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SULLY

Le 15 janvier 2009, le monde a assisté au « miracle sur l’Hudson » accompli par le commandant « Sully » Sullenberger : en effet, celui-ci a réussi à poser son appareil sur les eaux glacées du fleuve Hudson, sauvant ainsi la vie des 155 passagers à bord. Cependant, alors que Sully était salué par l’opinion publique et les médias pour son exploit inédit dans l’histoire de l’aviation, une enquête a été ouverte, menaçant de détruire sa réputation et sa carrière.

Histoire collective

Tourné un peu plus de six ans après la véritable histoire du « miracle sur l’Hudson », Sully a connu une controverse à sa sortie aux Etats-Unis: le NTSB – c’est-à-dire National Transportation Safety Board, en français Conseil National de la Sécurité des Transports – fait en effet l’objet dans le film d’une description assez sévère dans sa façon d’enquêter et de reconstituer l’accident qui a conduit le pilote à décider d’amerrir. A priori, dans la réalité la procédure fut plus respectueuse des pilotes passant en commission. Cet écueil, somme toute anecdotique ne doit pas nous empêcher de constater que Sully compte très certainement parmi les très belles réussites de Clint Eastwood. 

On a ici un homme face au gouffre. S’il est reconnu qu’il a commis une erreur d’appréciation et qu’il a mis en danger la vie de ses passagers, le commandant Sullenberger encourt la radiation sans pension, alors qu’il approche de la fin de sa carrière. Ce pilote chevronné, devenu expert dans son domaine va être jugé sur les 208 secondes qui lui ont été accordées pour prendre la décision de passer directement à l’étape 15 du protocole. Plutôt que d’appliquer la procédure de façon bête et disciplinée qui lui aurait permis d’être couvert. Cette intuition folle qui le pousse à prendre une décision que beaucoup considèreraient comme insensée, c’est le fruit d’un professionnalisme à toute épreuve mais aussi d’une capacité à se remettre en question et à remettre en question la théorie. Un retour en arrière nous montre le premier instructeur de pilotage de Sully lui affirmer qu’on peut commettre des erreurs et apprendre de celles-ci.

« Aujourd’hui, personne ne meurt »

Ce gouffre auquel fait face Sully, ce sont aussi ces visions cauchemardesques qui le hantent après cet épisode incroyable et fortement médiatisé. Visions de crashes dans des immeubles qui convoquent bien sûr le spectre du 11 septembre 2001. Avec ces hallucinations, on se demande si la raison du pilote n’est pas en train de vaciller. A moins qu’il ne se « rejoue le film » pour mieux exorciser cette hantise de perdre ses passagers, mais aussi celle du traumatisme new-yorkais. L’un des sauveteurs dira d’ailleurs : « Aujourd’hui, personne ne meurt ». `

Sully

Alors que la plupart des films de Clint Eastwood réalisés ces dernières années dépassent généralement une durée de 2 heures 10, Sully, en 1 heure et 36 minutes constitue le film le plus court de son réalisateur. Cette mise en scène qui va à l’essentiel, sans le moindre temps mort, contribue beaucoup à la réussite du film qui arrive à nous captiver avec une histoire dont on connaît déjà la fin.

On retrouve bien sûr le thème de l’homme seul face à une institution ou à l’emballement médiatique – ici les écrans sont omniprésents –  et le héros d’un jour peut très vite être considéré comme un imposteur. Héritier des grands réalisateurs américains classiques, Eastwood avec ce film encore peut évoquer John Ford ou Howard Hawks, avec son lot de bons sentiments que certains pourront lui reprocher mais aussi avec ses qualités indéniables de mise en scène et de dramaturgie qui exaltent des valeurs comme la solidarité, le professionnalisme poussé à son extrême, le sens de l’honneur et le courage ordinaire. Un bel hommage est également rendu aux sauveteurs dont la réactivité et le courage ont permis d’éviter le pire.  

Porté par la très belle interprétation de Tom Hanks et d’Aaron Eckhart, Sully, contrairement à ce que pourrait laisser penser son titre n’est pas tant le récit hagiographique d’un homme providentiel qu’une histoire collective de solidarité et de volonté farouche de ne pas revivre l’indicible, transcendée par le regard d’un réalisateur au sommet de son art. 



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