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FAST & FURIOUS 7 | Mauvais poisson d’avril

La franchise Fast & Furious ne s’est jamais distinguée pour son originalité ou sa qualité artistique. Lancée il y a presque quinze ans par Rob Cohen, celle-ci n’était destinée qu’à toucher les adolescents en mal de sensations fortes et les lascars au rabais excités de voir leurs idoles rouler des mécaniques en se jouant de la loi. Alors qu’elle roulait gentiment vers l’oubli, pour finir sa course sur les étagères du dernier vidéo-club de la région parisienne, la furieuse saga a attiré sur elle une attention dépassant la fidèle fan-base suite à la disparition tragique de Paul Walker. Rapidement, la production a décidé d’aller au bout de ce tournage retardé par la mort brutale de son comédien principal dans un accident et de shooter les scènes manquantes par le biais d’une reconstitution numérique en collaboration avec ses deux frères. Tout cela, bien sûr, pour « dire au revoir » à leur ami Paul. 

Marketing cynique et hallucination collective

Comment ne pas voir là-dedans une cynique stratégie marketing ? Le décès de l’acteur avait offert un coup de projecteur supplémentaire sur cet énième opus d’une marque artistiquement à l’agonie. Le produit Fast & Furious n’avait jamais enthousiasmé, voilà que ce septième épisode allait devenir l’objet d’une attente disproportionnée. Tandis que les premiers échos surexcités suscitaient la méfiance et que Vin Diesel s’imaginait déjà un Oscar à la main, la question méritait d’être posée : James Wan allait-il ressusciter Fast & Furious ou l’enterrer définitivement ?

Rapidement, on se dit que les responsables de ces critiques élogieuses ont été frappés par une hallucination collective. Dans ce 7e chapitre, rien n’a changé. Et c’est bien là où le bât blesse. Intrigue bordélique et rocambolesque, cascades ahurissantes d’invraisemblance, course-poursuites prétextes, séquences d’émotion ratées, acteurs ayant passé plus de temps dans les salles de muscu qu’en cours de théâtre… avec F&F, le coeur de cible est évident : les décérébrés. 

Spectaculaire et divertissant ne sont pas des synonymes.

J’entends déjà les cris de révolte de spectateurs ayant apprécié le voyage, me taxant de « snob » ou de rabat-joie incapable d’apprécier un spectacle pour ce qu’il est. Mais Fast 7 est-il spectaculaire ? Concédons le. Comme dans Taxi, les voitures volent (de gratte-ciel en gratte-ciel). Comme dans Expendables, les épaules sont larges et les coups pleuvent tandis que les bolides (et les hommes) résistent aux chutes de plusieurs étages. Comme Tom Cruise, Paul Walker joue les équilibristes au bord du vide. Comme John McClane, tandis que Vin Diesel essaie de dézinguer un hélico avec sa bagnole. Un sacré pot-pourri que ce film tapageur qui se cherche des références sans jamais parvenir à les tutoyer. 

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Il faut bien reconnaître que les scénaristes n’ont pas froid aux yeux et embrassent généreusement l’adage « Plus c’est gros, plus ça passe ». Le problème, c’est que ça ne passe pas. Du tout. Un film peut être spectaculaire et complètement échouer à être divertissant. À moins d’avoir subi une lobotomie, comment ne pas se perdre dans les trous béants d’un scénario incessamment meublé à grands coups de répliques machos-LOL et de petits culs qui se trémoussent sur du mauvais son et des prises de vue clipesques. Car, au visionnage de FF7, vous aurez souvent l’impression d’avoir zappé par mégarde sur MTV Trace. Comment arriver à apprécier des scènes d’action « à couper le souffle » lorsque la réalisation n’est jamais vraiment à la hauteur ? 

Vous aimez les bolides ? Fast and Furious 7 n’est pas le film qu’il vous faut. Aussi divertissant qu’un dimanche au salon de l’auto, le dernier opus de la saga ne mérite ni votre temps ni votre argent.

L’hommage opportuniste vire au fiasco…

Si les producteurs (et le casting) ont voulu rendre hommage à leur compère disparu, on ne peut pas dire que celui-ci soit des plus réussis. Avec sa reconstitution numérique rappelant quelques cinématiques de jeu-vidéo, Paul Walker ne ressuscite pas à l’écran. Difficile de ne pas voir les scènes tournées à posteriori tant la supercherie saute aux yeux – il reste des progrès à faire avant d’utiliser cette technologie de manière crédible.

Plus regrettable encore, cet épilogue d’une balourdise absolue. Le méchant vient d’être coffré, la bande fête ça et se réunit sur la plage. Chacun y va de sa petite réplique bien-pensante, les violons résonnent et un flash-back débute. Digne d’un montage de Youtubeur, les cinq dernières minutes nous affligent d’un hommage aussi vilain qu’obsolète – fait-on encore du cinéma ainsi en 2015 ? – semblant signifier aux fans qu’il est temps de dire au revoir… Sauf si le succès est au rendez-vous, bien sûr. L’argent motive toujours les suites illégitimes.

Chantage émotionnel franchement opportuniste, ce final de bien mauvais goût reflète la médiocrité d’une franchise artistiquement atrophiée. Triste à en pleurer ? Certainement. Pas pour des raisons liées au deuil mais plutôt à ce faux « bon film d’action » qui ressemble à s’y méprendre à un mauvais poisson d’avril.

La fiche

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FAST & FURIOUS 7
Réalisé par James Wan
Avec  Vin Diesel, Paul Walker, Jason Statham…
Etats-Unis – Film de bourrins
Sortie en salle : 1er Avril 2015
Durée : 137 min




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9 années il y a

[…] ont réussi à accoucher d’un modèle unique de spectateur : celui qui va s’extasier devant Fast and Furious 7. En effet, sans vouloir ni stigmatiser ni généraliser, constatons que le public actuel a […]

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