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TOUT L’ARGENT DU MONDE

Prenant

Rome, 1973. Des hommes masqués kidnappent Paul, le petit-fils de J. Paul Getty, un magnat du pétrole connu pour son avarice, mais aussi l’homme le plus riche du monde. Pour le milliardaire, l’enlèvement de son petit-fils préféré n’est pas une raison suffisante pour qu’il se sépare d’une partie de sa fortune. Gail, la mère de Paul, femme forte et dévouée, va tout faire pour obtenir la libération de son fils. Elle s’allie à Fletcher Chace, le mystérieux chef de la sécurité du milliardaire et tous deux se lancent dans une course contre la montre face à des ravisseurs déterminés, instables et brutaux.

L’empire ne s’est pas fait en un jour.

Après l’affaire Spacey et le remplacement de l’acteur, tout le monde s’attendait à voir Ridley Scott repousser la sortie de son second film de l’année 2017, Tout l’argent du monde, et renoncer à la campagne en vue des Oscars 2018. C’était mal connaître l’opiniâtreté du prolifique Ridley Scott qui releva le défi de retourner une trentaine de scènes par le biais d’un reshoot rapide et intensif en moins de dix jours.

Sûr des atouts dans sa main, il réussit l’impossible et de fort belle manière. Tout l’argent du monde légitime les décisions radicales et les prouesses logistiques et techniques produites. Transposition cinématographique d’une sinistre affaire d’enlèvement touchant la famille du richissime John Getty, dans les années 70 à Rome, le thriller de Scott plonge dans les coulisses de cette rocambolesque histoire où l’argent, les chantages familiaux et les montages financiers s’entremêlent. 

Après l’échec artistique de Alien : Covenant, le gros succès de Seul sur Mars et la réception mitigée du pourtant brillant Cartel, Ridley Scott continue de tracer sa route entre ambition et enjeux commerciaux. Avec Tout l’argent du monde, le réalisateur octogénaire explore la richesse de son sujet  : comment l’argent (ou le manque d’argent) contrôle et façonne la vie des protagonistes. L’emprise que celui-ci a sur l’avare magnat du pétrole transforme Getty Senior en un otage, à son tour, incapable de céder aux demandes des ravisseurs. Au-delà de la dimension thriller, et du suspens entourant la séquestration du petit-fils Getty, il s’agit bien d’une tragédie psychologique autour de cette grande figure monarchique incarnée par le charismatique Christopher Plummer, deux crans au-dessus par rapport à ses partenaires de jeu, moins probants.

Ce drame d’époque, élégamment mis en scène, dépasse ainsi la simple histoire de kidnapping et, de la mégalomanie à la profonde solitude, sonde l’ambivalence de ce paradoxe vivant. Impitoyable capitaliste et amateur d’art philanthrope, calculateur inégalé et grand-père désireux (sur le tard) de recomposer une cellule familiale, John Getty était taillé pour devenir une figure de cinéma. Il aurait été dommage que les déviances de Kevin Spacey viennent entacher l’ambitieux projet de Scott. Un choix bienvenu et payant avec plusieurs nominations aux Golden globes à la clé.

Certes, Tout l’argent du monde n’est pas dénué de petits défauts : quelques longueurs dans la deuxième heure et une légère touche de naïveté et de stéréotype dans l’écriture des mafieux italiens, dont le faux-méchant gangster incarné par Duris. Quelques réserves qui n’empêchent pas Ridley Scott de signer une fable divertissante et un thriller psychologique prenant.

La fiche

TOUT L’ARGENT DU MONDE
Réalisé par Ridley Scott
Avec Michelle Williams, Christopher Plummer, Mark Wahlberg, Romain Duris…
Etats-Unis – Thriller, drame
Sortie : 27 décembre 2017
Durée : 135
 min

 




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