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SHORTA

Talib, 19 ans, adolescent noir, meurt des suites de blessures mortelles en garde à vue. Son décès provoque une révolte dans la banlieue de Copenhague au moment où deux policiers que tout oppose, Jens et Mike, s’y trouvent justement en patrouille. Pris en chasse, ils vont devoir se frayer un chemin pour échapper aux émeutes. S’engage alors un affrontement implacable.

Critique du film

La scène d’ouverture de Shorta – qui signifie police en arabe – nous accroche de façon très abrupte : un adolescent interpellé par la police qui dit péniblement qu’il n’arrive plus à respirer. Une bavure policière qui menace d’enflammer les quartiers d’une banlieue de Copenhague. Le jeune a été hospitalisé et on se doute que de son état de santé à venir va dépendre l’accalmie ou l’embrasement de cette zone où le travail des policiers surmenés, mal payés et divisés par des conflits internes s’avère de plus en plus difficile. 

Anders Ølholm et Frederik Louis Hviid, les deux réalisateurs assument l’aspect film de genre et évoquent William Friedkin, Sydney Lumet, Walter Hill, mais aussi Mathieu Kassovitz ou Spike Lee dans leurs influences. Ils ne prennent pas parti mais énoncent des vérités sociales, psychologiques. Ils décrivent parfaitement l’enfer dans lequel vit ou survit une partie de la population, victime de la l’exclusion et des préjugés. Parallèlement, la police apparaît elle aussi sujette aux amalgames ; une bavure, un dérapage et l’opprobre est jetée sur une corporation. 

La complexité du monde et des personnages décrite dans Shorta vient d’un refus du manichéisme et de renversements de situations, pas seulement parce que les policiers sont traqués par les émeutiers, mais aussi parce qu’un pur peut finalement avoir peur d’assumer ses actes et parce qu’un homme corrompu peut se montrer plus intègre et courageux que prévu, même si c’est selon ses codes personnels. Ce refus de la simplification ou de la vérité assénée de façon angélique n’empêche nullement le film de comporter une part d’optimisme revendiquée par ses auteurs, qui considèrent leur film comme une histoire d’espoir.

Film à la violence réaliste et spectaculaire à la fois – on notera une séquence avec un chien dans un ascenseur très réussie – Shorta excelle donc par son scénario et sa mise en scène, mais aussi par son interprétation que ce soit Jacob Hauberg Lohmann, dans le rôle de Mike, flic raciste et violent mais dont le courage force parfois l’admiration, Simon Sears en flic intègre mais aux failles imprévisibles ou le jeune Tarek Zayat dont c’est le premier rôle au cinéma. 

Polar moderne, violent, qui restitue bien les situations extrêmes, chaotiques et qui semblent inextricables, Shorta constitue un polar de haute volée avec ses scènes d’action très impressionnantes, son montage serré et ses très belles bande son et photographie. Un film coup de poing à la fois film d’action percutant et état des lieux qui évacue courageusement tous les raccourcis.  

Bande-annonce

23 juin 2021 – De Anders ØlholmFrederik Louis Hviid, avec Jacob LohmannSimon SearsTarek Zayat

 




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