featured_Us

US

La fiche
US film affiche

Réalisé par Jordan Peele Avec Lupita Nyong’o, Winston Duke, Elisabeth Moss… 
Etats-Unis Thriller – Sortie : 20 mars 2019 – Durée : 119 min

Synopsis : Des parents emmènent leurs enfants dans leur maison secondaire près d’une plage afin de se détendre et de se déconnecter. Des amis les rejoignent. Au fur et à mesure que la nuit arrive, la sérénité se transforme en tension. Lorsque des invités – qui n’étaient pas prévus – se joignent au groupe, l’agitation palpable dégénère en chaos. 

La critique du film

Avec Get out, Jordan Peele s’est fait un nom en même temps qu’il a décroché un Oscar. La première réalisation de ce comédien devenu cinéaste fut pour beaucoup une révélation, mêlant les élans horrifiques à la satire sociale pour le plus grand plaisir des observateurs ayant depuis analysé son travail en profondeur pour y trouver de nombreux éléments enfouis dans son thriller multi-couches.

Avec Us, son second long-métrage forcément plus attendu, il prouve déjà qu’il regarde devant, plutôt que de se recycler, et se montre plus ambitieux encore. Affranchi de la question raciale, Peele double cette fois sa proposition horrifique d’une allégorie, celle de la vie aux États-Unis, et parvient à être aussi viscéral dans sa perversité qu’évocateur dans sa peinture de cette société américaine où les fossés sont devenus de véritables gouffres. Intelligemment, Us rappelle par la violence de ses symboles que l’égalité des chances est le plus grand leurre du mythe américain.

Et pour ceux qui se fichent du sous-texte ? En tant que film d’horreur, Us est un ravissement à suivre tant sa mise en scène est époustouflante. Après un premier acte bouillant, le film déroule sa machine implacable tandis que Peele étale toute son insolente habileté à brosser des situations inquiétantes et étranges jusqu’à ce dernier acte complètement dingue. S’appuyant sur le remarquable travail de son chef-opérateur (Mike Gioulakis), il fait monter la tension crescendo alors que son drame familial intime se mue progressivement en une épopée de survie de deux heures qui pourrait bien devenir l’une des propositions du genre les plus marquantes de cette décennie.

Dévoiler quelques éléments du scénario au delà de son synopsis serait un tort tant Us gagne à être découvert sans trop en savoir. Gorgé d’idées, applicable tant dans le cercle familial qu’à échelle nationale – puisqu’il ne se gêne pas pour attaquer de front le virage individualiste de son propre pays -, le film s’appuie sur la prestation habitée de Lupita Nyong’o qui, après avoir été révélée par Steve McQueen (12 years a slave), peinait à trouver des rôles complexes à la hauteur de son talent. Intense et indéchiffrable, elle trouve avec Us non pas un mais bien deux rôles fabuleux à jouer, prenant un plaisir communicatif à les embrasser corps et âme.

Peele ou faces

Se livrant à un travail esthétique de genre bien plus impressionnant que pour Get Out, Jordan Peele joue avec l’imaginaire des films d’horreur qu’il a engloutis dans le courant des années 80. Il y a du Craven chez lui, pour l’efficacité millimétrée de son slasher. Du Carpenter aussi, pour cette tension pesante et presque perverse qui s’installe durablement pour ne plus disparaître. Mais il y a aussi cette sophistication très moderne qu’il apporte en injectant des éléments fantastiques et paranoïaques aux codes du home invasion classique. Le dernier acte devient quasiment un récital tant la maitrise de son auteur impressionne, offrant au passage une paire de scènes magnétisantes, et même si son épilogue un brin trop explicatif tend à plomber la puissance de celui-ci.

Toutefois, cette réserve devrait rapidement laisser place à l’enthousiasme tant Us s’affirme comme un sacré morceau de cinéma de genre, tant original qu’excitant, qui cache derrière sa dimension ludique de multiples niveaux de lectures. Avec son second effort, Jordan Peele frappe fort et va bien au-delà des attentes de début de séance, élargissant les murs de son home invasion pour explorer les différentes facettes de son redoutable jeu de miroirs.



La bande-annonce




%d blogueurs aiment cette page :