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SIX FEMMES POUR L’ASSASSIN

La Comtesse Como dirige à Rome un atelier de haute couture très réputé. Les ennuis commencent le jour où Isabelle, un de ses mannequins, est retrouvée morte dans une armoire. Le doute n’est pas permis : il s’agit d’un meurtre, et le premier d’une longue série.

Sadisme et ingéniosité

Avant de réaliser Six femmes pour l’assassin, Mario Bava avait déjà tourné une bonne dizaine de films, le précédent étant La Fille qui en savait trop, dont le titre dit tout de l’influence d’Alfred Hitchcock sur le réalisateur italien. Comme  le maître du suspens, Mario Bava fait montre d’un talent d’orfèvre et de technicien hors pair pour offrir des scènes de meurtres brillamment mises en scène. Afin de pallier le manque de moyens techniques – on  lui a alloué un budget dérisoire – Mario Bava fait preuve d’un sens de la débrouillardise et de l’adaptation remarquables. 

Mais contrairement aux films du grand Hitch, ici aucun personnage n’est vraiment sympathique. Pas de protagoniste positif et chacun semble avoir ses petits secrets inavouables. Secrets dont la menace de la révélation pourrait éventuellement les pousser à tuer ? Car l’identité de l’assassin est bien entendu gardée secrète jusqu’à la fin, celui-ci étant masqué. Chaque meurtre est transcendé par la mise en scène de Bava qui en fait de grands moments de cinéma baroque, par des décors somptueux, des plans inventifs et inhabituels, une utilisation des couleurs qui ne vise nullement le réalisme  mais une esthétique étrange, onirique et vénéneuse. 

Un bijou noir

Il faut préciser que Mario Bava a une formation de peintre et de chef opérateur, il signe  – même s’il n’est pas crédité à ce poste pour ce film – la photographie unique de Six femmes pour l’assassin. Photographie qui influencera grandement certains gialli à venir, dont notamment ceux de Dario Argento. C’est dire l’importance de ce film. La Fille qui en savait trop avait initié les genres du giallo et du slasher, Six femmes pour l’assassin donne quelques clés thématiques et quelques codes esthétiques qu’on va retrouver dans le cinéma italien mais qui vont marquer aussi des réalisateurs américains.

L’intrigue du film, assez simpliste, passe au second plan pour laisser la part belle à la mise en scène inventive et à l’ambiance à la fois ténébreuse et psychédélique. Le contraste entre les milieux chics où se passe l’action – haute couture, boutique d’antiquités – et les morts particulièrement horribles est également une des caractéristiques de Six femmes pour l’assassin. Chaque meurtre se démarque du précédent et tous rivalisent d’ingéniosité et de sadisme.

Très moderne, teinté d’érotisme et marqué par une réussite formelle exceptionnelle ainsi qu’une vision pessimiste de l’humanité Six femmes pour l’assassin constitue un film expérimental à l’ambiance mortifère, un bijou noir à découvrir ou redécouvrir. 


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