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TOMIRIS

L’histoire d’une reine légendaire des steppes s’étendant entre la mer d’Aral et la mer Caspienne pendant l’Antiquité. Mais aussi celle d’une guerrière redoutable qui affronta les Grands de son temps, et notamment l’empire Perse du Grand roi Cyrus.

Critique du film

Le choix d’un film d’ouverture pour un festival de cinéma nécessite bien souvent un savant calcul. Il faut suffisamment de souffle pour lancer les « hostilités », mais aussi donner envie de revenir aux spectateurs pour le reste du menu proposé.  La 26e édition de l’Etrange festival commence sous de très bons augures avec un grand film d’aventure oriental. Tomiris est une épopée historique qui aurait pu passer sous les radars du cinéma occidental. Tout d’abord par sa nationalité, Kazakhe, comme son réalisateur Akan Satayev, il fut peu montré hors de son pays avant la coupure du mois de mars dernier. Ensuite parce qu’il raconte l’histoire d’un personnage de légende peu connu sous nos latitudes.

Je suis une légende

La reine Tomiris est connue par le biais de grands personnages du monde grec, et notamment par les écrits d’Hérodote, le père de la science historique, contemporain de la Grèce de Périclès, le grand stratège athénien du Vème siècle avant notre ère. Tomiris fut connue pour être devenue la reine des Massagètes, un peuple nomade de l’Antiquité apparenté aux Scythes. Le film s’attache au récit qu’en fit Hérodote, celui-ci étant plus mythologique qu’avéré, seule la mort de Cyrus étant un fait établi. Sur ces bribes d’Histoire, Akan Satayev bâtit une histoire où l’on voit une jeune héritière obtenir sa vengeance, elle qui fut tout d’abord condamnée à la survie dans l’errance après le meurtre de son père, roi des Massagètes.

Recueillie par une autre tribu nomade, qui reconnut son potentiel et respectait sa lignée aristocratique, elle fut entraînée comme une amazone. Archère talentueuse, guerrière incroyable, elle se distingue sur les champs de bataille par sa hargne. Son objectif est atteint quand elle regagne son peuple et son trône. Plus qu’un récit de vengeance, qui aurait sans doute réduit l’intérêt du film, Tomiris devient aussi un beau moment d’Histoire où l’on raconte comme un peuple sécurise ses positions face à l’omnipotence et la soif de conquête de l’empire perse. Ce besoin de contenir ce dangereux voisin prend la forme d’un lion monstrueux, envahissant les rêves de la reine. Celui-ci ne disparaît enfin que lorsque l’ennemi est enfin repoussé.

Lady Vengeance

Le drame n’est jamais loin de cette reine amazone, qui révèle de grandes qualités de tacticienne. La bataille finale contre Cyrus est en cela un très beau moment de cinéma d’aventure, soulignant les forces de ces tribus nomades, centré sur une cavalerie hors du commun. L’auteur insiste sur ces particularités qui appartiennent au patrimoine de son pays. L’originalité tient en ce qu’il valorise non pas une femme, mais toute une armée où brille une école guerrière dont l’élite n’est pas composée d’hommes. Tomiris survit à tous les hommes de sa vie, tout à la fois reine, mère, et combattante hors pair. Même si nous sommes en présence d’un récit fortement romancé, c’est une fiction qui n’a aucune volonté documentaire, il demeure troublant de noter l’importance qu’a pu revêtir cette reine nomade dans l’imaginaire de l’Antiquité.

Cette grande production kazakh rend honneur à cette légende grâce notamment au jeu d’Almira Tursyn, à la qualité de la direction artistique, mais aussi à des scènes dans des endroits magnifiques au cœur du Kazhakstan. Dans sa grande tradition de dénicheur de films rares, l’Etrange festival a réussi à lancer avec fougue sa nouvelle édition grâce à ce film prenant et frais appuyé sur un très beau personnage.


Présenté le 2 septembre en ouverture de L’étrange festival 2020




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