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UNFRIENDED : DARK WEB

La fiche
Unfriended dark web affiche

Réalisé par Stephen Susco – Avec Kurt Carley, Colin Woodell…
Etats-Unis Epouvante-horreur – Sortie : 26 décembre 2018 – Durée : 88 min

Synopsis : Un jeune homme trouve un ordinateur portable et, innocemment, le ramène chez lui. Dans les dossiers, il déniche d’inquiétants fichiers cachés qu’il s’empresse de montrer à ses amis sur Skype. Sans le vouloir, tous se retrouvent dans les tréfonds du Dark Web et découvrent rapidement que quelqu’un les observe et que cet inconnu est prêt à tout pour récupérer son portable et protéger ses secrets.

La critique du film

En 2015, le studio Blumhouse, spécialisé dans l’horreur mainstream, avait crée la surprise avec Unfriended, et introduisait en France le concept de screenlife. Entièrement filmé sur un écran d’ordinateur, le film nécessite une réinvention du langage cinématographique tel qu’on le connaît : pas cadre soigné, ni lumière ou encore musique extra-diégétique. L’émotion découle de la familiarité d’un bureau d’ordinateur, de ses outils comme Facebook, Spotify et Skype.

Si le premier Unfriended jouait avec le paranormal, et pointait habilement du doigt les dérives du cyber-harcèlement, Unfriended : Dark Web promettait une excursion plus lugubre dans les tréfonds d’internet, où règnent en vrac criminalité, trafics en tous genres et pédopornographie. On est en droit d’attendre un film plus mature car ancré dans une réalité crédible,  plus sombre qu’un premier opus fun et qui assumait son concept jusqu’au bout.

Technophobie

Une chose est sûre : comme son prédécesseur, Unfriended : Dark Web est un film malin qui utilise intelligemment son concept et ses références directes à une culture d’internet pour susciter la peur. Certaines scènes sont redoutablement efficaces parce qu’elles évoquent un sentiment de déjà-vu : elles sont crédibles car plausibles dans notre réalité. On notera par exemple cette scène glaçante d’intervention policière, qui n’est pas sans rappeler les nombreuses dérives de live Twitch (plateforme de streaming de jeu vidéo). Le film, marketé pour un public adolescent, compte évidemment son lot de jumpscares faciles, mais reste un divertissement sympathique et plutôt original dans le cinéma d’horreur mainstream.

Néanmoins, le problème avec cet Unfriended : Dark Web, c’est qu’à force d’être bourré de bonnes intentions, il finit par s’y perdre. Le film semble vouloir faire un condensé des pires trouvailles du dark net sans jamais les exploiter totalement, et laisse un goût amer de frustration. Après une première demi-heure impeccable qui parvient à distiller le mystère plutôt qu’à le montrer,  le film embraie avec une deuxième partie plus explicite, mais aussi moins crédible. Il demeure dans l’ensemble trop sage, alors même que le concept permettait de pousser le sujet, et donc l’horreur, jusqu’au bout. Et c’est sans parler de la sur-utilisation incohérente des glitchs et bugs d’affichages, qui pallient à un manque évident de ressources horrifiques.

Inquiétante étrangeté

Au-delà de problèmes d’écriture, le film souffre surtout de son propre concept. En effet, depuis 2015, le film ne semble pas vouloir le faire évoluer, ni  vouloir apprendre de ses erreurs. L’enjeu du screenlife passe avant tout par le réalisme : la narration se développe à travers les différentes interfaces, dont le langage est international car connu par tout le monde. Or ici, cela sonne parfois faux. La faute à des dialogues écrits qui ne sonnent pas comme authentiques : difficile de voir des jeunes adultes paniqués parler  sur Messenger avec de belles phrases bien écrites, sans émojis, gifs ou langage familier. A côté d’autre films du genre sortis cette année, tels que Searching ou Profile qui exploitent brillamment le langage internet, Unfriended fait pâle figure. On peut penser à une erreur de traduction française, il n’empêche qu’on n’y croit pas. Pire encore quand le film s’adresse à une audience qui maîtrise plus que jamais internet : un tel décalage annihile complètement la peur et rend l’ensemble ridicule.

Malgré tout, on ne peut s’empêcher d’éprouver une certaine sympathie pour un film certes inégal, mais divertissant. Peut-être parce que le concept est en soi une vraie mine d’or horrifique, et que bien exploité, il est sûrement capable de merveille. Unfriended : Dark Web rappelle finalement ces légendes urbaines qui pullulent sur le net : comme la creepypasta, le film joue de notre familiarité à la culture pop pour faire peur. Et si comme elles Unfriended n’est pas franchement subtil, le résultat est pourtant loin d’être déplaisant.



La bande-annonce




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