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SPIDER-MAN : NO WAY HOME

Pour la première fois dans son histoire cinématographique, Spider-Man, le héros sympa du quartier, est démasqué et ne peut désormais plus séparer sa vie normale de ses lourdes responsabilités de super-héros. Quand il demande de l’aide à Doctor Strange, les enjeux deviennent encore plus dangereux…

Critique du film

Après avoir fait son nid (Spider-man : Homecoming, 2017), l’avoir quitté pour un voyage en Europe (Spider-man : Far from Home), ce troisième épisode du lanceur de toiles était censé opérer une synthèse des plus compliquées, avec un programme très ambitieux sur la table. La mission de Jon Watts et ses scénaristes Chris McKenna et Erik Sommers se révèle encore plus vaste que prévue. Spider-man : No way home annonce dans son titre une disparition, une façon de faire table rase de ce qui avait été esquissé depuis la première apparition de l’homme araignée dans le Marvel Cinematic Univers dans Captain America : Civil War en 2016, pour laisser place à un nouveau statu-quo loin de la mosaïque trop compliquée mise en place autour de Tom Holland.

Le film commence après la révélation par Mysterio de l’identité secrète du personnage. En cela, il reprend un arc narratif très connu de la bande-dessinée, dans laquelle Peter Parker lui-même qui décide de livrer sa véritable identité au monde dans le cadre d’un « Patriot act », où chaque super-héros deviendrait une sorte de fonctionnaire de l’Etat, enregistré et sous tutelle, bras armé de Tony Stark chargé de résoudre la pagaille causée par un acte terroriste. Si les raisons diffèrent entre le film et la bande-dessinée, sa gestion est toute aussi chaotique : exister publiquement crée beaucoup de problèmes aux proches de Peter, que ce soit sa tante May, sa petite-amie MJ, ou son meilleur ami Ned.

Spider-man No Way Home

Sur cette base assez simple, c’est une écriture très compliquée qui se met en œuvre, et qui superpose les couches à la fois d’intentions mais aussi de sous-intrigues, qui appellent une vague inouïe de références difficiles à maitriser. La question se pose dès lors, à qui s’adresse Spider-man : No Way Home ? Le spectateur novice qui pousserait la porte d’un cinéma aura bien des difficultés à se retrouver dans ces multitudes de pistes très peu expliquées, pour ménager un maximum de suspense et de surprises.

Tout d’abord, on assiste enfin à une sorte d’« origin story » pour l’Araignée, passage obligé qui avait été plus ou moins évité jusque-là. De ce point de vue, la façon très originale de reprendre les mythes marvelliens du personnage est plutôt intéressante et accessible au plus grand nombre. Le problème ensuite posé est celui que l’on retrouve dans presque tous les épisodes de la firme Marvel : le film peine à exister par lui-même. L’abondance de clins d’œil, références en tout genre et autres éléments de surprise renvoient le film vers des connaissances beaucoup trop étendues pour être assimilables facilement. Si la réverbération pop-culture fonctionne pour certains spectateurs, elle devrait malheureusement en exclure beaucoup d’autres. L’aspect « mille-feuilles » créé par le film peut déconcerter et a bien du mal à constituer un vrai film de cinéma original. L’histoire a un cahier des charges tellement copieux que son identité vacille pour se perdre en chemin. Origines ? Table rase ? Testament ? Spider-man : No way Home est tout ça à la fois, sans véritablement investir chacune de ces composantes pourtant fondamentales.

Spider-man No Way Home

En cela, le dernier acte est presque un aveu d’impuissance : si ce Peter Parker troisième génération a été créé dans un tout autre contexte que ses aînés, il est peut être temps de revenir aux fondamentaux. Cela dresse un commentaire très peu élogieux sur les deux premiers films de Tom Holland et sur beaucoup de choix narratifs opérés depuis 2016 avec le tisseur. On retrouve les mêmes faiblesses dans ce troisième film que lors des aventures précédentes, mais il faut admettre que l’intensité dramatique recherchée ici est beaucoup plus intéressante. L’écriture est certes brouillonne, mais interpelle par sa sincérité et sa volonté de bien finir ce qu’elle avait commencé, avec un amour du personnage qui dépasse ce qui avait été fait jusque-là, retournant à la racine du mythe Spider-man.

S’il n’est pas Sam Raimi, Jon Watts réussit à transmettre cette bonne volonté par une mise en scène efficace qui arrive malgré tout à émouvoir par séquences, sans génie mais avec quelques fulgurances réjouissantes qui devraient réussir à toucher un public chevronné et amateur de super-héros en costumes.

Bande-annonce

15 décembre 2021 – De Jon Watts
avec Tom Holland, Zendaya et Benedict Cumberbatch




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