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WHIPLASH

6
Assez bon

Andrew, 19 ans, rêve de devenir l’un des meilleurs batteurs de jazz de sa génération. Mais la concurrence est rude au conservatoire de Manhattan où il s’entraîne avec acharnement. Il a pour objectif d’intégrer le fleuron des orchestres dirigé par Terence Fletcher, professeur féroce et intraitable. Lorsque celui-ci le repère enfin, Andrew se lance, sous sa direction, dans la quête de l’excellence…

Tambour battant.

Dire que Whiplash était attendu par les cinéphiles est un faible mot. Reparti du festival de Deauville avec le Grand Prix ET le Prix du Public, le premier film de Damien Chazelle avait de quoi attiser les attentes. Une telle unanimité pouvait toutefois induire une certaine méfiance : quitte à radoter, il convient de se méfier des buzz de festivals.

Il faut reconnaître que la découverte de Whiplash s’accompagne d’une excitation mêlée de réserve, deux sentiments que l’on retrouvera lors du visionnage. Construit autour du morceau de jazz éponyme et de la relation conflictuelle entre un professeur de musique réputé (J.K. Simmons, épatant) et un jeune prodige de la batterie (Miles Teller, très bon), le métrage de Chazelle dégage une énergie incroyable, révélatrice d’une rage passionnée tant pour la musique que pour le cinéma. Filmé au plus près des corps, avec un soin presque fétichiste de l’image et mis en scène comme un film de guerre, Whiplash dégaine plusieurs salves de tension soutenue, atteignant des sommets de férocité. Une expérience éprouvante.

Le film souffre de nombreux coups de mou, notamment en début de deuxième heure, avec un segment de remise en question convenu et une exploration assez banale des thèmes de l’affirmation en terrain familial. Il est question de dépassement de soi, de passion dévorante mais le spectateur n’a pas toujours l’impression d’être embarqué dans cette quête dévastatrice. Il n’en reste qu’un observateur, en retrait.

Autre réserve : l’écriture du personnage de J.K. Simmons, odieux pour la beauté de l’art, qui se contente d’être un tyran proférant insultes anti-sémites et homophobes à tour de bras. Fletcher est, certes, un mentor jusqu’au-boutiste regrettant la déliquescence d’un genre musical agonisant, mais ne jamais remettre en cause sa logorrhée raciste défoulatoire reste dommageable. Le film donne même l’impression de légitimer le harcèlement moral au nom du dépassement de soi et de l’art. Le cynisme du personnage de Miles Teller, enterrant sa relation avant même qu’elle n’ait l’occasion d’éclore, rabaissant sa naïve compagne et l’éconduisant comme une mal-propre après lui avoir fait la cour pendant plusieurs semaines pose également question. Difficile donc de s’attacher à un personnage au tempérament plutôt désagréable et aux réactions souvent contestables. L’amour de la musique ne peut pas excuser toutes les failles et faiblesses scénaristiques.

La fiche

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WHIPLASH
Réalisé par Damien Chazelle
Avec Miles Teller, J.K. Simmons, Melissa Benoist…
Etats-Unis – Drame, Musical
Sortie en salle : 24 Décembre 2014
Durée : 105 min




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Jonhdoejohndoe
Jonhdoejohndoe
9 années il y a

Tu es un peu dure ! C est vrai que le comportement du prof est peu contesté mais il en subit tt de meme les conséquences ! Quand au personnage principal on ne s attarde ni sur sa famille ni sur la petite amie car sa passion pour la musique va crescendo ét plus rien autour n a d importance . J trouve justement judicieux le fait de laisser surplace ses personnages tant il est bouffé de volonté d orgueil pour réussir ! Bref tu auras compris que g adore ce film ét que je fais parti du public de Deauville qui l a plébiscite

Marla
9 années il y a

Je te rejoins sur le côté trop monochrome du personnage de JK Simmons, mais je suis tout de même très enthousiaste sur le film: http://marlasmovies.blogspot.fr/2014/12/whiplash-full-metal-jazz.html

dasola
9 années il y a

Bonjour тном ряи, je suis assez d’accord pour la note de 6: un film assez machiste avec des personnages masochistes comme celui d’Andrew. Qu’il se laisse insulter, soit mais quand son père est en butte aux insultes de Fletcher, je dis non. J’aurais porter plainte et lui aurait mis mon poing dans la figure. C’est inqualifiable. A part ça, j’ai aimé la musique et la batterie. Bonne journée (très morose sur Paris).

Sorel
9 années il y a

Bien vu ta remarque sur le harcèlement moral. Tu n’as pas tort. Le gosse a failli crever pour devenir le futur Charlie Parker de la batterie. Et pourquoi appeler le film Whiplash ? Car je crois que le derner morceau du film est « Caravan ».

bénédict
bénédict
9 années il y a

Bonsoir,

Je rejoins le commentaire JONHDOEJOHNDOE sur le comportement du prof qui semble odieux et raciste, mais le choix est justifié d’après le cinéaste. Il s’est inspiré pleinement de Full Metal Jacket pour illustrer cette relation. Si on connaît la filmographie de JK Simmons, il campait déjà un personnage non respectable dans la série OZ de Tom Fontana.

Selon moi, si Whiplash prend un certain intérêt auprès du public, c’est d’abord le fait que le cinéaste s’intéresse au rôle de batteur au sein d’un orchestre. Les mélomanes savent que le rôle du batteur est le plus important dans un groupe. Même le batteur des Rolling Stones, Charlie Watts est un fan de jazz.

De plus, Whiplash devient le deuxième film à consacrer un hommage aux batteurs à part « La vie Ardente de Gene Krupa » de Don Weis (1959) qui exposait la vie du légendaire musicien de jazz des années 40-50.

En ce qui concerne le harcèlement moral, le réalisateur nous donne la possibilité en tant que spectateur de juger si le professeur a raison ou non de le pousser jusqu’à l’excès ? D’où l’évocation de Charlie Parker tout au long du film. En réfléchissant, nombreuses célébrités que nous apprécions sont passées par de nombreuses blessures pour essayer d’atteindre la perfection passant de Michael Jackson à d’autres !

Bonne soirée 🙂

Pierre
Pierre
9 années il y a

hello
merci pour cet article et ton lien sur AlloCiné: j’ai exprimé (mais moins bien que toi) des réserves sur ce film et suis en train de me faire massacrer dans les commentaires d’Allociné.

Donc ton site et articles sont rassurants et s’ajoutent à mes Favoris.

Entre autres j’ai trouvé que la beauté formelle du film en fait oublier à certains qu’il exprime un pragmatisme moral inacceptable; confirmé par les nombreuses interviews de Chazelle: il dit et le film dit « cette méthode, ça existe, ça marche, la question est en fait de savoir si ça vaut le coup ».
donc en gros, si cela rapporte plus que cela ne coûte!

alors que moi je crois, qu’il faut condamner le méthode dés la toute première insulte, pas attendre de voir si ça marche pour savoir si c’est bien ou mal; c’est simplement mal dès le début et c’est un devoir de le dire très clairement à un moment. Reste au talent de l’artiste de s’exprimer et de le faire comme il le veut sur la forme mais sur le fonds, il faut être clair.

A partir du moment, où il est un peu ambiguë sur le jugement moral, le réalisateur devient complice de la croissance de ce mal endémique qu’est le harcèlement car Il ne condamne pas clairement la méthode.
Il ne fait pas que la montrer, il se demande juste si ça vaut le coup.

Certains vont copier ce mentor puisque Chazelle leur a dit que ça marche: le mentor n’est pas puni

Encore merci pour ton lien.
Cordialement
Pierre

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