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FIGHT CLUB

Le narrateur, sans identité précise, vit seul, travaille seul, dort seul, mange seul ses plateaux-repas pour une personne comme beaucoup d’autres personnes seules qui connaissent la misère humaine, morale et sexuelle. C’est pourquoi il va devenir membre du Fight club, un lieu clandestin ou il va pouvoir retrouver sa virilité, l’échange et la communication. Ce club est dirigé par Tyler Durden, une sorte d’anarchiste entre gourou et philosophe qui prêche l’amour de son prochain.

Film coup de poing.

Célébrer aujourd’hui Fight Club comme l’un des films cultes des années 1990, c’est ne prendre aucun risque. Pourtant, lors de sa sortie, en 1999, prendre son parti était bien moins consensuel. Euphémisme.

Lorsqu’il débarque sur les grands écrans, le quatrième long-métrage de David Fincher sent le soufre. Parce qu’il est question d’un club clandestin dans lequel des hommes tentent de recouvrer leur virilité défaillante à coups de poings, certains critiques ont vu dans l’adaptation du roman de Chuck Palahniuk un film fasciste. Une accusation qui témoigne bien de l’incompréhension d’une partie du public face à une intrigue ouvrant à diverses interprétations et mille hypothèses.

Fight Club ne repose pas sur le culte de la force et tourne plutôt en ridicule les velléités masculinistes. « L’instinct animal et l’esprit dominateur qui ont fondé nos sociétés sont aujourd’hui parfaitement nuisibles. Pour que l’espèce humaine perdure, il faut plutôt à l’homme des qualités féminines », déclarait ainsi David Fincher dans les pages de L’Express à l’époque.

« Ça s’passe à Manhattan dans un coeur. Il sent monter une vague des profondeurs. Pourtant j’ai des amis sans bye-bye. Du soleil, un amour, un travail. » Palahniuk ? Non : Souchon dans sa chanson Ultra moderne solitude. Mais le point de départ de Fight Club est le même : une forme de mal-être occidental, de profonde déprime, de perte de repères. Le roman, comme le film, passe cela à la moulinette cynique et l’arrose au vitriol. Ils dézinguent la société de consommation et castre l’obsession de la masculinité prétendument enfuie. Au figuré, comme au propre, avec ce personnage secondaire qui, à force de se gaver de testostérone s’est mis à sécréter trop d’oestrogènes. Une ironie qui se répand tout au long d’un film qui, s’il fallait le situer sur un plan idéologique, se trouverait plutôt du côté de l’anarchisme (quoique les avis divergent sur ce point).

Indéniablement provocateur, Fight Club a été un échec commercial à sa sortie aux Etats-Unis. Il s’est rattrapé à l’international (un million d’entrées en France) et a conquis ses galons cultes avec ses éditions en DVD. Le revoir dix-huit ans plus tard dans les salles obscures permet de se faire une idée de l’uppercut qu’il a pu représenter à sa sortie, quand voir des gratte-ciel exploser relevait encore du domaine de la fiction.


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