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LE VOYAGE DE CHIHIRO

Chihiro, dix ans, a tout d’une petite fille capricieuse. Elle s’apprête à emménager avec ses parents dans une nouvelle demeure. Sur la route, la petite famille se retrouve face à un immense bâtiment rouge au centre duquel s’ouvre un long tunnel. De l’autre côté du passage se dresse une ville fantôme. Les parents découvrent dans un restaurant désert de nombreux mets succulents et ne tardent pas à se jeter dessus. Ils se retrouvent alors transformés en cochons. Prise de panique, Chihiro s’enfuit et se dématérialise progressivement. L’énigmatique Haku se charge de lui expliquer le fonctionnement de l’univers dans lequel elle vient de pénétrer. Pour sauver ses parents, la fillette va devoir faire face à la terrible sorcière Yubaba, qui arbore les traits d’une harpie méphistophélique.

Au pays des merveilles contemporaines.

L’oeuvre la plus célébrée – un Ours d’Or et un Oscar – et peut-être la plus aimée des animations de Miyazaki. Après Princesse Mononoké et un des nombreux départs en retraite finalement non-concrétisés, Le Voyage de Chihiro synthétise dans un opulent langage les thèmes chers au réalisateur, dans un contexte totalement fabuleux et allégorique. Le coté visionnaire se déchaîne grâce à la multiplicité des formes adoptées par les esprits qui habitent les thermes de Yu-baba. La musique symphonique de Hisaishi Joe est enchanteresse et se prête aussi bien à la douceur des moments intimistes qu’à l’énergie féroce des scènes d’action (Haku poursuivi dans le ciel par les petites créatures de papier animées).

Miyazaki relit Lewis Carroll – Alice aussi, en rentrant dans le terrier du lapin blanc, a vu son esprit partir en voyage (Spirited Away, selon le titre anglophone). Mais au-delà de la relecture, Le Voyage de Chihiro s’impose déjà comme un nouveau classique : un récit pédagogique contemporain, allégorie de la fin de l’enfance et de la perte sous la forme d’une fable où tous les degrés de lecture, du plus simple au plus symbolique, peuvent se croiser sans s’exclure. Pendant un certain temps, indéterminé comme les règles du monde des esprits, Chihiro vit un voyage intérieur qui pourrait être une version condensée, imagée de la vie qu’elle se destine à vivre au-delà.

Traversée de difficultés et de chagrins (la perte des êtres chers), d’hypocrisie et de cupidité (les grenouilles au service de Yu-baba), de transformations et de maturations (le Sans-visage) : amour, travail et sens des responsabilités se succèdent sous forme d’épreuves, auxquelles Chihiro est soumise afin d’acquérir une sagesse nouvelle.

Comme Dorothée revenue du monde fabuleux d’Oz, Chihiro sort plus forte de son voyage enchanté et les leçons apprises lui serviront à en affronter un autre, encore plus vaste et incertain. Dans un monde où les mauvais esprits ne portent pas de masques pour indiquer leur vraie nature.

> > > Lire aussi : Hayao Miyazaki sort de sa chrysalide.




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