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STRANGER THAN PARADISE

Une jeune Hongroise rejoint son cousin aux États-Unis. Ensemble, ils embarquent vers la Floride.

Combattre l’ennui

Avant de connaître un franc sursaut de reconnaissance dans les années 90, l’un des pionniers du cinéma d’auteur américain s’était frotté à New York, son lieu d’études, d’abord, mais surtout sa source d’inspirations spirituelles la plus fructueuse. Jim Jarmusch, quelques dix films plus tard, n’aura rarement été plus lui-même que derrière la caméra pour Stranger Than Paradise. Un deuxième film (après Permanent Vacation), qui n’est certainement pas son plus réussi mais l’un de ses plus sincères, par son parti pris de départ totalement minimaliste.

Le hongrois Béla Molnar (surnommé Willie), qui vit dans la banlieue new-yorkaise depuis près d’une décennie, se voit contraint d’héberger sa cousine Eva dans son petit appartement peu décoré. Elle doit rejoindre sa tante à Cleveland et fait escale chez lui, qu’il le veuille ou non. S’installe une relation contrastée – comme les teintes noires et blanches du film – qui témoigne d’un attachement (familial mais surtout amical, voire plus) entre les deux personnages.

Sorti dans les salles en 1984 et désormais majestueusement remasterisé, ce film court (à peine 1h30) pourtant coupé en trois parties distinctes (fonds noir, écrans titres), décrit le rêve américain avec ambiguïté. Il y a d’abord l’ennui de la ville, la grandeur de New York qui déteint (et restreint) les émotions de chacun, qui cristallise cette envie de s’échapper du vide urbain. Plus tard, Willie et son ami Eddie partiront rejoindre Eva à Cleveland. Ensemble, décideront d’une petite virée en Floride. Direction l’Océan, l’horizon à perte de vue, la possibilité infinie de ce « quelque chose », que Jarmusch aime tant fantasmer (plus de vingt ans plus tard, Paterson en sera un très beau nouvel exemple). Un exercice de paysage mental, en toute subtilité, qui dévoilera l’immensité d’un auteur.


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Rétrospective Jim Jarmusch




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