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DETACHMENT

6
Assez bon

C’est le premier jour pour Henry Barthes, professeur remplaçant, nouvellement muté dans un lycée difficile de la banlieue new-yorkaise. Ses élèves ont peu d’ambition à l’exception de la jeune Meredith, délaissée par ses camarades et qui trouve en la photographie un moyen d’expression et d’évasion. Hors des murs de l’école, Henry rencontre Erica, une jeune fille de la rue qu’il décide de prendre sous son aile…

Treize ans après le marquant American History X, Tony Kaye revient avec un nouveau film d’ordre social et moral, lui qui aime s’intéresser à ces questions. Sorte de journal intime du prof, à mille lieux stylistiquement et scénaristiquement d’Esprits Rebelles ou Entre les Murs, Detachment brosse le portrait assez désespéré (et désarmant, pour moi) d’une civilisation embourbée  dans une crise de la culture et du modèle parental qui désempare chaque jour un peu plus des enseignants broyés par une institution qui se désolidarise de ses éléments. Tony Kane pose un regard désabusé – et parfois grossier ou misérabiliste – sur les décombres d’un système éducatif à l’agonie – dans l’indifférence la plus totale, nos dirigeants préférant s’occuper à sauver le système monétaire.

Cette histoire est avant tout celle d’un homme perdu, qui souffre et qui essaie de fuir les vrais problèmes de son existence en s’imposant un détachement systématique dans chaque situation auquel il est confronté personnellement et professionnellement. Mais derrière ce bouclier invisible se terre un jeune homme qui n’a jamais véritablement évacué la disparation brutale de sa mère. Cette mort le hante, lui et son grand père qu’il visite fréquemment alors que le vieil homme, sénile, ressasse sans cesse ses remords concernant sa fille. Car il n’est pas question seulement d’éducation mais également de famille, de parentalité. La rencontre que fera Henry avec la jeune Erica (campée par la prometteuse Sami Gayle) va bousculer son petit ordre établi et l’obliger à affronter sa propre vie, à ne plus vivre tel un anonyme qui traverse sa propre vie. Tony Kaye offre le premier rôle à un Adrian Brody investi corps et âme dans ce personnage d’écorché vif détaché et sensible.

D’après un script de Carl Lund, lui-même enseignant, Tony Kaye parvient à donner vie à tous les personnages de son film, nous intéresse à leur destin, leurs désillusions et leurs désirs d’exister. Il faut dire que pour ses seconds rôles, il a réuni autour de jeunes acteurs débutants (Sami Gayle et sa fille Betty Kaye notamment) des valeurs sûres telles que l’irrésistible James Caan, la craquante Christina Hendricks, mais aussi Lucy Liu, Marcia Gay Harden ou encore Bryan Cranston.

Ce troisième métrage de Tony Kaye est à considérer une œuvre d’art. Stylisée, poétique, accrocheuse et parfois dérangeante, elle confronte à des questions importantes autour de l’éducation et de la famille. Et comme toute œuvre d’art, elle a parfois certains excès, qui pourront en rebuter certains.  


TONY KAYE | USA | 97 MIN | 1ER FÉVRIER 2012 | ADRIAN BRODY, LUCY LIU, C. HENDRICKS, SAMI GAYLE




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Jujulcactus
12 années il y a

J’ai juste lu ta petite conclusion en gras, et wahoo ça me rassure, c’est un des films que j’attends le plus, j’ai trop trop trop trop trop envie de le voir, faut faire attention parfois quand on attend trop un film c’est la déception, alors je me calme … Toi tu n’as pas à attendre tu vois beaucoup de films en avant-premières, tu en as bien de la chance !!! :p

wilyrah
Répondre à  Jujulcactus
12 années il y a

Je n’en attendais pas grand chose et j’ai apprécié la beauté de certaines séquences, la poésie et les sujets abordés.

Amelie
12 années il y a

Je l’attends depuis longtemps, il m’intrigue depuis son passage à Tribeca en avril 2011… mais malheureusement je ne l’avais pas mis sur ma liste prioritaire à l’époque. Je crois d’ailleurs me rappeler qu’il avait été immédiatement acheté par un distributeur français au moment du festival, ce qui explique qu’il sorte 1 mois plus tôt en France qu’aux US.

Anne-So
12 années il y a

Il sera projeté en AP au festival Ramdam en Belgique en compagnie d’Adrian Brody himself. J’ai hâte, surtout que c’est le premier long de Tony Kaye depuis l’excellent American History X

Wilyrah
Répondre à  Amelie
12 années il y a

Pour une fois que les français sont privilégiés. 🙂

Wilyrah
Répondre à  Anne-So
12 années il y a

Il ne faut pas rater cet évènement alors ! 🙂

ASBAF
12 années il y a

Ouep le film a une grosse cote aux States. Même le docu de Kaye sur l’avortement était coolos, le type est doué.

Wilyrah
Répondre à  ASBAF
12 années il y a

Il faudra que je le vois alors ce fameux docu 😉 Thanks Vincent !

neil
12 années il y a

Je l’ai vu également et n’ai, une fois de plus, pas la même grille de lecture que toi. Je trouve que les situations sont caricaturales et que le réalisateur ne fait pas dans la demi-mesure. Même si les acteurs et les actrices sont très bons, j’ai du mal avec cette façon grossière de marteler son propos.

mymp
12 années il y a

NON, NON, NON ET NON ! Ce film est une honte, une merde, un étron, ce film est une des plus grosses bouses que j’aie jamais vu, je le conchie, je lui vomis à la gueule. Ça pue le pathos outrancier, c’est racoleur (sur 1h40 de film, 1h30 avec de la musique dégoulinante pour accentuer chaque émotion lourdingue), vulgaire, putassier, et la mise en scène pseudo arty n’a finalement rien d’original. De plus, le discours sur le système éducatif américain est creux, survolé, superficiel. A FUIR.

Wilyrah
Répondre à  mymp
12 années il y a

J’attendais ton intervention Michael. Fred m’avait dit à quel point tu avais détesté.
Je peux comprendre que ça agace ou déplaise. De là à associer ça à une bouse, je pense que tu devrais revoir l’utilisation de certains termes de la langue française.

J’ai trouvé Black Swan minable, je lui « vomis à la gueule » également, je trouve ça racoleur, vulgaire, putassier et que l’ensemble n’a rien d’original. Pour autant est-ce que je dis que c’est une merde ?
Donc ton commentaire te permet de te défouler et de crier très ton désamour de ce film. Je peux le comprendre, ça m’arrive également. Mais je ne pense pas qu’il soit possible de débattre avec toi sur le sujet 😉

Wilyrah
Répondre à  neil
12 années il y a

Je ne trouve pas forcément le propos original. C’est davantage la forme qui m’a plu, ainsi que les thèmes traités et l’interprétation des acteurs. Le film a eu sur moi l’effet escompté (qu’il aura pu ne pas avoir du tout, tant ça se joue à pas grand chose parfois avec ce genre d’oeuvres).

mymp
12 années il y a

J’insiste : ce film est une B-O-U-S-E, dont je rappelle ici une des définitions de la langue française qui convient parfaitement au film (argot : produit ou œuvre quelconque de piètre qualité), à moins vraiment qu’il fallût que je me remette aux leçons de vocabulaire !

Tu as le droit de dire que Black Swan n’est pas une merde en dépit de ton peu d’amour porté envers le film. J’ai donc tout autant le droit de dire que Detachment est vraiment une merde, en plus de le trouver outrancier, vulgaire et putassier.

Et pourquoi ne pourrais-je débattre du film, j’suis pas énervé d’abord ! D’ailleurs, j’ai lancé quelques pistes dans mon premier commentaire : trop trop trop de musique sirupeuse, mise en scène faussement arty mais réellement plate (quelle originalité de filmer les souvenirs en Super 8 !), discours sur le système éducatif superficiel, ton sérieux et sentencieux (voire moralisateur) qui plombe tout, plein de clichés (l’histoire avec la prostituée, d’un conformisme affligeant), émotions factices (arghh, cette scène lamentable où Brody prend la voix de sa défunte mère pour rassurer son grand-père en train de mourir avec quelques notes de piano « émouvantes » en fond sonore, c’est juste pas possible, c’est juste pathétique et à vomir tellement c’est racoleur dans l’émotion à tout prix…).

Bref, tout ce que je déteste dans un film. Et tout ce que je déteste au cinéma est réuni dans ce film. Que je déteste donc. On en discutera éventuellement de visu mercredi, tu verras qu’il est possible de débattre avec moi 🙂

Anne-So
Répondre à  Wilyrah
12 années il y a

C’est ce que je me suis dit malheureusement mon emploi du temps est hyper chargé pour le moment et je sais pas si je serai dispo le 24 (en plus c’est à Tournai, pas vraiment tout près de chez moi)

dasola
12 années il y a

Bonjour Wilyrah, je ne suis pas aussi extrême que Mymp mais moins enthousiaste que toi. Néanmoins, j’ai aussi aimé le côté docu-fiction de l’ensemble, les acteurs sont bien, rien à dire mais je n’ai pas compris ce que venait faire la jeune fille prostituée, (qu’est ce qu’elle ajoute au film?) et pourquoi, une autre se suicide à la fin. Une fois de plus, l’enseignement n’arrive pas à trouver le recul nécessaire par rapport à son métier. Qu’est ce que le film veut dire? Sinon, je ne savais pas que les enseignants aux Etats-Unis étaient aussi malmenés qu’en France. Je ne suis pas sûre que je conseillerais ce film. Bonne soirée.

Wolvy128
12 années il y a

Et bien dis donc, le film a l’air de faire vraiment débat. Personnellement, je ne l’ai pas encore vu mais la bande annonce me donne en tout cas envie 🙂

Chonchon
12 années il y a

Ouille… débat houleux ! Pour ma part… j’avoue que la scène racontée par MYMP (brody qui prend la voix de sa mère défunte…) me choque ! Si le film est de ce niveau tout du long, je comprends que certains n’aient pas du tout aimé. Bon ben… y a plus qu’à le voir pour se faire une idée !

ffred
12 années il y a

C’est sûr que le film ne laisse pas indifférent. Deux semaines après j’y pense encore. Le problème reste un scénario par trop incohérent. Il y a de belles scènes (Lucy Liu pétant un plomb sur une élève notamment, toutes celles de Marcia Gay Harden…) et d’autres totalement ridicules ou invraisemblables. Par contre c’est très réussi sur la forme. Je ne peux pas dire que je n’ai pas aimé mais je ne déteste pas non plus…

mymp
12 années il y a

De la haine non (faut pas exagérer non plus, ça reste un film), juste un profond mépris pour ce genre de films putassiers où les émotions sont imposées de force au spectateur.

trackback
12 années il y a

[…] de sa sortie, le film que j’ai pu découvrir et apprécié en avant-première (voir la critique) Le Bleu du Miroir vous propose de gagner 10 places de cinéma (5×2) pour aller le voir + 5 […]

MaxLaMenace_89
12 années il y a

J’en reviens (encore une fois merci pour ton concours 😉 )… Même si j’ai préféré American History X du même réalisateur, ce Detachment fait bougrement son effet. J’ai été toutefois perturbé par le manque de sobriété, multipliant les exercices visuels et musicaux, on est déstabilisés (surtout lors de l’ouverture). Des excès en effet, mais ça colle comme tu le précises au protagoniste principal totalement perdu. J’ai particulièrement aimé la conclusion, superbe avec sa citation d’E.A. Poe.

LIRYC
LIRYC
12 années il y a

Je ne ferai aucun commentaire sur le style ou le jeu car je ne suis pas un spécialiste; cependant ce film m’a remué les tripes à cause des émotions et sentiments qui s’en dégagent; tout en ne négligeant pas le point de vue politique sans être moralisateur. C’est tout ce que j’attends d’un film de cinéma!!!

« CHEF D’OEUVRE », merci Mr Brody!!!

trackback
10 années il y a

[…] dans la complaisance en nous plongeant dans l’univers scolaire de façon assez caricaturale (Detachment, Esprits rebelles…) ou idéalisée (Être et avoir), lorsqu’il ne tombe pas dans la […]

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