de payer la moitié du loyer ! A peine installés, Samuel se retrouve sur la paille mais décide de ne rien dire aux autres et d’assumer sa part en se mettant à vendre de l’herbe. Mais n’est pas dealer qui veut et quand tout dégénère, Samuel n’a d’autres choix que de se tourner vers la seule famille qu’il lui reste : ses amis ! 

SuperLourd.

Un « excellent film de potes », une « hilarante comédie générationnelle », un « Friends à la française » … Très vite – trop vite -, les formulations toutes faites et autres adjectifs mélioratifs sont apparus à la file indienne pour saluer, dans une liesse quasiment unanime, Five comme le « renouveau » du feel-good movie hexagonal. Il faut dire qu’à l’heure où la comédie française agonise dans d’atroces souffrances, le moindre projet susceptible de réveiller une originalité tristement endormie ressemble à un mirifique oasis en plein désert. Mais point de mirage (ou de miracle) dans ce premier film calibré pour cartonner grâce à un buzz savamment orchestré : Five n’est qu’une nouvelle perle à enfiler sur un collier déjà bien garni, une énième goutte d’eau destinée à faire déborder le vase.

Il serait facile (et vain) d’épingler tous les défauts du long-métrage comme des papillons sur un tableau de chasse en argumentant notamment autour d’une mise en scène fonctionnelle (malgré deux tentatives – dont une en caméra subjective – bienvenues) ou d’un montage hasardeux. Ainsi, comment espérer une certaine audace formelle et un réel goût du risque quand l’écriture s’arrête à un tel niveau d’indigence et d’approximation(s) ? Loin d’étonner par son absence de personnalité ou sa banalité visuelle, Five concentre, au contraire, tous les problèmes inhérents à un genre ayant oublié d’inventer des histoires, de forger des caractères et de dépasser les stéréotypes.

Alors que ces cinq amis devraient nous faire rire et nous émouvoir avec leurs déboires quotidiens, ils sont réduits à des figures caricaturales, proches, pour certains, de l’ectoplasme (l’affreux personnage du « copain black », représentant d’une minorité, qui enchaîne les conquêtes d’un soir). L’esprit de groupe, essentiel dans la chronique amicale, n’existe donc jamais, dissimulé derrière un héros omniprésent (le toujours parfait Pierre Niney) et un comparse encombrant (François Civil, peu aidé par un rôle cliché).

Aussi embarrassante que ridicule, l’intrigue ne devient alors qu’un vaste prétexte pour relier les pièces d’un puzzle éclaté de part en part, laissant éclore quelques saillies humoristiques outrageusement inspirées par la comédie américaine. Mais Igor Gotesman a beau adorer les longs-métrages de Judd Apatow et avoir (probablement) vu Supergrave des dizaines de fois, sa transposition parisienne ne génère qu’ennui et malaise à force de tendre une corde au bord de la rupture.

Dans cette volonté de « décomplexion » absolue, les running-gags scatologiques de la pire espèce et la vulgarité finissent par s’apparenter à une norme donnant au « vent de fraîcheur » qui nous est vendu un arrière-goût détestable. À sa façon, Five est à la comédie française ce que Deadpool est actuellement aux films de super-héros : un dernier-né exhibé et loué pour sa « fun-attitude » alors qu’il porte en lui les mêmes stigmates que ses aînés, ceux d’un cinéma faussement moderne, définitivement rédhibitoire.

La fiche

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FIVE
Réalisé par Igor Gotesman
Avec Pierre Niney, François Civil, Igor Gotesman…
France – Comédie lourdingue
Sortie : 30 Mars 2016
Durée : 111 min




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