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SUPERNOVA

Sam et Tusker s’aiment depuis 20 ans. À bord de leur vieux camping-car, ils rendent visite à leurs amis et famille et retournent sur les lieux de leur jeunesse. Depuis que Tusker est atteint d’une grave maladie, tous leurs projets ont été suspendus. Le temps est compté et être ensemble est désormais la chose la plus précieuse. Cependant, ce dernier voyage va mettre leur amour à rude épreuve.

Critique du film

Des gros pulls en laine, un camping-car et les paysages du nord de l’Angleterre, Stanley Tucci et Colin Firth enlacés : de prime abord, Supernova semble se présenter comme un Seule la terre bis. Sa thématique est toutefois bien différente. Tusker (Stanley Tucci) est atteint d’une maladie neuro-dégénérative précoce. Le voyage qu’il entreprend avec son compagnon devient une aire de débat(s) sur le statut de leur couple face à l’épreuve annoncée par les prémices de la maladie. 

Cosy sans être tout à fait réconfortant pour autant, Supernova prend la forme d’un road-movie. À bord de leur camping-car, Tusker (Stanley Tucci) et Sam (Colin Firth) avalent le bitume dans les somptueux décors de la région des lacs dans le Nord-Ouest de l’Angleterre. La structure est classique : chaque arrêt, dans une station essence ou chez des connaissances, devient une séquence dramatique. Il y a toutefois quelque chose de plus constant dans le drame qu’ils traversent ; le réalisateur joue beaucoup sur les moments de pause et de réflexion de ses personnages, sur des « petits riens » qui s’étirent et donnent substance au couple. 

Belle échappée

Minimaliste, Supernova appartient sans doute à la catégorie « films sur ses acteurs ». Stanley Tucci et Colin Firth sont de presque tous les plans. Ils sont remarquables ; si cela va sans dire pour Colin Firth, autant le préciser pour Stanley Tucci, éternel second couteau qui trouve ici un rôle de l’ampleur qu’il mérite. Ce qui prime, au-delà d’une grande tendresse, c’est la sincérité de leur relation. Les deux acteurs, amis de longue date, n’ont aucun mal à figurer un couple d’âmes sœurs. Harry McQueen multiplie les scènes d’intimité, dans lesquelles on les voit fonctionner ensemble, se jeter des regards et s’étreindre.

Le film pose la question de la dignité (sans doute même de la fierté pour Tusker) face à la fin de vie, mais aussi celle de l’attitude à adopter en tant que couple : est-on encore 1+1 si l’un des amants veut en finir ? Tusker refuse d’imposer ses absences à son partenaire, et surtout de voir leurs proches « endeuillés alors qu’il est encore vivant ». Il doit cependant convaincre Sam, qui ne demande qu’à s’occuper de lui, qu’il ne s’agit pas de l’abandonner. 

Supernova n’est pas sans rappeler par moments – camping car oblige – L’Échappée belle de Paolo Virzi. On en vient à craindre une progression aussi brutale que dans ce dernier, mais le long-métrage d’Harry McQueen est beaucoup plus nuancé. Moins fixé sur son scénario et sa structure que sur les états d’âme de ses personnages, il parvient à explorer son sujet complexe sans jamais se départir d’une certaine douceur. On y adhère ou pas du tout. Pardonnez l’auteur de ces lignes qui, plutôt que de conclure cette critique sur l’évocation d’une scène finale (Colin Firth au piano, qui sonne comme une pièce rapportée) plutôt dissonante par rapport à l’atmosphère du reste du film, va s’efforcer de rassembler les morceaux de son coeur éparpillés un peu partout. 

Bande-annonce

8 septembre 2021 – De Harry Macqueen, avec Colin FirthStanley Tucci




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