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TRAÎNÉ SUR LE BITUME

Deux policiers sont suspendus pour usage abusif de la force après une arrestation musclée. A court d’argent, ces deux représentants de l’ordre basculent de l’autre côté de la loi pour s’arroger une compensation. Ils prennent en filature de dangereux braqueurs de banque afin de s’emparer de leur futur butin.

La critique du film

De nos jours, il est rare que les films sortant directement en vidéo nous laissent sur les fesses. C’est le cas de ce Dragged Across Concrete (Traîné sur le bitume en français), polar sombre signé S. Craig Zahler, le réalisateur de Bone Tomahawk avec Kurt Russell, Patrick Wilson et Richard Jenkins et Section 99 avec Vince Vaughn, Jennifer Carpenter, Udo Kier et Don Johnson (qui sont par ailleurs tous de retour au générique de ce film). Tout comme les deux précédents films de Zahler qui ont été sélectionnés et primés à travers le monde, Traîné sur le bitume n’échappe pas à cette règle et est notamment reparti avec le prix Sang Neuf au dernier Festival International du Film de Beaune, ce qui donne une plus grande notoriété à son réalisateur.

L’avantage avec le cinéma de S. Craig Zahler, c’est la manière dont il prend le temps de poser son histoire, ses personnages, d’en introduire de nouveaux en plein milieu de film et de leur trouver un funeste destin. Il fait en sorte que le spectateur soit en empathie avec ses personnages, quitte à poser et à étendre son histoire sur une heure, puis, n’hésite pas à les faire sortir du film alors que l’on ressent un vrai attachement pour eux. Là réside la force de l’écriture. Si on aime un tant soit peu le cinéma de ce genre, on appréciera forcément ce long-métrage, immense tour de force du cinéaste.

Ceux qui aiment le cinéma de Zahler (ou ceux qui vont le découvrir) ne seront pas dépaysés. Le film démarre lentement afin de présenter sa situation et ses personnages avant de sombrer dans une dernière heure qui prend aux tripes, avec son lot de violence, de tensions et de dialogues finement écrits. Le long-métrage a beau être proche des deux heures quarante-cinq, il ne provoque aucun ennui tant les situations s’enchaînent efficacement.

Un polar qui a de la trogne

Avec sa réalisation exceptionnelle mettant en valeur des trognes comme on en voit plus, ce petit côté western urbain qui n’est pas sans rappeler Heat ou encore Copland, le film contient un vrai style de cinéma indépendant, et forcément, comprend des acteurs au meilleur de leur forme. Si Vince Vaughn est un personnage attachant et que son jeu reste en sobriété, c’est bien évidemment Mel Gibson qui surprend le plus. Totalement glissé dans son personnage, Mad Mel livre une des meilleures prestations de sa carrière, une performance magistrale.

Mais les seconds rôles ne sont pas en reste, à commencer par une Jennifer Carpenter touchante, un Don Johnson toujours aussi classe et un Michael Jai White tout à fait juste. Enfin, Tory Kittles, grande révélation de ce long-métrage, joue un rôle qui ne laisse personne indifférent. N’oublions pas pour autant la direction d’image, impressionnante sur la gestion des couleurs et son cadrage, et les morceaux choisis, parfaitement en adéquation avec le film.

L’auteur de ces lignes regrette forcément que ce gros morceau de cinéma n’ait pu être découvert en salle tant celui-ci renoue avec son genre et ses influences de la meilleure manière possible. À chaque film, S. Craig Zahler semble s’améliorer, évitant le moralisme, n’imposant pas son interprétation au spectateur afin de lui laisser le choix de se faire son propre jugement, tant sur les situations finales et que sur les personnages. Une chose est sûre, il a signé un film dont on parlera encore dans plusieurs années.


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