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WHY DON’T YOU JUST DIE

Marteau en main, Matvey souhaite venger sa petite amie en s’attaquant à son père, qu’elle accuse de l’avoir violée. Mais une fois arrivé au domicile familial, le jeune homme découvre que son « beau-père » est un flic, par ailleurs assez costaud, bien décidé à ne pas se laisser faire…

Critique du film

Sans doute le meilleur film de la compétition internationale du PIFFF 2019, Why Don’t You Just Die s’est vu attribuer l’Oeil d’or par les spectateurs du festival. C’est le premier long-métrage du réalisateur, scénariste et monteur russe Kirill Sokolov, dont le passé de scientifique a sans doute imprégné la précision chirurgicale de son travail de cinéaste.

Influencé par le western spaghetti (notamment les films de Sergio Leone), Sokolov multiplie les trouvailles de mise en scène, à grands coups d’inserts et de variations d’échelles, afin d’exploiter le moindre recoin de son décor quasiment unique. Les multiples angles de prise de vue ne sont jamais vains, et toujours mis au service du récit, construisant un monde cinématographique à part entière, avec ses propres lois, cruelles, comiques et cartoonesques. 

Ne jamais vendre la peau d’un Russe avant de l’avoir tué…

Rapidement, on comprend que les personnages font preuve d’une résistance physique incroyable, laquelle donne d’ailleurs son titre au film. Elle permet ainsi de répéter et de prolonger des scènes de combat extrêmement brutales, généreuses en gore, où la coupure est synonyme de geyser. Ça se fracasse des postes de télévision sur le crâne, ça se plante des couteaux dans le ventre, ça se plombe à coup de fusil, ça se cogne la tête contre un angle, mais comme dirait l’autre, ils sont toujours vivants. Peut-être que les Russes ont le cuir plus épais que les autres, mais quand même. L’idée est absolument géniale, car elle permet de créer de la mise en scène et du comique à partir des personnages eux-mêmes. Le film ne les oublie d’ailleurs jamais, quand bien même peut-il faire preuve d’une immense cruauté à leur égard.

Cette cruauté se retrouve également chez les personnages eux-mêmes, notamment chez le père et la fille, à l’origine des idées les plus tordues du film. Leur insensibilité fait rire autant qu’elle effraie, et leur égoïsme nourrit les pulsions cathartiques des spectateurs. L’univers déployé s’explicitant pour ce qu’il est, notamment au travers d’une photographie colorée sans être criarde, le film nous permet donc de jubiler en toute impunité. Sokolov a d’ailleurs conçu son oeuvre comme cela, y incluant même une dimension politique, notamment au travers de l’opposition entre le jeune Matvey et ce flic pourri, représentant des institutions d’Etat. Sans doute l’image du vieux fracassant un poste de télévision sur la tête du jeune n’est pas le fruit du hasard…

Le film contient donc plusieurs dimensions. Outre la comédie gore, on peut également trouver de vrais duels de western, un drame familial assez bouleversant au travers du collègue flic, et une catharsis politique à la cruauté jubilatoire. Why Don’t You Just Die était le film le plus énervé du PIFFF 2019, mais aussi le plus maîtrisé et le plus inventif. À voir absolument.


Sortie prévue le 13 mars 2020 en VOD chez Wild Side




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