Cannes 2019

CANNES 2019 | La sélection du 72e festival, sous le signe de la parité

A moins d’un mois avant le début de la 72ème édition du Festival de Cannes, Thierry Frémaux, délégué général du festival, accompagné par Pierre Lescure, le président du festival, ont dévoilé ce jeudi 18 avril les futurs candidats à la Palme d’Or, lors de la traditionnelle conférence de presse. Une édition placée sous le signe de la féminité, puisque le festival s’engage à la parité au sein de ses sélections, et fait la part belle à ses réalisatrices. L’occasion pour Cannes de rendre un ultime hommage à la regrettée Agnès Varda, figure emblématique du Festival de Cannes, qui incarne à elle-seule cet insatiable désir de création. C’est à Alejandro Gonzalez Inarritu, président du jury, que reviendra la lourde tâche du palmarès. Une sélection officielle qui s’annonce « romantique et politique », et qui fera la part belle au cinéma de genre : zombies, gangsters et manipulations génétiques envahiront la Croisette du 14 au 25 mai prochain.

Zombies et Gangsters

Si l’annonce n’avait plus rien de réellement surprenant, on sait désormais avec certitude que Jim Jarmusch ouvrira cette édition avec The Dead Don’t DieAprès les vampires déprimés d’Only Lovers Left Alive, Jarmusch s’attaque à la figure mythique du zombie dans une comédie horrifique au casting cinq étoiles : Bill Murray, Tilda Swinton, Adam Driver ou encore Chloë Sevigny parmi tant d’autres. Nouvelle tradition oblige, le film d’ouverture sortira le même jour sur les écrans français. Une ouverture en grand pompe qui promet d’apporter un vent de fraîcheur au Festival. L’occasion ainsi de débuter les festivités avec panache.

The dead don't die
La mafia sera aussi mise à l’honneur avec Il Traditore de Marco Bellocchio. Biopic retraçant le parcours invraisemblable de Tommaso Buscetto et du traffic d’héroïne à New-York à travers des pizzerias tenues par des émigrés siciliens, Le Traître marque la septième apparition du cinéaste italien en sélection officielle. Dix ans après Vincere, le cinéaste italien nous plonge cette fois au coeur des années 80 et évoque l’omerta autour du code d’honneur, dans le milieu des mafiosas.

Amour, Gloire et Douleur

Grand retour sur la Croisette après avoir remporté le Grand Prix en 2016 avec Juste La Fin du Monde, Xavier Dolan revient avec Matthias et Maxime. Après une incursion dans un cinéma plus hollywoodien avec Ma Vie avec John F. Donovan, le jeune réalisateur québécois présente son huitième film dans lequel il s’entoure d’Anne Dorval, qu’il dirige déjà pour la quatrième fois depuis J’ai tué ma mère. Matthias et Maxime conte l’histoire de deux meilleurs amis qui n’avaient pas réalisé leur préférence pour les hommes, celle d’une amitié bouleversée par un amour naissant. Un retour aux sources et à des thématiques chères à Xavier Dolan, dans lequel il aborde frontalement la question de l’homosexualité. À la fois réalisateur et acteur, Matthias et Maxime pourrait peut-être (enfin) offrir la palme d’or à l’enfant du Festival de Cannes.

Autre grand nom tant attendu de cette sélection, Pedro Almodovar retrouve le chemin du Festival avec Douleur et Gloire, que l’Espagne a déjà eu la chance de découvrir sur grand écran. Président du jury en 2017, le réalisateur hispanique revient avec un long-métrage introspectif, qui retrace le parcours d’un acteur sur le déclin et questionne son rapport à la mort et à l’incapacité de créer. Si le film n’est pas une autobiographie à proprement parler, Almodovar avoue volontiers avoir injecté une part importante de lui-même dans ses personnages. L’occasion de retrouver à l’écran Penelope Cruz après Everybody Knows l’année dernière, entourée par Antonio Banderas et Cecilia Roth.

Ira Sachs n’en est pas à son coup d’essai, mais se retrouve pour la première fois nommé en sélection officielle, après avoir longtemps écumé le festival de Sundance. Délaissant les Etats-Unis pour un casting français, le cinéaste new-yorkais s’entoure d’Isabelle Huppert, qu’on avait vu à Cannes pour la dernière fois en 2017, chez Michael Haneke dans Happy End, ainsi que de Jérémie Rénier (L’Amant Double de Ozon). Frankie raconte le déchirement de trois générations lors d’une journée de vacances à Sintra, au Portugal. Le cinéaste continue d’explorer l’implosion de la sphère privée, dans un nouveau drame familial.

Cinéma politique et social

Sans grande surprise, Ken Loach foulera à nouveau le tapis rouge avec son nouveau film Sorry We Missed You. Après avoir remporté la Palme d’Or en 2016 avec Moi, Daniel Blake, le réalisateur britannique revient avec un film social fort, dans lequel il traite de la précarité d’une famille, confrontée à l’uberisation des transports. Ken Loach, du haut de ses 81 ans, est un habitué du festival et ne manquera pas, encore une fois, d’allier cinéma et politique, dans un pamphlet en faveur des oubliés du système.

Sorry we missed you
 

Après avoir fait l’ouverture du Festival de Cannes en 2017 avec les Fantômes d’Ismaël, qui explorait les affres du deuil, Arnaud Desplechin adapte dans Roubaix, Une Lumière un sinistre fait divers. Deux jeunes toxicomanes, interprétées par Sara Forestier et Léa Seydoux assassinent froidement leur voisine de 73 ans. Le cinéaste filme Roubaix, sa ville de coeur, à travers le récit du commissaire Daoud, confronté à un monde en crise. Après avoir écumé la Quinzaine des réalisateurs avec Trois Souvenirs de ma Jeunesse il y a quatre ans, 2019 pourrait peut-être être l’année de Desplechin.

Les femmes à l’honneur

Thierry Frémaux promettait une 72ème édition plus paritaire. On se réjouit ainsi de retrouver Céline Sciamma dans cette sélection officielle. Cinq ans que Portrait de la Jeune Fille en Feu se faisait attendre. La réalisatrice revient avec une fresque d’époque, centrée au XVIIIe siècle, dans laquelle elle évoque “le présent d’un amour vécu, mais aussi sa longue résonance en nous, qui console de l’avoir perdu”. Dix ans après son premier film, La Naissance des Pieuvres, Céline Sciamma retrouve Adèle Haenel, avec laquelle la cinéaste continue d’explorer les sentiments, cette fois dans un cadre historique.

Little Joe

Si nous comptions encore sur Alice Winocour et son Proxima lors de notre tour d’horizon, on se réjouira de trouver dans cette sélection un autre film de science-fiction réalisé par une femme. Après avoir été sélectionnée dans la catégorie Un Certain Regard avec Amour Fou en 2015, la réalisatrice autrichienne Jessica Hausner intègre cette année la sélection officielle avec Little Joe, réunissant Ben Whishaw et Emily Beecham. Mutations génétiques seront au cœur de ce récit énigmatique, dans lequel des plantes génétiquement modifiées provoqueront des changements étranges sur ceux qui les approcheront. Le style contemplatif de sa réalisatrice brouillera les pistes entre rêve et réalité, et sera sans doute la curiosité de cette sélection.

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