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TRENTE MINUTES DE SURSIS

A Seattle, Alan Newell, un étudiant en médecine, consacre son temps libre à dialoguer au téléphone avec les gens malheureux qui appellent le Centre d’aide aux désespérés. Un soir de juin, il prend l’appel d’une femme qui refuse de donner son nom. Elle lui affirme avoir pris une dose mortelle de tranquillisants et, tout en refusant énergiquement d’être sauvée, demande à Alan de se contenter d’écouter son histoire. L’étudiant s’y résout mais cherche aussi à la retenir au téléphone, le temps que la police puisse localiser l’appel et sauver la malheureuse. 

Critique du film

Pour ses premiers pas derrière la caméra au cinéma, Sydney Pollack doit répondre à une commande et le réalisateur révèlera plus tard n’avoir pas pu faire avec Trente minutes de sursis le film qu’il souhaitait. En adaptant un article de Life racontant comment un opérateur d’un service d’appel d’urgence va tout faire pour sauver une femme au bord du suicide, le réalisateur souhaitait faire un film en huis-clos qui ne montrerait qu’un échange téléphonique entre deux personnes. Au final si Trente minutes de sursis débute sur ce postulat, il s’en éloigne petit à petit, tantôt sous la forme d’un contre la montre dans les services téléphoniques pour tracer l’appel, tantôt dans des flash-backs mélodramatiques remontant aux origines de la volonté d’en finir de la jeune femme.

De fait, les séquences des échanges entre l’opérateur et la jeune femme sont les plus réussies, Pollack sachant tirer le meilleur de ses deux acteurs. En effet, dans un jeu d’opposition assez remarquable, la touchante retenue d’Anne Bancroft répond à la prestation exaltée de Sidney Poitier. Mais le reste du film est plus bancal, souffrant d’un manque d’unité de ton. Ainsi, pris isolément, le suspense créé par la mobilisation générale pour retrouver la jeune femme fonctionne parfaitement, de même que les flash-backs offrent de beaux moments d’émotions, mais le passage de l’un à l’autre peine à convaincre, les deux styles s’opposant plus qu’ils ne se répondent, l’un annulant souvent l’effet de l’autre.

Le premier long-métrage de celui qui offrira par la suite de nombreux classiques au cinéma américain offre ainsi un résultat en demi-teinte. Mais les défauts de Trente minutes de sursis ne sont vraisemblablement pas totalement imputables à Sydney Pollack lui-même. Le réalisateur montre en outre avec ce film des débuts prometteurs de metteur en scène, que ce soit dans sa direction d’acteur ou dans sa capacité à mener des enjeux dramatiques.


Festival Lumière 2021




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