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EXODUS

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Péplum désincarné

L’histoire d’un homme qui osa braver la puissance de tout un empire. Ridley Scott nous offre une nouvelle vision de l’histoire de Moïse, leader insoumis qui défia le pharaon Ramsès, entraînant 600 000 esclaves dans un périple grandiose pour fuir l’Egypte et échapper au terrible cycle des dix plaies.

Exode manqué.

En 2014, qui doute encore de l’immense talent de metteur en scène de Sir Ridley Scott et de sa faculté à s’entourer des meilleurs techniciens ? Pas grand monde. Le bonhomme est responsable de nombreux grands films et d’incontournables fresques historiques. Toutefois, il subsiste toujours un point noir dans sa filmographie, de plus en plus évident ces dernières années. Le cinéaste a eu trop souvent tendance à négliger la fiabilité de ses scénaristes ou à effectuer des choix pas toujours judicieux lorsque des coupes en post-prod lui était imposées. Kingdom of Heaven avait été bien charcuté au montage (avant de renaître plus tard via le director’s cut) tandis que Prometheus s’était enfoncé dans les abysses de l’idiotie scénaristique, gâchant à mi-parcours ce qui aurait pu être un grand film. Seul Cartel avait su unir un matériau littéraire brillant à sa patte technique et son courage artistique. Malheureusement, ce film courageux et exigeant n’avait conquis ni le public ni la critique.   

Quid donc de cet Exodus : Gods and Kings sortant pour les fêtes alors que Scott annonce déjà avoir sous le coude une version longue ? Celle que vous verrez sur les écrans pour Noël n’est en tout cas pas satisfaisante. Techniquement aboutie, Exodus ne dépasse pas le statut d’illustration cinématographique formellement soignée mais terriblement désincarnée. Manquant d’âme comme d’épaisseur, le film ne fait pas naître la moindre émotion, la faute à un récit précipité – survolant les étapes phares du destin de Moïse – et à une écriture très superficielle des personnages. La relation Ramsès-Moïse, pourtant au centre de cette mythologie, parait traitée par-dessus la jambe, gâchant ainsi toute la dimension dramaturgique de ce récit fondamentalement passionnant. Les péripéties s’enchaînent bien trop rapidement, le spectateur restant trop régulièrement sur le bord du chemin poussiéreux.

Les grandes tirades et les gesticulations de Christian Bale n’y feront rien, le constat s’impose de lui-même. Clairement, Scott et les décideurs ont sacrifié l’émotion et la psychologie sur l’autel du spectaculaire. Le fond négligé au profit de la forme. La grandiloquence sans le souffle épique. Les images sans les enjeux. La déception et l’ennui plutôt que l’enthousiasme.

Exodus renaîtra-t-il, lui aussi, en version longue ? Rien n’est moins sûr.

La fiche

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EXODUS : GODS AND KINGS
Réalisé par Ridley Scott
Avec Christian Bale, Joel Edgerton, John Turturro…
Etats-Unis, Espagne – Péplum, Action
Sortie en salle : 24 Décembre 2014
Durée : 150 min

Nos photos de l’AVP événement #ExperienceExodus




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9 années il y a

[…] EXODUS – Ridley Scott […]

Sorel
9 années il y a

Complètement d’accord avec toi. Nous avons mis, je crois, la même note. Manque de souffle et d’âme. Je l’ai trouvé raté même si visuellement splendide. Too bad.

mickael
mickael
9 années il y a

Une belle réalisation en effet…mais comme tu le dis si bien, pas de réelle émotion, un scénario mal conduit, qui sonne creux ( surtout la relation Ramses / Moïse )… Cela rend l’ensemble superficiel, dommage.

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