critique-thunder-road-film

THUNDER ROAD

Survolté

L’officier Jim Arnaud perd sa maman. Puis sa fille. Puis son badge. Et quand c’est trop, c’est trop.

Jim Tonic.

Lorsque Macon Blair est dans votre film indépendant, c’est qu’il est forcément réussi. Non pas que l’ersatz américain de Philippe Duquesne soit omniprésent dans Thunder Road, ni même qu’il soit d’importance : voici simplement un geste pour souligner que le film indépendant inspiré par la chanson éponyme de Bruce Springsteen tonne de plus en plus près, comme un orage au loin qui se rapproche. Les festivals ont porté les nuages noirs près de chez nous. Jim Cummings en est l’éclair, le tonnerre, le tremblement des meubles et la coupure du courant. Omniprésent devant et derrière la caméra, le voilà adaptant pour de bon et pour de long son court-métrage.

Jim C n’a pas qu’un prénom et une initiale en commun avec un autre trublion américain. Si lui est à l’aube de sa carrière, on retrouve en filigrane quelques traits de caractère communs. Une tendance à gober tout cru son personnage jusqu’à s’y perde. Une tendance à gober tout cru l’écran, quitte à ne laisser que des miettes à l’arrière-plan ou à se servir des personnages secondaires comme du seul ancrage à la réalité dans un océan de gesticulations burlesques. Une tendance à gober les situations dramatiques pour leur faire la grimace jusqu’à ce qu’elles fassent rire, presque sous la torture.

Si l’Américain est si fusionnel avec son personnage de Jim Arnaud, officier à la dérive, personnage de Tex Avery dans un monde morne comme une Amérique figée hors du temps et de l’espace, c’est qu’il a puisé au fond de son histoire pour faire ressortir son alter ego. Caricature de l’homme à contre-temps, c’est par la théorie des merdes qui volent en escadrille que ce bon vieux Jim commence par perdre sa maman dans un plan-séquence funéraire Gervaisien, avant de tout perdre jusqu’à se retrouver en slip.

Cummings se filme comme une mère regarde son fils unique : avec pas grand chose à faire de ce qu’il y a autour. Thunder Road en profite pour mettre en avant une écriture soignée, mitraillée, laissant peu de répit au spectateur. Surtout, le film évite de devenir une autre de ces molles sundanceries pétries de convenances. L’Amérique des suburbs sous le soleil des mois d’août, on la connaît, merci : Cummings aussi, en témoigne sa volonté de faire un vrai film de caractère – à prendre dans son sens français mais aussi dans son anglicisme facile. Soit une comédie enthousiasmante, fraîche, qui donne envie de ranger son auteur-acteur dans la boîte de ceux à surveiller. Sans trop le mettre sur un piédestal : les marginaux ne sont jamais aussi intéressants que lorsqu’on ne compte pas vraiment sur eux.

La fiche

THUNDER ROAD
Réalisé par Jim Cummings
Avec Jim Cummings, Kendal Farr, Nican Robinson…
Etats-Unis – Comédie

Sortie : 12 septembre 2018
Durée : 91 min
 




%d blogueurs aiment cette page :