THE GREEN KNIGHT

THE GREEN KNIGHT

Sire Gauvain, chevalier de la table ronde du roi Arthur, dont il est également le neveu, accepte le défi lancé par un mystérieux Chevalier vert. Il doit le décapiter. Gauvain s’exécute. Le Chevalier vert repart avec sa tête sous son bras et lui rappelle que, dans un an, ils vont devoir se retrouver…

Critique du film

En début de l’année 2017, le royaume de Camelot sombrait à la Maison-Blanche. Dans Jackie, le cinéaste chilien Pablo Larrain évoquait la mort du président John Fitzgerald Kennedy comme un espoir qui s’effondrait sous les yeux du peuple américain mais surtout de sa femme, Jacqueline Kennedy. L’espoir d’un monde plus idéal, inspiré par la légende des chevaliers de la Table Ronde et la comédie musicale Camelot de Alan Jay Lerner que le président américain adorait. Cette référence au mythe Arthurien, revenant éternellement par la voix de Richard Burton au sein du film, est l’une des choses qui assènent la Première Dame de doutes existentiels. Que restera-t-il de ce qu’on a laissé au monde ? Et pour quelles raisons laisserons-nous quelque chose ? Par honneur et idéalisme ou bien une part plus égocentrique ? Le film de Pablo Larrain, rongé par le deuil, nous a hanté par ses réponses laissées en suspens. 

Quelques années plus tard, c’est un autre cinéaste qui nous paraît hanté par ces mêmes réflexions. Loin du clan Kennedy pour se focaliser sur un couple d’artistes, David Lowery s’interroge sur ce que notre art et nos sentiments peuvent laisser comme traces dans le monde avec A Ghost Story, littéralement une histoire de fantôme. La rencontre avec le cinéma existentialiste du réalisateur et la légende Arthurienne est une idée qui fait alors sens. Cette année sort donc The Green Knight, que l’on pourrait considérer comme un projet-somme du réalisateur. Une épopée troublante qui évoque la Table Ronde de Camelot à travers la quête existentielle de l’un de ses chevaliers : Sir Gauvain.

Dans la légende

Un chevalier ne se sent pas encore à sa place au sein des légendes qui l’accompagnent tous les jours, dont le Roi Arthur (incarné par Sean Harris). Le jour de Noël, une créature majestueuse interrompt les festivités de la Table Ronde pour imposer un défi de taille : celui qui l’attaque devra se rendre à son chevet exactement une année après ce combat afin de recevoir le même coup. Pris d’une envolée chevaleresque et irréfléchie, le coup donné par Gauvain prend le risque de lui causer sa propre perte. À l’approche du jour fatidique, le chevalier se lance dans un voyage périlleux pour enfin saisir l’opportunité d’inscrire son nom dans la légende.

The green knight

Adapté du roman Sir Gauvain et le chevalier vert, le film de David Lowery s’amuse à tordre ce que l’on connaît du récit chevaleresque. Cette rencontre tant attendue avec cette force surhumaine qu’il a défiée sera surtout l’élément qui attirera les fêlures de son héros durant son long périple. Gauvain n’apparaît guère comme un chevalier triomphant à l’écran, mais plutôt comme un homme craintif, naïf et peu débrouillard, à chacune de ses rencontres. Prisonnier de ses fêlures, Gauvain devra affronter sa propre psyché pour mener à bien sa quête. À partir de cette intimité que l’on contemple à l’écran (aussi grâce à la somptueuse photographie de Andrew Droz Palermo), The Green Knight interroge sans aucune concession ce que l’on pensait connaître de la chevalerie. Il s’intéresse à la finalité des quêtes qu’ils accomplissent, à l’orgueil, ainsi qu’à la bravoure et les craintes des chevaliers. Comme dans A Ghost Story et The Old Man In The Gun, il bouleverse quand il s’attarde sur ce que peuvent laisser ces légendes au fil du temps, celles-ci enfermées dans leur propre solitude.

Si The Green Knight nous emmène dans une balade intime somptueuse, Lowery infuse un sentiment plus mélancolique que épique. À travers une imagerie impressionnante, faisant honneur aux contes, il malmène alors son héros et ses spectateurs pour un accomplissement dont on ressort aussi déboussolé que grandi.

Bande-annonce

3 janvier 2022 (Prime Vidéo) – De David Lowery, avec Dev PatelAlicia VikanderJoel Edgerton




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